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Just for a week-end... or maybe more. [Liam, Mermaid & Vahon] - PM
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Message Posté Lun 27 Aoû - 15:45.


Just for a week-end...
... or maybe more.

★ noms des participants: Liam M. Franklin & E. Vahon Hellys & S. Mermaid Hellys-Leänik
★ statut du sujet: Privé.
★ date: Dernier week-end de Septembre.
★ heure: Le RP commence sur toute la journée, en particulier le soir.
★ météo: Il fait doux, il ne pleut pas. Météo agréable en ce début d'automne.
★ saison: Automne Saison 2
★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: 2x01
★ numéro et titre de l'intrigue en cours: 2x01 - Une rentrée sous haute tension
★ intervention de dominus: Non merci !
★ récompenses: On le commence juste Just for a week-end... or maybe more. [Liam, Mermaid & Vahon] - PM 125193



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Message Posté Lun 27 Aoû - 17:36.
La journée n’avait même pas réellement commencé que je me mettais à stresser. Et disons-le clairement, ça ne me ressemblait pas. Mais c’était aujourd’hui-même que Liam arrivait pour passer le week-end à Beauxbâtons… Ou plutôt chez moi. Le pire dans tout ça, c’était que jamais passer du temps avec un homme ne m’avait rendue dans cet état-là. Je commençai donc à réaliser que Liam était spécial et que je n’avais pas intérêt à foirer les choses. Même si, à ce que j’avais compris, c’était lui qui les foirait le plus souvent. Au fond de mon lit, je montai mes bras au dessus de la tête, soupirai et ouvris les yeux ; le soleil commençait à peine à pointer le bout de son nez. Ça avait dû me trotter dans la tête toute la nuit, à coup sûr. Je n’étais pas souvent stressée, mais lorsque c’était le cas, je l’étais vraiment. Je ne me souvenais plus quand est-ce que je l’avais été ainsi la dernière fois… peut-être pour mes premières visites au village ; ça remontait. Même pour mes examens, je n’avais pas été particulièrement nerveuse. C’était donc avec une certaine appréhension que j’entamai la journée.

Je me levai et descendis me préparer un petit déjeuner ; je n’avais pas faim mais il me fallait quand même remplir l’estomac. Je voyais encore mes camarades de classe me dire « Si tu ne dors pas et que tu ne manges pas, c’est que tu es amoureuse ! » mais je chassais ces pensées en secouant mon bras autour de ma tête comme si ces paroles flottaient autour de moi. Je n’avais absolument pas envie de réfléchir à ce propos, ça me tomberait dessus bien assez vite. Je mâchouillai donc un pain au chocolat avant d’aller me laver les dents et de sortir de la maison. Le soleil était à peine brillant ; il ne devait même pas être huit heures. Au moins, j’allais profiter d’un peu de fraîcheur pour faire ma première ronde. Finalement, j’y restais plus que prévu, si bien qu’à la pause, Kacey vint me rejoindre. J’avais vraiment pris mon temps. La présence de ma cousine me faisait plaisir. J’aimais marcher avec elle, faire les quatre cent coups avec elle, discuter avec elle. Le souci était qu’aujourd’hui… je n’avais pas envie de parler. Mais elle remarqua bien que quelque chose n’allait pas. Ou du moins, n’était pas normal. Elle connaissait Liam, ou du moins je lui avait déjà parlé de lui. Mais je ne lui avais pas parlé de notre rapprochement, ni du fait qu’il venait ce week-end. J’hésitai même à le lui dire, elle allait à coup sûr monter sur ses grands chevaux.

Finalement, je réussi à détourner la conversation et elle finit ma ronde à mes côtés. A la fin de la matinée, je rentrai pour piquer une tête au bord de la rivière ; je n’avais pas le temps d’aller au village. Je rassemblai quelques coquillages et les mis dans une cavité sous l’eau, au bord des vagues, où je laissais d’autres trouvailles. Il valait mieux pour leur conservation qu’elles ne sortent pas à l’air libre. Du moins jusqu’à ce que je leur trouve une utilité. Je sortis au bout d’une petite demi-heure et j’allai prendre un bain. Oui, je venais de sortir de l’eau mais j’avais envie de me laver correctement – non pas que je me lavais mal d’ordinaire – et de profiter surtout d’un nouveau moment de sérénité. Autant se détendre dans un bain que sous la douche. Je devais dire que quelques minutes à me forcer à penser à autre chose qu’à Liam et son arrivée n’étaient pas de refus. Après quoi je passais… un bon quart d’heure devant ma penderie. Ça non plus, ça ne me ressemblait pas du tout. J’aimais être présentable et surtout plaire, mais j’arrivais toujours à me décider plus ou moins rapidement pour une tenue. Mais cette fois, j’hésitais vraiment sur ce que je devrais porter devant Liam. Un truc trop beau serait trop solennel ; je n’allais pas sortir la robe. Un jean ferait bien trop décontracté ; oui, dans l’esprit des filles il fallait quand même séduire un minimum. Alors j’optai pour une jupe, plutôt longue mais très légère, le genre à prendre à la main pour monter des marches ou courir. En toile bleu marine, elle convenait plutôt bien. Je la mariai avec un débardeur blanc quelque peu moulant, et le tour était joué.

Je grignotai un sandwich maison en guide de déjeuner et j’attachai ma jupe pour faire ensuite le ménage. Ça, c’était l’une des choses les plus importantes. On n’accueillait personne, qui plus est pour ce genre de venues, avec une maison mal rangée et surtout pleine de poussière. Finalement, ça ne me prit pas tant de temps que ça, et j’eu terminé en milieu d’après-midi. Prochaine question : qu’allais-je préparer pour le dîner ? Je me posai sur un fauteuil un moment pour réfléchir. Au moins, avec toute cette dernière activité, j’avais évité de me torturer l’esprit. Je ne connaissais pas vraiment ses goûts en matière gastronomique… Je pensais à des fajitas. C’était bon, original, et surtout pas hautain. Cependant, à moins de les manger avec les mains… ça n’allait pas être pratique. Un poulet ? Trop commun. Des tagliatelles à la carbonara ? On allait s’en foutre de partout… Une omelette. Un peu vide. Et trop commun également. Cependant je n’avais réellement pas d’idées, alors je décidai de rajouter des choses dans ladite omelette. Au moins, elle ferait un peu plus sophistiquée. Et en dessert… de la glace. J’avais justement fait le plein de pots, il allait pouvoir choisir son parfum à sa guise.

Le poids du repas enlevé – il ne me restait plus qu’à faire l’omelette le soir-même – je décidai de me détendre un peu avant l’arrivée « fatidique ». Il allait débarquer en fin d’après-midi, il me restait une bonne heure et demie devant moi. Alors je sortis de la maison. Un peu d’air frais me ferait le plus grand bien. Je n’allais pas me baigner, ni faire ma ronde, ça prendrait trop de temps. D’autant que j’étais habillée, je n’avais pas envie de me changer. La jupe flottant au vent, je rejoignis un coin à l’herbe haute et m’y assis un moment. Le soleil commençait à redescendre, j’aimais ce moment agréable de la journée. Elle était d’ailleurs passée bien trop lentement à mon goût. Je commençai à arracher quelques fleurs autour de moi quand le geste devint tellement répétitif que je m’allongeai et m’endormis. Lorsque je rouvris les yeux, j’étais clairement paniquée. Le soleil était plus bas, bien que de pas beaucoup. Mais ce que je craignais, c’était que Liam m’attende. Je me remis debout et m’inspectai quelques secondes. Ma tenue n’avait pas l’air défaite, aucune tâche, tout allait bien. Surtout que je n’avais pas de coiffure particulière – grande préoccupation des filles. J’aimais laisser mes cheveux ainsi, surtout qu’ils n’étaient pas affreux pour un sous. Je me mis sur le chemin du retour ; lorsque j’étais en mesure d’apercevoir ma maison, je pus constater avec soulagement que Liam ne poireautait pas devant la porte. Au moins, s’il arrivait en même temps que moi, j’allais pouvoir le voir arriver.


Dernière édition par S. Mermaid Hellys-Leänik le Ven 31 Aoû - 10:21, édité 1 fois
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Message Posté Lun 27 Aoû - 21:55.



J’avais le regard fixé sur le dossier de mon dernier patient, un sorcier qui avait explosé son chaudron en voulant fabriquer un philtre d’amour. Il fallait être doué, quand même ! Il s’était cru capable mais apparemment, il avait séché ses cours de potions. Je m’en étais occupé pendant une bonne partie de la journée, passant plus de temps à l’écouter m’expliquer pourquoi il avait essayé de faire cette potion. Tout cela à cause d’une vendeuse de Fleury et Bott qui lui plaisait mais qu’il n’arrivait pas à séduire. Son histoire m’avait fait penser à la mienne. Ce soir, j’allais rendre visite à Mermaid… Sauf que dans mon cas, je n’allais pas chez elle avec un philtre d’amour. Depuis que j’avais dû soigner ce patient fou amoureux, je n’avais cessé d’avoir le visage de Mermaid en tête. Jusque-là, j’avais plutôt bien réussi à ne pas y penser pour me concentrer sur mes patients. Mais maintenant que le chaudron de ce crétin lui avait explosé au visage, je n’étais plus du tout concentré. Ce qui n’avait pas échappé à mes collègues. Ils ne m’avaient pas épargné avec leurs railleries et leurs moqueries. Ils attendaient avec impatience lundi pour que je leur fasse un compte-rendu. J’avais l’impression d’être à Poudlard. « Docteur Franklin ? Liam ! » Je quittai le dossier des yeux pour les poser sur une des infirmières du service. Qu’est-ce qu’il se passait ? Je me redressai, prêt à courir dans l’une des chambres s’il s’agissait d’une urgence. Mais cela n’aurait pas coïncidé avec son grand sourire. Alors qu’est-ce que j’avais ? Une marque d’encre sur le visage ? Un truc entre les dents ? Un problème vestimentaire ?

Devant mon air interrogateur, elle me montra sa montre. « C’est l’heure d’aller retrouver ta chérie. » Merde. Je n’avais même pas fini le dossier. Je n’avais rien foutu. J’étais censé vérifier que tout le monde allait bien. Ce que je n’avais pas fait, trop content de rêvasser pendant toute la journée. Je ne relevai même plus le « ta chérie », je mettais fatigué toute la journée à leur dire qu’elle ne l’était. Du moins, pas encore. Rien n’y avait fait. De toute manière, j’avais autre chose en tête. Je me voyais déjà arriver en retard. « Je n’ai… » « On se charge de tout, ne t’inquiète pas. » Ils tenaient presque plus que moi à ce week-end. Ils semblaient tous concerner par mon avenir sentimental, ça faisait bizarre. J’esquissai un sourire et déposai un baiser sur la joue de l’infirmière. « Merci, vous êtes géniaux ! » Je repensai à la conversation épistolaire que j’avais eu avec Mermaid à propos des infirmières. Elle n’apprécierait sûrement pas ce baiser. Mon sourire ne fit que s’agrandir. Non, elle n’aimerait pas du tout. Je me dépêchai d’aller dans le vestiaire, de retirer ma blouse et de récupérer le sac dans lequel mes affaires y avaient été regroupées. En repassant dans le service, je n’oubliais pas de remercier les amis qui allaient faire mon travail. Je leur revaudrai, un jour ou l’autre. J’étais maintenant dans les rues de Londres. Dans quelques secondes, je respirerai l’air français. Prenant une dernière inspiration, je transplanai.

Le paysage changea de tout en tout. Une fois remis des émotions du voyage, je pus m’en rendre compte. Le village m’était familier. J’y étais allé à plusieurs reprises et c’était toujours au même endroit que j’atterrissais, près de l’apothicaire. Vaux-sur-les-pins n’avait pas beaucoup souffert ou alors, cela ne se voyait plus. Ils avaient eu largement le temps de réparer ce qui était cassé, de remplacer ce qui ne pouvait plus être réparé. Le village avait retrouvé son charme. Je vis l’apothicaire me faire un signe à travers la vitrine. Il avait l’habitude de me voir apparaitre. J’avais également pris l’habitude de venir dans sa boutique dès que j’avais le temps, quand je travaillais à Beauxbâtons. Je le salua à mon tour. Le pauvre, il serait déçu que je ne vienne pas dépenser tout mon salaire chez lui. Pas cette fois, en tout cas. Je me mis en route. Je n’étais pas en avance.

▬▬▬▬▬

La maison de Mermaid se dressait au loin. Cela faisait bien un mois que je n’y étais pas allé. Depuis la dernière fois, quelque chose s’était passé. Nous avions changé de direction dans notre relation. Il restait encore à confirmer ce changement qui s’était surtout opéré par lettres. Ce week-end était un peu un week-end d’essai. On verrait si cela fonctionnait entre nous. Je longeai la rivière, sachant que c’était le chemin le plus court. Comment expliquer mon état d’esprit ? J’appréhendai la rencontre même si je voulais me montrer décontracté. Ma mère m’avait forcé à couper les cheveux et en avait profité pour m’obliger à raser ma barbe. Il fallait être présentable, m’avait-elle dit. A croire que je me promenais avec un air de sans-abri toute la journée. Merci, maman ! Bon, je vous avoue que j’étais plutôt content qu’elle m’ait forcé. Si de cette manière, je pouvais faire bonne impression, je n’allais pas râler. Aucune lumière ne filtrait des fenêtres de la maison. Mermaid était donc de sortie. Elle avait peut-être eu marre de m’attendre et elle était allée faire une ronde. En m’approchant, je vis une silhouette se dessiner. Cheveux blonds au vent, corps féminin, ce ne pouvait qu’être la garde-chasse. On était arrivé en même temps, finalement. Un grand sourire sur le visage, je lui fis signe. J’allais être ridicule si ce n’était pas elle, ma foi, tant pis.

Finalement, je fus rassuré de reconnaitre au fur et à mesure les traits de son visage. Ce n’était pas une étudiante de Beauxbâtons. J’arrivai le premier à la Hutte aux Coquillages mais décidai de faire le restant du chemin pour rejoindre Mermaid, abandonnant mon sac devant sa porte. Je ne risquais pas de me faire voler alors que je n’étais qu’à quelques mètres. « Hey salut ! » Pas terrible mais c’était toujours mieux que rien. De toute manière, elle savait à quoi s'attendre avec moi. Je plantai un baiser sur sa joue avant de m’écarter. « Comment tu vas ? » Elle avait sûrement passé du temps à l’extérieur comme elle avait l’habitude de le faire. Mais là, j’en avais la preuve. Un brin d’herbe était niché au milieu de ses cheveux. « Tu as un… » Avec un sourire et peut-être même un peu de timidité – alors que ce n’était que des cheveux ! – je retirai le brin vert et le lui montrai fièrement. « … brin d’herbe dans les cheveux. » Je le lâchai, le laissant regagner ses copains de l’herbes. Nous y voilà, on y était.
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Message Posté Mar 28 Aoû - 11:21.
Sur le chemin du retour vers la maison, de nouvelles interrogations virent me tirailler. Et si je ne trouvais pas assez d’activités ? Et si nous ne savions pas quoi faire ? Que ce week-end était un désastre ? Je secouai la tête en me tapant. Jamais je n’avais autant douté sur toute une journée, c’était affolant. Il fallait simplement que j’arrête de me prendre la tête pour des broutilles, j’allais bien voir le moment venu. Ça avait toujours marché jusqu’à présent. Et c’est là que je le vis. Arrivant auprès de la bâtisse. Un moment j’eu peur qu’il s’aperçoive que je n’étais pas là, et qu’il attende. Mais fort heureusement, il me vit au loin. Liam. Il me fit un signe et je me mis à rire, c’était ridicule mais tellement attendrissant. Il déposa son sac devant la maison et commença à me rejoindre alors que j’étais presque arrivée. Il me salua en arrivant devant moi, d’une façon tellement ordinaire et nonchalante qu’elle m’arracha un sourire. Il était tellement… lui. Après quoi il me planta un baiser sur la joue. Allez savoir pourquoi, mais tous mes doutes s’envolèrent. Avec lui j’étais juste… bien. C’est fou comme un ami peut évoluer comme un pokemon et changer votre cœur.

Je sentis que je m’empourprais. Ça n’était pourtant qu’un simple baiser ; sur la joue qui plus est. Il me demanda comment j’allais avant de me retirer un brin d’herbe qui trainait dans mes cheveux. Moi qui pensais être présentable, c’était raté. Je passai une main dans mes cheveux pour tenter de les remettre en ordre à cause du vent, et au passage essayer de dénicher d’autres brins ; mais je n’en avais plus. Je soupirai presque de soulagement. Nous nous mîmes sur le chemin de la maison et je retins une certaine distance à ses côtés. Je ne savais toujours pas comment me comporter. Je n’allais pas lui prendre la main, ni me jeter dans ses bras. Alors je marchai avec un bras ballottant et l’autre tenant un pan de ma jupe qui, finalement, n’était pas pratique pour marcher dans les hautes herbes.

« Ça va bien, et toi ta journée ? »

Bravo ! J’étais décidément très forte aujourd’hui. Y avait-il une question plus banale que celle-ci ? Je me mordis la lèvre. Nous arrivions à la porte et j’ouvris la maison, invitant Liam à entrer et poser ses affaires. Je fermai derrière lui et buguais quelques secondes. Et maintenant ? On n’allait pas sortir faire la ronde du soir alors que le repas approchait ; on n’allait pas aller nager non plus. Mettre un film ? Trop nunuche, trop long. Et j’allais être complètement nerveuse à ses côtés. Je soupirai presque tellement mon comportement m’énervait. Bougeant enfin de derrière la porte, je l’invitai à s’installer. Je lui dis qu’il pouvait se sentir à l’aise, ça n’était pas moi qui allais l’engueuler s’il s’asseyait au mauvais endroit. Le repas. Voilà, j’allais préparer le repas. Et lui ? Je n’allais pas le faire poireauter. Peut-être qu’il pouvait m’aider ?

« On commence à préparer le repas ? Omelette, ça te va ? J’espère que tu as faim. »

Allez, je pouvais lui demander ce qu’il avait fait de telle heure à telle heure, pendant que j’y étais. Il fallait que je me détende, je pensais pourtant que je l’avais été en le voyant. Je me mis à sortir une grande poêle, des œufs, des petites pommes de terres et des dès de jambons, puis lui indiquai la télévision s’il voulait la mettre en fond. Je m’arrêtai un instant me rappelant qu’une télévision était typiquement moldue, et qu’il ne savait peut-être pas s’en servir. Ayant grandi avec eux, je n’avais aucun mal à associer le monde normal avec le monde magique, et j’oubliai très souvent que ça n’était pas le cas de tout le monde. Première boulette. Combien allais-je en faire au cours du week-end ?

Je m’arrêtai donc dans mon mouvement et le dévisageai. Il était très difficile de deviner ce qu’il avait en tête, même si ses expressions m’étaient très utiles. Alors je dérivai sur… lui. Je n’avais même pas pris le temps de constater sa tenue, alors que c’était d’ordinaire l’une des premières choses que je faisais lorsque je voyais un homme susceptible de me plaire. Lui me plaisait clairement, soyons d’accord, mais j’étais dans un état tellement inhabituel que mes réflexes finissaient par m’abandonner. Liam était vêtu de vêtements que je qualifiai de normaux, les vêtements du boulot, je présumais. Non pas que ça ne me plaisait pas, je n’exigeais pas de lui qu’il vienne en costume ridicule, rendant la chose encore plus solennelle et plus difficile à supporter. Sauf qu’en m’arrêtant sur son haut, je me pris à penser aux muscles qui se trouvaient très certainement en dessous. Ce n’était pas un sportif pour rien. Me rendant compte que je devais rougir et que ma bouche était très légèrement ouverte, je revins d’un coup vers ses yeux, hésitant à lâcher un « Hein ? »
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Message Posté Mar 28 Aoû - 18:13.



Cela faisait un mois que ne nous étions pas vus. Un mois. J’en avais presque oublié son charme naturel, ses cheveux blonds qui rappelaient la blanche de sa peau, la couleur de ses prunelles, son sourire. Elle m’avait manqué, je m’en rendais compte maintenant. Je n’avais plus aucun doute à avoir quant à mes sentiments. Ce n’était plus de l’amitié. C’était en passe à devenir bien plus. Je n’avais pas envie de me poser des questions sans discontinuer. Je voulais juste profiter de ce week-end. Deux jours passeraient bien trop vite. Dans quarante-huit heures, je dirai au revoir à Mermaid. Je ne sais pas quand je pourrai la revoir ensuite. Peut-être qu’elle viendrait chez moi. Ou peut-être que tout s’arrêterait ici. Il y avait trop d’hypothèses, trop de possibilités, trop de questions. J’étais décidé à ne pas pourrir ces quelques heures avec des interrogations futiles. J’en aurais bien assez par la suite. Elle semblait gênée de s’être présentée à moi, les cheveux fournis d’herbes. J’eus un léger sourire. Elle était aussi mal à l’aise que moi. On avait l’air de deux imbéciles, j'en étais convaincu. Peut-être qu’on allait manger en se regardant dans les yeux, comme je l’avais écrit dans une de mes lettres. « Ça va bien, et toi ta journée ? » On continuait dans les banalités, mais c’était de ma faute. Je l’avais lancé sur le sujet. J’aurais dû lui offrir mon cadeau plutôt que de lui demander comment elle allait. On aurait été lancé sur un autre sujet. Quoique, si elle avait été en pleine dépression et que je ne le lui avais demandé, je serais passé pour un salaud. Cela dit, je l’aurais vu, si elle n’avait pas été dans un bon état d’esprit.

« La journée était plutôt calme, les patients n’étant pas nombreux. » Pendant que je répondais, nous avancions jusqu’à sa maison. Mon sac m’y attendait toujours. J’étais plutôt fier de moi, je ne finirais pas le week-end tout nu. Même si je souhaitais un rapprochement avec la sirène, je n’étais pas prêt à me montrer entièrement dévêtu à Mermaid. A l'intérieur rien n’avait pas changé. Toujours aussi chaleureux tout en étant simple. Elle ne se fatiguait pas avec le mobilier superflu. De toute manière, cela ne lui aurait servi à rien puisqu’elle passait la plupart de son temps dehors. Elle était un peu la fille de la nature. Elle m’autorisa à me sentir comme chez moi, chose, je le savais, complètement inutile. Je ne me sentirais jamais chez moi quand j’étais un invité. Surtout en étant chez elle. J’abandonnai cependant mon sac dans un coin de la pièce. « On commence à préparer le repas ? Omelette, ça te va ? J’espère que tu as faim. » Je me retournai vers elle, réalisant qu’elle était déjà passée dans le coin cuisine et qu’elle sortait les aliments. Je me secouai, je n’étais pas là pour glander dans mon coin. D’accord, mes talents de cuisinier n’excellait pas ceux d’un grand chef mais je savais encore cuire une omelette. Cela ne dépassait pas mes compétences. « Ça sera parfait, ne t’inquiète pas pour ça. » La télé… j’en avais entendu parler. Je l’avais aussi entendu à travers les murs de mon appartement de Muggle District. Une chose plutôt carrée, parfois rectangulaire, dans laquelle vous pouviez voir des films. Je n’en avais jamais utilisé. Cependant, je n’étais pas prêt à lui dire que je ne savais pas l’allumer. Tournant le dos à Mermaid, je me rapprochais de l’appareil que je pensais être la télévision.

Quand je fus sûr et certain qu’elle ne me verrait pas, je sortis discrètement ma baguette magique et marmonnai une formule. La magie opéra, si on pouvait dire. Une image apparut, montrant le film de la vie d’une personne. « Et voilà ! » fis-je triomphalement. Mermaid devait sûrement habiter assez loin de l’école pour être épargnée par les ondes magiques, ce qui expliquait pourquoi les appareils électroniques fonctionnaient si bien ici. Dissimulant ma baguette dans ma poche de jean, je me retournai et rejoignis Mermaid. « Il y a un problème ? » Elle me fixait bizarrement… c’était étrange. Si ça se trouvait, elle avait découvert mon stratagème pour allumer la télévision. Si c’était le cas, j’étais foutu. Elle allait se moquer de moi le restant du week-end. Cependant, ça n’expliquait pas son rougissement. Elle était peut-être malade ou alors coupée. A moins que…. Naoooonn, ce n’était pas possible. Arrête de divaguer, mon vieux. Tu prends tes rêves pour des réalités ! N’empêche, elle était vraiment rouge…. Je m’éclaircis la gorge et attrapai une pomme de terre. « Je peux t’aider à faire quelque chose ? Tu veux que je les épluche ou que je casse les œufs ? » J’avais besoin de changer de sujet. Mon boulot m’avait appris de ne jamais se fier aux apparences, de toujours creuser. Si ses rougissement se répétaient, j’aurais tendance à dire qu’elle serait malade. Mais de quelle maladie souffrirait-elle ? Je voyais décidemment des maladies partout.

La télévision montrait maintenant un homme en costard qui présentait des invités. Je devrais offrir le cadeau pendant le diner. Oui, c’était une bonne idée. Il valait mieux se concentrer sur la préparation du repas. Déjà que je mettais heure pour éplucher deux malheureuses pommes de terre, si j’étais déconcentré, j’en mettrais plus du double. « Tu revenais de la rivière ? » Quel crétin. Ce n’était pas avec de l’herbes dans les cheveux que l’on ressortait de l’eau, plutôt avec des cheveux mouillés. Surtout, elle ne semblait pas sortir de la rivière, à moins qu’elle se soit séchée avec un sort. Elle avait dû se promener dans les jardins de Beauxbâtons. Je lui jetai un coup d’œil, espérant trouver la réponse. Mermaid avait quelque chose d’apaisant. Je me sentais beaucoup plus à l’aise ici, à quelques centimètres d’elle, que près de la télé. Elle avait la douce odeur de la rivière mêlée aux parfums de la nature. Ca y était, je n’étais plus concentré.



Dernière édition par Liam M. Franklin le Mar 28 Aoû - 23:41, édité 1 fois
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Message Posté Mar 28 Aoû - 22:42.
Liam me ramena à la réalité en me demandant s’il y avait un problème. Un problème ? Enlève ton t-shirt pour voir ? Je n’allais très certainement pas lui dire que j’étais en train de m’imaginer son corps. C’était un week-end d’essai, et il venait d’arriver, je n’allais pas commencer à appréhender notre relation ainsi. Autant lui sauter dessus, dans ces cas-là. Tout ce que j’allais réussir à faire, c’était le faire fuir. Je ne savais même pas si nous pouvions réellement déjà nous qualifier de couple. J’étais perdue, tout simplement. Je n’avais jamais ressenti quelque chose de si… intense, rien qu’à la vue d’un homme et la perspective de ce que ça pouvait devenir, et soyons honnêtes, ça n’était pas mon premier. Il m’observait bizarrement. J’étais si rouge que ça ? Je détournai le regard pour me mettre à la confection de l’omelette. Devant ma poêle, j’attrapai un premier œuf. J’étais tellement discrète dans mes rêveries que lui demander directement de retirer son t-shirt aurait été moins embarrassant. La meilleure chose à faire était de chasser ces pensées. Mais plus je m’efforçai à le faire, plus je me sentais rougir. Piquer une tête dans la rivière n’aurait pas été une mauvais idée, finalement…

« Je peux t’aider à faire quelque chose ? Tu veux que je les épluche ou que je casse les œufs ? »

Bonne idée. Je lui mis un économe dans les mains et lui répondis que j’aurais bien besoin d’un coup de main pour les pommes de terres. Penser à la bouffe, c’était un bon moyen de substitution à mes pensées déplacées. Je m’occupai donc des œufs et les battis avec un bon coup de poignet, peut-être pour me calmer intérieurement. Ça n’était pas le moment de faire une nouvelle bourde, je tâchai donc de ralentir le mouvement pour ne pas éveiller ses soupçons. Comme si j’avais besoin de ça, en plus. Mon visage me trahissait déjà, si en plus mes gestes s’ajoutaient à la note, ça allait coûter cher, toute blague mise à part. Je souris légèrement en voyant du coin de l’œil comment Liam se débrouillait avec les pommes de terre ; de toute évidence, ça ne devait pas être son fort.

« Tu revenais de la rivière ? »

Sa question m’arracha un petit rire. Evidemment que non, je n’étais pas mouillée, je n’étais pas revenue avec une serviette, je n’étais même pas arrivée par le bon chemin. Je ne savais pas si c’était dû à de l’innocence, de la bêtise ou de la nervosité, mais il était évident qu’il ne maîtrisait pas plus que moi la situation. Je m’empourprai davantage.

« Non, je suis allée m’allonger dans les herbes hautes et je me suis endormie. Ça n’était pas dans mon intention de revenir avec les cheveux n’importe comment, tu sais. »

Vas-y, étale-lui ta gêne ma pauvre fille ! Mais qu’est-ce qu’il fallait donc que je fasse pour me calmer ? J’avais fini de battre les œufs et j’allumai le feu sous la poêle pour verser le contenu du bol et j’attendis que l’omelette commence à chauffer pour y ajouter les dés de jambon. J’aimais faire la cuisine moi-même. La plupart des sorciers se faisaient aider de la magie, si ce n’était confectionner l’intégralité du repas par ce biais. Mais où était le plaisir ? Peut-être que j’avais passé trop de temps en compagnie moldue, après tout. Je jetai un coup d’œil à Liam ; il galérait avec les patates, même s’il avait avancé. Mais non désireuse de voir l’omelette cramer pendant qu’il finissait, je me mis à ses côtés, pris les féculents déjà épluchés, et les coupai en morceaux pour les ajouter à la préparation. Après quoi je lui pris l’économe des mains.

« Laisse moi finir, va. »

Je lui lançai un regard taquin pour ne pas qu’il se sente vexé ou qu’il croit que je le disputais. Comme il avait l’air de vouloir se sentir utile, je lui suggérai de mettre la table et lui indiquai le placard où étaient rangés les assiettes, les verres et les couverts. Je finis de m’occuper des pommes de terre et les rajoutai à l’omelette, que je laissai terminer de cuire. Me retournant pour constater que Liam avait fait sa part du travail, je me fis une raison pour m’enlever l’idée de la tête qui me disait que j’avais tout simplement envie… de l’embrasser.
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Message Posté Mar 28 Aoû - 23:50.



Je commençai à éplucher les pommes de terre. Comment dire ? Bien sûr que je savais faire une omelette, que j’étais capable de cuisiner des plats mais éplucher, ce n’était pas mon fort. C’était long, laborieux et chiant à en mourir. En principe, si je devais éplucher un quelconque aliment, je le faisais par magie. Je pouvais paraitre fainéant mais ça m’arrangeait. J’avais le temps de faire autre chose en attendant. Là, pas de possibilité de tricher. Mermaid était juste à côté de moi et ne s’attendait sûrement pas à ce que j’utilise la magie. Elle semblait tout faire à la main, j’étais bien motivé à prendre exemple sur elle et à me plier aux règles de la maison. Alors je me concentrai dessus, me disant que mon hôte avait hérité de la tâche la plus facile. Casser les œufs étaient le plus simple. Certes, il fallait éviter les coquilles mais c’était une des seules choses que j’arrivais à faire parfaitement. Tant pis. Ce n’était que des œufs et des pommes de terre. Je me mettais à disserter sur des ingrédients, je tombais bien bas. « Non, je suis allée m’allonger dans les herbes hautes et je me suis endormie. Ça n’était pas dans mon intention de revenir avec les cheveux n’importe comment, tu sais. » Le dernier des idiots l’aurait compris. Elle me fit penser à la Belle au Bois Dormant. Elle avait le profil parfait. Blonde, l’allure d’une princesse des bois, proche de la nature. Il ne manquait plus que les bonnes fées. Quand j’étais petit, ma mère m’avait montré les livres qu’elle lisait enfant. J’étais tombé amoureux de l’image de la Belle au Bois Dormant. Probablement mon premier amour.

Ouf ! J’avais fini une pomme de terre. Je n’étais peut-être pas aussi mauvais. Enfin, si on oubliait la moitié de la patate que j’arrachais en même temps que la peau. Je n’étais vraiment pas doué. Il faudrait que je demande à ma mère de me donner des cours de cuisine. Revenant aux propos de Mermaid, je ne pus que remarquer qu’elle avait voulu paraitre soignée. En lui enlevant ce brin d’herbe, je lui avais dit indirectement qu’elle n’avait pas fait attention et qu’elle n’avait fait aucun effort. Encore une fois, j’aurais dû m’abstenir. J’aurais bien voulu la rassurer sur sa coiffure, après tout, il n’y avait eu qu’un peu d’herbes dedans. Troisième patate. Déjà, Mermaid s’emparait de celles que j’avais à moitié tuées. J’avais inventé le régime pour pommes de terre. Elle ne fit aucune remarque sur mes patates anorexiques, se contentant de les découper pour les rajouter à l’omelette. « Laisse moi finir, va. » Sans plus attendre, elle prit l’économe et s’empara du reste des pommes de terre. Génial. Je n’étais pas fichu de les éplucher. Je m’écartai. J’allais passer pour quoi, moi, maintenant ? Pour le gars célibataire qui ne faisait jamais la cuisine et qui ne mangeait que chez sa maman chérie ? Plutôt que de me laisser les bras ballants, elle me donna une nouvelle mission. Peut-être que cette fois-ci, je ne la décevrai pas. J'avais quand même réussi à scalper trois pommes de terre en quelques minutes seulement ! Bon, mettre la table ne devrait pas être dur... Je n’avais pas intérêt à me tromper dans la position des couverts.

Je me dirigeai vers le placard qu’elle m’avait indiqué. Ne surtout pas casser les assiettes ou les verres. J’aurais pu les transporter d’un coup de baguette magique. Encore une fois, je préférais faire comme Mermaid, tout à la main. De toute manière, porter deux assiettes, deux fourchettes et couteaux et deux verres, ce ne serait pas bien lourd. J’allais les déposer sur la table, disposant soigneusement chaque élément de la vaisselle. Il me semblait que ce n’était pas si mal que cela. Mermaid ne tarderait pas à me le dire, de toute manière. Me retournant, je vis qu’encore une fois, elle me dévisageait. Par Merlin ! J’allais finir par rougir. Je ferais peut-être mieux de vérifier que je n’avais rien sur le visage. Je reniflai à plusieurs reprises. Une odeur de brûlé commençait à monter. Merde. L’omelette. « Mermaid ! L’omelette ! » Je me précipitai vers elle mais surtout vers la poêle. Tiens, si je mettais occupé de la cuisson, l’omelette n’aurait pas brûlé ! Le temps que j’arrive, la poêle avait été retirée du feu. Le jaune de l’œuf avait pris une légère teinte brune mais le pire avait été épargné. Nerveusement, je me mis à rire. On n’était pas à l’aise, tous les deux. Il fallait que l’on se détende ou on allait finir par exploser. « Je crois que l’on a évité le pire ! » Je fis demi-tour pour retourner dans le salon. Il était temps de lui offrir mon cadeau. J’appréhendai un peu sa réaction. J’extirpai un sac plastique transparent rempli d’eau dans lequel nageait un poisson-chirurgien. J’avais trouvé l’idée plutôt bonne. C’était une manière de lui montrer que j’acceptais pleinement son état de sirène. Enfin, c’était mon avis. Il fallait encore voir la réaction de Mermaid.

« Je t’ai emmené un petit compagnon. » Je la rejoignis du côté de la cuisine, le sachet derrière le dos. Je gardais ce poisson depuis ce matin. J’étais passé par une animalerie pour aller l’acheter, prenant également un aquarium et de la nourriture. J’avais pensé à tout. Sauf à un détail. Et si ça ne lui plaisait pas ? Et si elle ne voulait pas avoir un peu de rivière dans sa maison ? Et bien tant pis, j’aurais fait une boulette de plus. Je pris une inspiration. Ce n’était qu’un poisson, je n’avais pas à être aussi stressé. Un cadeau pouvait plaire comme il pouvait déplaire. C’était un risque à prendre. Avec un grand sourire, je sortis le poisson de derrière moi. « C’est un poisson-chirurgien. Le plus vigoureux de tous ! » Enfin, je n’en étais pas certain de ça. Mais un mensonge n’était rien. Surtout un si petit mensonge. Sauf que le visage de Mermaid n’exprimait rien de sa joie. En fait, c’était plutôt le contraire. Mon sourire se défit, mon bras retomba. La bourde.
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Message Posté Mer 29 Aoû - 10:29.
J’étais de nouveau en train de le regarder bêtement. S’il ne se doutait de rien, c’est que j’avais une chance incroyable. J’étais en train de passer pour la plus parfaite des idiotes, jamais je n’avais bugué, littéralement, sur un homme de cette façon. Généralement, c’était moi qui menais la danse, alors qu’aujourd’hui je me comportais comme une adolescente en proie à vivre son premier amour passionné. Encore un peu et je pouvais me revoir plus jeune dans ce cas de figure. Et encore, même après avoir rompu je n’avais pas réagi comme les filles de cet âge-là. Quand je disais que Liam était… spécial. En parlant du loup, il cria pour me rappeler que l’omelette cuisait, et qu’elle était très certainement en train de cramer. Il se précipita vers moi et nous pûmes constater que les dégâts n’étaient pas très importants, bien que la préparation ne soit plus toute à fait « baveuse ». Finalement, il rit face à la boulette ; je le décelai aussi nerveux que moi. Alors qu’il se retournait pour farfouiller dans son sac, je fermai les yeux et mis mes doigts en haut de mon nez pour me calmer. On n’était vraiment pas fichus de se comporter en adultes. Être à ce point gaga était bien la dernière chose que je m’attendais à vivre. Je soupirai et rouvris les yeux, alors que Liam se pointait à nouveau devant moi, les mains dans le dos.

« Je t’ai emmené un petit compagnon. »

Je levai un sourcil, curieuse et étonnée par la chose à la fois. Je ne m’attendais pas du tout à ce qu’il ait apporté quelque chose. Bon, pour le repas à la limite aurait été normal, les moldus faisaient souvent ce genre de choses. Mais un cadeau, réellement, je n’y avais absolument pas pensé. Peut-être que j’aurais dû lui prendre quelque chose également ? Je passais pour quoi moi, maintenant, les bras ballotant sans savoir à quoi m’attendre et surtout sans rien à lui présenter en retour ?

« C’est un poisson-chirurgien. Le plus vigoureux de tous ! »

Je fis les yeux ronds. Si je ne m’attendais à rien, en tous cas je ne l’avais pas vu venir, celle-là ! Un poisson enfermé dans un sac. Ces moldus étaient tellement tordus ! Et ils s’étonnent que la nature se retourne contre eux, la belle affaire ! Je devais tout de même bien admettre que ce poisson était réellement magnifique. Bleu, avec une forme arrondie particulièrement attrayante. De petites nageoires, des bandes jaunes sur les côtés, un régal pour les yeux. J’adorais découvrir de nouvelles espèces. Le plus magique était de nager dans les récifs, là où les poissons s’en donnent à cœur joie pour nous montrer leurs couleurs éclatantes. Je devais avoir une tête affreuse pour que Liam perde son enthousiasme quant à la présentation de son cadeau. Je me secouai la tête.

« Liam ! »

Sans dire un mot de plus, j’attrapai le sac dans lequel le poisson était enfermé, j’ouvris la porte de la maison et attrapai Liam de mon autre main. Après quoi je me mis à marcher très vite vers la rivière, Liam sur les talons. Dans ma précipitation, je n’avais pas du tout pensé au fait que je lui prenais la main pour la première fois – du moins depuis notre « mise en couple ». J’en avais même oublié l’énorme gêne que nous avions tous deux, mais dans l’immédiat, c’était le poisson qui me préoccupait. Je me doutais bien qu’il n’avait pas fait ça par méchanceté, qu’il ne pensait pas à mal. Il avait sûrement dû vouloir me faire plaisir en m’offrant un compagnon de « mon espèce », et même si c’était très maladroit, je ne pouvais que sourire à cette pensée. J’étais contente qu’il ne voit pas mon visage en cet instant, j’aurais paru bien bête avec mon sourire inexpliqué. Mais ça me touchait. Au moins, ma nature de sirène n’avait pas l’air de le déranger, et c’était le plus important. Nous arrivions au bord de la rivière et je m’agenouillai, l’invitant à en faire de même. Je m’apprêtai à ouvrir le sac pour relâcher le poisson lorsque je m’arrêtai dans mon geste.

« Ça ne te dérange pas que je relâche ton cadeau ? »

J’étais mal à l’aise, quand même. Il avait dû acheter ce poisson, et moi j’allais le laisser vivre sa vie. Mais j’allais peut-être le revoir un jour, qui sait ? D’un coup, je repensais à l’omelette. Déjà qu’elle était à moitié fichue, nous la laissions en plus refroidir. Mais au point où nous en étions, je me dis qu’avec un simple sort, tout irait mieux. J’aurais dû procéder ainsi dès le début, mais j’avais l’habitude de tout faire moi-même, du moins une bonne partie des choses. Et le fait d’avoir indirectement obligé Liam à en faire autant me mettait d’un coup mal à l’aise. Il aurait très bien pu se débrouiller avec la magie, mais je lui avais mis l’économe dans les mains par réflexe. Je regrettai d’ailleurs d’avoir pris le relais avec les pommes de terre. Je relevai les yeux vers lui, attendant sa réaction quant au poisson. Décidemment, tout arrivait dans le désordre dans ma tête, aujourd’hui.
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Message Posté Mer 29 Aoû - 19:56.



La bourde. La grosse, très très grosse bourde. Je le sentais gros comme un dragon. Elle allait me dire qu’elle détestait les poissons, qu’elle en était allergique ou que les poissons-chirurgien n’étaient pas son espèce préférée. J’aurais dû me contenter du bon vieux bouquet de fleurs. Ça marchait à tous les coups. Sauf que je n’avais pas envie de lui offrir un cadeau banal. J’avais le sentiment que Mermaid n’était pas banale. Elle était au-dessus de toutes les femmes, elle était spéciale. Je ne voulais pas qu’elle ait juste le droit à un bouquet. Des tiges qui allaient faner au bout de quelques jours. Un poisson survivrait, enfin, si elle savait s'en occuper. Son visage était figé. Elle avait l’air d’apercevoir un monstre dans sa maison. Ce n’était pas la réaction que j’attendais. Mermaid avait pourtant l’habitude de sourire, de s’enthousiasmer pour tout. Pourquoi un fichu poisson ne pouvait pas provoquer un de ses grands sourires ? J’avais fait ma première bourde, à peine vingt minutes après mon arrivée. Elle secoua la tête. Elle voulait se réveiller de ce mauvais cauchemar, c'était évident. Elle regrettait de m’avoir invité. Elle voulait probablement que je m’en aille. « Liam ! » Oui, Mermaid, je le sais. J’ai merdé. Je te l’avais pourtant dit. Je t’avais pourtant prévenu que je n’étais pas doué avec les femmes. Tu aurais dû t’attendre au pire. Tu aurais dû savoir que j’allais faire une erreur. Elle m’en voulait. Je ne sais pas en quoi ce fichu poisson pouvait gêner, je ne sais pas ce qu’elle me reprochait. Je ne comprenais pas. Bon sang, ce n’était qu’unpoisson.

Elle m’arracha le sac plastique des mains. Voilà. C'était sûr : elle avait vraiment quelque chose contre mon cadeau. Elle allait me disputer. Je n’avais aucune idée de ce qu’elle comptait faire avec ce poisson. Elle m’attrapa la main, m’entrainant dehors. Qu’est-ce qu’elle fichait ? Elle me foutait à la porte. Je n’avais même pas pris mon sac. Plus elle m’entrainait loin de sa maison, plus je me disais qu’elle ne me jetait dehors. Elle allait me tuer. Un sort et hop, personne ne verrait que j’avais disparu. Mes collègues signaleraient mon absence mardi. Pas lundi, ils penseront que j’avais rallongé mon week-end. Ils attendraient, tout contents et fiers de leur ami qui trouvait enfin chaussure à son pied. Ils ne se douteraient de rien. A Beauxbâtons, personne ne savait que j’étais là, à part l’apothicaire. J'étais donc foutu. Elle allait me tuer à cause… d’un poisson. Rien de plus pathétique et stupide. Je ne sais pas ce que j'avais pour autant délirer. Je ne savais pas ce qu’elle faisait. Elle ne parlait pas, ne me regardait pas. Elle me tenait simplement la main. Et je la suivais. Sans m’arrêter. Sans lui poser de questions. Je la suivais aveuglément. C’était ma perte que je trouverai au bout du chemin. Mermaid m’emmenait vers la rivière. Ainsi, elle tenterait de se débarrasser de moi en me noyant. « Mermaid… » Je trainai des pieds derrière elle, tentant de la retenir. Mais rien n’y faisait. Elle continuait d’avancer avec détermination, le poisson dans une main, la mienne dans l’autre. Est-ce qu’elle tuerait aussi le poisson ? Par Merlin, j’en avais rien à foutre de ce poisson. Elle ne l’aimait pas. Elle n’en voulait pas. Ça m’apprendra à vouloir faire dans l’originalité.

Elle lâcha ma main et s’agenouilla près de la rivière. Je passai une main dans mes cheveux coupés. Franchement, j’aurais été mieux inspiré d’acheter des fleurs qui seraient mortes au bout de deux jours qu’un poisson qu’elle s'apprêtait à abandonner dans l’eau. Je n’étais même pas sûr qu’il survive à l’eau de rivière. Je n’y connaissais rien. « Ça ne te dérange pas que je relâche ton cadeau ? » Mais merde ! Elle pensait que j’allais lui dire non ? Elle m’avait trainé jusqu’ici, me foutant la peur de ma vie, pour libérer un poisson. Je ne comptais pas le garder. Mon chat ne manquerait pas de le manger quand j’aurais le dos tourné. Si ce n'était pas lui, ce serait moi qui le tuerait sans faire exprès. « Je… non, j’imagine que tu peux le faire. » Je ne comprenais toujours pas. Pourtant, en tant que sirène, elle aurait dû apprécier les poissons. Elle aurait dû être heureuse d’avoir un compagnon aquatique chez elle… elle aurait dû accepter mon présent. Au lieu de ça, il lui déplaisait tellement qu’elle avait décidé de le relâcher. Je ne pensais même pas au coût financier. Je vis le poisson tomber dans l’eau avec un ‘’plouf’’. Adieu petit poisson-chirurgien. Il se fera sûrement manger par un plus gros poisson. Il allait souffrir de mon erreur. J’avais merdé. Je ne savais pas ce qui lui avait tant gêné. Le fait que ça soit un poisson ? C’était incompréhensible. « Je suis désolé… je ne pensais pas que ça te déplairait. J’aurais dû m’abstenir. Franchement désolé. » Vahon serait ravi de l’apprendre. Il sauterait de joie intérieurement quand il apprendra que j’avais été nul sur le choix du cadeau.

Bon, il me fallait respirer. Ce n’était qu’un accident de parcours. Juste une erreur. Qui plus est, elle n’était pas dramatique. Le cadeau ne lui avait pas plu, je saurais à quoi m’en tenir pour les prochaines fois. Respire, mon petit Liam. Je lui tendis la main pour l’aider à se relever, me répétant que ce n’était pas grave. Mermaid n’était pas du genre à s’arrêter à un si petit détail. Elle ne m’en tiendrait pas rigueur. Une fois qu'elle fut debout, je réalisai que nous étions près. Bien plus près que je ne l’avais pensé. Je sentais de nouveau son souffle ainsi que son doux parfum de nature. Nous étions près… Hum. Liam, reconcentration ! Je n’allais pas l’embrasser alors que je venais de la contrarier. Ça ne se faisait pas. Quoique...
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Message Posté Mer 29 Aoû - 23:01.
Lorsque Liam me donna son feu vert, je versai le contenu du sac dans la rivière. Je regardai le poisson nager un moment jusqu’à ce qu’il disparaisse totalement sous la surface de l’eau, dans les profondeurs. J’étais réellement navrée pour Liam. J’avais dû lui paraître bien dure en le faisant sortir ainsi de la maison et ne lui expliquant rien. Ça n’était pas dans mon intention mais libérer ce poisson avait été ma seule préoccupation sur le moment. Je me serais bien excusée s’il n’avait pas enchaîné en bredouillant.

« Je suis désolé… je ne pensais pas que ça te déplairait. J’aurais dû m’abstenir. Franchement désolé. »

Il me tendit une main que je saisie pour me relever face à lui. Il avait complètement l’air perdu, j’étais vraiment mal. Je bafouillai quelques explications, comme quoi ça n’était pas sa faute, il ne pouvait pas se douter que je trouvais ça abominable d’enfermer des animaux si innocents, surtout s’ils étaient de la même espèce que la mienne. Si je devais moi-même être enfermée dans un sac, je deviendrais folle, tout simplement. Ça n’était pas une vie, et ce pauvre poisson ne méritait pas ça non plus. Ce n’était pas parce qu’il était plus petit et moins intelligent que nous que nous devions le séquestrer. Voilà. Je brodais des excuses et me perdais moi-même dans mes explications ; j’espérais qu’il eut compris. Je ne voulais surtout pas qu’il me croit en colère, ça n’était pas le cas.

Face à lui, il était difficile de savoir s’il était réellement rassuré, si mes explications avaient suffis. J’aurais eu peur également si j’avais été à sa place. Je ne savais pas à quoi il avait pu penser mais je devinai qu’il était encore paniqué. Je relâchai sa main que je remarquai encore dans la mienne, et le remerciai pour m’avoir aidée. Être si proche de lui me mettait étrangement et soudainement autant mal à l’aise que bien. Je baissai la tête vers son torse, puis vers le sac en plastique que je tenais toujours de l’autre main. Je sentais son regard sur moi, c’était indéniable. J’aurais donné n’importe quoi pour savoir ce qu’il avait en tête. Lorsque je relevai mon visage vers le sien, voyant son regard si intense, et mes pensées qui se bousculaient, je fis ce que j’avais tant attendu avant même de me raisonner à son sujet. Je lâchai le sac, attrapai sa nuque et plaquai ses lèvres contre les miennes. Là, s’il ne comprenait pas que je ne lui en voulais pas, je ne savais pas ce qu’il lui fallait.

Je fronçai les sourcils pour m’accrocher à lui tellement j’eus peur qu’il se détache de moi. Et s’il allait fuir ? Si je n’avais pas tout gâché en cet instant ? Si c’était trop rapide ? Je me doutais que non, un baiser entre adultes ne tuait personne, mais Liam était à prendre avec des baguettes en ce qui concernait les relations, j’avais pu le comprendre. Même si pour le coup, je ne pouvais pas me montrer plus fière à propos de ce début de soirée. Bon sang, j’arrivai encore à m’assaillir de question alors que j’étais dans une situation qui ne prêtait d’ordinaire pas à la réflexion. Je détendis mon visage. Enfin ; j’allais pouvoir profiter de ce baiser. Mes mains relâchèrent la pression également, même si je ne les défis pas de sa nuque pour autant. Au moins, il ne s’en allait pas. J’ouvris légèrement mes lèvres pour sentir la douceur des siennes. C’était aussi intense que je me l’étais imaginé. Au moins, je pourrais clairement dire que notre premier baiser avait été exemplaire. Et si j’étais plutôt douée pour une chose, c’était bien celle-ci. Non pas que je me jetais des fleurs, mais j’avais eu les occasions de me perfectionner dans ce domaine. Alors je ne m’en faisais jamais pour ce qui était des baisers – et tout ce qui s’en suivait. Généralement, je ne me torturais pas l’esprit pour savoir si j’allais bien faire ou non. C’était naturel.

Le temps s’était comme arrêté. Je ne saurais dire combien de temps j’ai caressé ses lèvres avec les miennes, mais ça me parut tout de même trop court. Je ris intérieurement. J’étais plutôt du genre à mener la danse et prendre les devants, je n’aurais pas pensé me jeter ainsi au cou d’un homme de sept ans mon aîné. Loin de trouver ça gênant, je me retrouvais quand même à nouveau avec les joues empourprées grandement. Je me faisais l’effet d’une véritable ado, et ça, c’était dérangeant. Lorsque je m’écartai enfin de lui, je restai à quelques millimètres de lui et ramenai une main à son visage pour passer mes doigts sur ses lèvres, comme pour m’assurer que tout ceci était réel. Oui. J’avais bien échangé mon premier baiser avec Liam. Et quel baiser…

Je reculai complètement à présent, totalement consciente d’avoir un sourire idiot qui me barrait le visage. Sourire qui voulait autant dire « je suis désolée pour le poisson, pour tout ça » que « non, je ne regrette absolument pas ce qu'il vient de se passer ». Je passai une main dans mes cheveux, signe évident d’une certaine gêne. Je ramassai le sac que j’avais laissé tomber à terre et me redressai. Sauf qu’en me redressant, j’aperçu quelqu’un à la porte de la maison que j’avais laissé ouverte en plan. Vahon. Ça ne pouvait être que lui, et ça l’était, je ne le reconnaissais que trop bien. Cependant, la tête tournée vers nous, je le vis prendre le chemin de l’académie plutôt que nous rejoindre ou nous attendre. Que lui arrivait-il ? C’était la présence de Liam qui le faisait fuir ? Hors de question qu’il se débine ! Si je voulais voir mon cousin, je verrais mon cousin. Certes la situation n’était pas appropriée mais il ne pouvait pas le nier, nous l’avions vu. Je me mis alors à courir en sa direction. Hé bien, je ne faisais que ça, aujourd’hui. Je laissai Liam en plan, je le savais. J’espérais aussi qu’il ait un minimum de jugeote et qu’il revienne vers la maison. Il n’allait tout de même pas rester à la rivière, si ? Je courais donc vers Vahon, et arrivée à sa hauteur, je lui pris le bras pour le retourner vers moi.

« Je t’ai vu ! Tu ne vas tout de même pas rentrer et te coucher au lieu de rester un peu avec ta cousine un vendredi soir, si ? »

Je ne comprenais pas ce qui clochait chez moi. J’étais là, avec Liam chez moi, nous venions de nous embrasser, et nous n’étions surtout ensemble que pour quarante-huit petites heures. Cependant, je voulais que Vahon reste. Logique, quand tu nous tiens.
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Message Posté Jeu 30 Aoû - 0:44.
Vendredi… Le vendredi était un jour merveilleux, il annonçait la fin de la semaine et jamais rien ne pouvait me pourrir un vendredi. Le vendredi, j’étais même presque à l’heure en cours, ça voulait tout dire. C’était une délivrance, ce jour annonçait deux jours de tranquillité, de grasse matinée, de lecture, de glandage, de repos… Enfin, quand il n’y avait pas de devoirs.
Je ne pouvais pas non plus dire que je me réjouissais à l’idée d’avoir une journée de cours mais au moins, le week-end la talonnait de près. Pour être honnête, la journée n’était pas passée si vite que je l’avais espérer. Tout d’abord parce que j’avais eu métamorphose… Ensuite parce que j’avais oublié mon livre d’histoire de la magie… Et finalement parce que je m’étais endormi pendant le cours théorique de soin aux créatures magiques. Ce qui me faisait en tout… Une retenue et un devoir supplémentaire sur l’évolution de l’utilisation de la magie dans le secteur bancaire. Ces foutus gobelins étaient une bande d’emmerdeurs. Sans eux, on aurait un cours moitié moins chiant d’histoire de la magie mais non. Il avait un nombre de révolutions monumental et autres joyeusetés du même acabit à leur actif. En plus… les gobelins étaient affreusement radins, c’était reconnu. Oui, vous l’aurez deviné, je râlais encore sur ce devoir supplémentaire ridicule avant d’aller prendre mon repas du soir. Une bonne quiche, il n’y a rien de tel. J’étais aux anges devant mon assiette, j’en repris trois parts. Je faisais l’impasse sur le dessert. La tartelette aux fruits après une quiche, c’était hors de question.

Absolument pas décidé à me planquer dans ma chambre pour le reste de la soirée, j’étais passé par la bibliothèque pour emprunter un autre livre sous le regard scrutateur de la bibliothécaire.

« Vous passez plus de temps à lire des livres qu’à vous instruire jeune homme. Pourquoi ne pas tenter d’allier l’utile à l’agréable ? »

Je souris et refusais d’un geste de tête.

« J’ai une réputation à tenir et puis que serait un livre à lire pour passer le temps s’il devenait instructif, je vous le demande. »

Elle me sourit et me fit signe de dégager. J’étais insupportable d’après elle mais de bonne humeur. C’était à peu près vrai. J’étais de bonne humeur. Il y avait eu mieux mais pour une fois, oui, ça allait. Ça changeait considérablement de mon humeur massacrante de ces derniers temps d’ailleurs. Embarquant mon livre, je me plantais à une fenêtre et assis sur son rebord, je me mis à bouquiner jusqu’à ce que j’émerge de mon conte. Je retournais à ma chambre pour y déposer le bouquin. Il était encore tôt et c’était un peu rageant. Contrairement aux autres, je n’avais pas cette passion pour les fêtes alors je fis la seule chose censée un vendredi soir. Je pris le chemin de chez Mermaid, les mains dans les poches, l’écharpe pendante autour de mon cou au cas où il ferait plus frais à l’heure où je rentrerais. Après tout, il serait bon qu’elle me voie de meilleure humeur que la dernière fois.
J’avais presque réussi à faire l’impasse sur mes humeurs noires et mes sentiments négatifs aujourd’hui ce qui était un énorme progrès. Sans doute grâce à la somme de travail que j’avais dû fournir. Je suis incapable de me morfondre et réfléchir en même temps, ça aidait sans doute pas mal. J’aurais presque pu me mettre à siffler en marchand vers chez Mermaid mais pour siffler, encore fallait-il en être capable et je ne l’étais pas.
Seulement voilà, il faut savoir que toute bonne chose a une fin et la fin de ma bonne humeur se fracassa aussi sûrement que se fracasse un vase qui vient de heurter le sol. La raison de ce fracas inattendu ? Cet homme insupportable à mon existence au prénom composé de quatre lettres… Liam. Mais bien entendu, ça ne pouvait pas suffire. Pourquoi cela aurait-il suffit ? N’avais-je pas mérité de souffrir encore un peu plus ? Bien sûr que si voyons. Ce que je n’avais pas mérité, c’était la paix intérieure.

Je me figeais, pétrifié, incapable de détourner mon regard de ce qui était en train de se produire. Ce que j’avais tant redouté, ce que je ne voulais voir sous aucun prétexte… Voir la liaison de Mermaid se concrétiser. Sous mes yeux, Mermaid et Liam était en train de partager un baiser que j’aurai bien aimé ne pas voir.
J’inspirais profondément et je fermais les yeux un instant. La douleur n’avait jamais été aussi forte. Ce sentiment d’étouffer écrasé par un poids invisible n’avait jamais été si oppressant. J’aurais tant aimé être à sa place, j’en rêvais tant… Une boule se forma au niveau de ma gorge. Je dus me forcer à respirer. Inspirer, expirer. La haine bouillonnait dans mes veines, je voyais rouge. J’étais fou de rage. Je fis demi-tour et me remis en marche vers ma commune. Ce soir… finalement… je me mettrais bien au lit plus tôt que prévu tout en sachant pertinemment que je ne dormirais pas. Cette nuit, l’insomnie était ma seule certitude.

Bien entendu, je n’avais pas fait un mètre que j’entendis quelqu’un courir derrière moi. Reconnaître Mermaid au son de sa course me prouvait – Comme si j’en avais encore besoin… – que j’avais un sérieux problème. J’étais accroc, accroc à elle, elle me hantait. J’en étais au point que je reconnaissais le son de sa course, la cadence imprimée.
Je m’arrêtais et fermais les yeux. Ça ou un coup de poignard en plein cœur, c’était pareil. J’inspirais profondément. Elle n’y était pour rien si je l’aimais. Je me retournais alors qu’elle prononçait le début de sa phrase.

« Je t’ai vu ! Tu ne vas tout de même pas rentrer et te coucher au lieu de rester un peu avec ta cousine un vendredi soir, si ? »

Bien sûr que si j’aurais voulu rentrer me coucher ! Comme si je voulais tenir la chandelle… Comme si j’avais envie de respirer le même air que Liam ? Comme si j’avais envie de les voir se bécoter ? Mais comme de bien entendu, en bon martyre et masochiste… je souris et je hochais la tête me préparant à inventer un mensonge tellement énorme qu’il était susceptible de m’arracher la moitié du visage à l’instant même où il passerait mes lèvres.

« J’ai vu que Liam était là. Je ne voudrais pas vous déranger. Vous ne vous voyez pas souvent après tout. Vraiment, ça ne me gêne pas. Tu as le droit de passer du temps avec lui. »

Ma voix était tellement claire que je me surpris moi-même d’être capable d’inventer une énormité pareille sans même me griller alors qu’une voix dans ma tête me hurlait d’envoyer un sort à la figure de ce médecin de dix ans de plus que moi.

« Je ne veux pas te priver du peu de temps que tu as avec lui. »

Ben voyons ! Comme si j’avais envie de les savoir à deux dans la même maison, collé l’un à l’autre à échanger des baisers langoureux, ou faire tout autre chose qui réclamait une proximité qui me rendait complètement fou de rage... alors que moi, je serais seul comme un con, dans ma chambre à me morfondre, ou dans la salle de sport à me défouler, alors que je n’étais pas sportif pour un sous.
Mais bien sûr mon petit Vahon... Et bientôt tu croirais à nouveau tes propres mensonges ? Pourquoi pas… Je l’avais tellement espéré, croire à mes mensonges mais maintenant que j’étais là et que j’avais débité mon amas de conneries sur un ton parfaitement honnête et devant son air de : « Si tu ne me suis pas, je te jure que tu vas le sentir passer. »… J’étais bien obligé d’y aller. Je me retins de soupirer de justesse. Ce fut imperceptible.

« D’accord, d’accord, je viens puisque tu y tiens tellement. »

Martyre, masochiste et idiot… Je lui souris et je l’accompagnais jusqu’à chez elle. J’étais prêt pour la pire soirée de ma vie.
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Message Posté Jeu 30 Aoû - 12:51.



Il fallait que je reprenne du poil de la bête, comme on dit. Je ne comptais pas rester dépité tout le week-end pour une erreur. Une minuscule petite erreur. Rien de bien grave. J’avais tout le week-end pour réparer cette bourde. Quarante-huit heures pour lui faire oublier ce poisson. C’était possible, non ? Ce serait une mission digne d’un agent secret envoyé par le Ministère de la Magie mais c’était faisable. Au moins, Mermaid ne refusa pas ma main. Notre troisième contact physique de la soirée. Elle n’avait fait aucun mouvement de recul, aucune grimace. Elle n’avait rien contre moi, donc. J’étais rassuré. J’eus enfin des explications. Je devais faire une tête horrible pour qu’elle s’empresse de me rassurer. Une histoire d’enfermement de poisson. Mouais. J’aurais dû m’en douter. Je me sentais encore plus crétin que tout à l’heure. Je lui avais offert son pire cauchemar, en quelque sorte. Je pouvais mieux faire pour un premier week-end. J’aurais pu me douter qu’elle aimait les animaux et qu’elle ne supporterait pas d’en voir un tourner dans un bocal. J’avais cru lui faire plaisir, c’était tout le contraire qu’il s’était passé. J’avais voulu lui montrer que j’acceptais sa nature aquatique et au lieu de ça, je lui avais montré que j’étais prêt… à l’enfermer dans un sac plastique ? C’était à peu près ça. Je ne pouvais pas manquer plus de tact qu’en lui offrant un poisson. Tant pis, la prochaine fois, elle n’aura le droit qu’à un bouquet de fleurs.

Mermaid continuait de chercher des excuses et d’autres explications. Je devais lui faire pitié avec mon petit poisson-chirurgien. Elle lâcha ma main. Je ne mettais même pas rendu compte que nous nous tenions encore. Je me sentais tellement mal et la voir se dépatouiller avec ses excuses ne m’aidait pas vraiment. Je comprenais qu’elle n’avait jamais eu à gérer une situation pareille. J’étais donc le seul homme qu’elle ait fréquenté qui n’avait pas eu l’intelligence de lui épargner cette « épreuve ». J’avais déjà des problèmes avec les femmes alors Mermaid était encore un plus gros problème. Il fallait en plus que je m’adapte à son côté sirène-amouresue-des-animaux. En parlant de Mermaid… Il y avait quelque chose qui était en train de se passer. La proximité n’aidait pas à résister à cette attraction. Mais je ne pouvais pas l’embrasser. Pas maintenant. Pas tout de suite. Pas après lui avoir sous-entendu, par un cadeau, que je voulais la voir enfermer. Non, je ne pouvais pas… je vis son regard se promener sur moi. C’était évident, on partageait la même envie. Un baiser. Un simple baiser. Qu’est-ce que c’était qu’un baiser ? Ca ne pouvait pas faire de mal à personne. Surtout que là, je ne risquais pas de faire une nouvelle bourde puisqu’elle avait la même idée. Mais finalement, Mermaid se lança la première. Elle mit fin à mes questions en emprisonnant ma nuque d’une main et en m’embrassant.

Je goûtai enfin à ses lèvres. Un délice auquel j’aspirais depuis longtemps, bien avant cet échange de lettres. Ma main alla à la recherche de sa joue, s’enfouissant dans ses cheveux, pendant que l’autre trouvait sa place dans le creux de ses reins. On aurait pu rester ainsi, sans que rien ni personne ne vienne nous interrompre. Mais l’étreinte prit fin. Je retirai lentement mes deux mains, chacun reprenant les distances avec l’autre. On venait de s’embrasser spontanément. Pour autant, je ne savais pas ce que cela donnerait par la suite. Au moins, nous avions eu notre confirmation, il y aurait bien une suite à notre correspondance. Il y avait bien quelque chose. J’esquissai un sourire. Je me sentais bien. Mermaid vint frôler mes lèvres du bout de ses doigts fins. Je l’aurais bien embrassé une nouvelle fois mais elle s’éloigna. Ce n’était plus quelques centimètres qui nous séparaient maintenant, plutôt un pas entier. Elle me rendit un sourire. Enfin, le voilà. Il avait tardé, ce sourire. Je l’attendais depuis que je lui avais montré le poisson. Sauf que le plaisir de ce sourire fut gâché par un regard de Mermaid. Elle regardait avec insistance en direction de sa maison. Je me tournai à mon tour, piqué par la curiosité. Une personne, sûrement un élève, rebroussait le chemin qui menait chez la garde-chasse. A son expression, je compris qu’il s’agissait de Vahon. C’était bien ma vaine ! Il y avait de grandes chances pour qu’il nous ait vus. Ce n’était vraiment pas ce dont j’avais besoin.

A ma plus grande surprise, Mermaid se mit à courir dans sa direction. Mais quelle femme qui venait d’embrasser un homme courrait rejoindre un visiteur ? Le genre de femmes qui fuyait les conséquences d’un baiser. C’était quand même elle qui était venue chercher l’embrassade. Mermaid n’était pas une femme facile à suivre. Vraiment pas facile. Elle me rendrait fou avant la fin du week-end. Plus elle se rapprochait de Vahon et plus je me disais que j’avais intérêt à me bouger. Je n’allais pas rester là, à attendre de m’enraciner. Je me mis donc à marcher jusqu’à eux, ils avaient commencé à discuter de je-ne-sais-quoi. Je le sentais mal. Mermaid était du genre cousine super gentille. Si elle l’invitait dès le premier soir de notre week-end, ce dernier ne ressemblerait plus à ce qui était prévu. A mon arrivée, je réalisai que Vahon ne voulait pas rester. C’était plutôt sa cousine qui insistait pour qu’il vienne se joindre à nous. Elle ne m’avait pas pardonné mon erreur ou quoi ? Elle savait que nous ne nous entendions pas bien et pourtant, elle l’invitait. Sa gentillesse la tuerait un jour. « D’accord, d’accord, je viens puisque tu y tiens tellement. » Génial. Allez, je n’allais pas faire le rabat-joie. C’était notre première soirée. Ce serait également l’occasion de montrer à Mermaid que Vahon et moi pouvions être dans la même pièce sans nous taper dessus. Mais la nouvelle restait dure à avaler. Après, on disait que j’étais celui qui avait le plus de mal dans les relations. Elle venait de prouver qu’elle n’était pas plus douée. « Salut ! » Derrière Mermaid, je fis un geste de la main à son cousin. « Tu vas voir, on a de l’omelette cramée pour le diner. »

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Message Posté Jeu 30 Aoû - 14:25.
Non je ne fuyais pas ; je sais, ça en avait tout l'air. J’avais bien conscience que je venais de planter Liam alors que je l’avais embrassé, uniquement pour courir après Vahon et l’inviter à la maison ; au beau milieu de nous deux. Je n’étais clairement pas bien. Mais ce baiser… Cette façon qu’il avait eu de mettre sa main au creux de mes reins, de passer l’autre dans mes cheveux, de sourire quand nous nous sommes éloignés… je crois que j’aurais très bientôt à nouveau besoin d’une dose de ça. C’était comme si tout avait été assouvi dans ce baiser. Que toutes ces pensées qui m’avaient assaillie le concernant, me représentant son corps et la sensation de ses lèvres avaient enfin trouvé leur bonheur dans ce baiser. Seulement si ça avait peut-être pu me suffire sur le moment, c’était encore pire à présent, car je savais maintenant à quoi m’attendre et j’en voulais encore, tout simplement. Mais le moment était mal choisi, car je venais d’inviter Vahon. A quoi est-ce que je pouvais bien penser ? Mon cousin m’apprit d’abord qu’il ne voulait pas nous déranger, Liam et moi. Qu’il allait retourner à l’académie. Il ne voulait pas nous empêcher de passer du temps ensemble. Il pouvait paraître aussi sincère que possible, bizarrement je n’y croyais pas vraiment. Je levai un sourcil pour voir s’il allait abdiquer ; ce qu’il finit par faire. Liam arriva derrière moi, finalement il avait bien bougé de la rivière. Je me serais bien retournée pour m’excuser une nouvelle fois, lui dire que le baiser m’avait énormément plu, mais que je ne voulais pas que Vahon se sente rejeté. En fait, je crois que j’avais tout simplement tellement aimé vivre ça, que j’avais une trouille bleue de gâcher la suite.

Nous fîmes donc tous trois demi-tour pour rejoindre la maison. Je regardai tantôt devant moi, tantôt le sol pendant je marchai. Discrètement, je pris timidement la main de Liam ; déjà parce que je ne voulais pas que Vahon se sente mal, mais aussi pour m’excuser auprès de Liam par ce geste. J’aurais totalement compris qu’il la rejette, mais il n’en fit rien. Alors je souris. Je me sentais étrangement bien. Nous arrivâmes à la porte restée ouverte et j’invitai Vahon à entrer ; Liam avait déjà toutes les raisons de passer la porte, ne serait-ce que pour récupérer son sac s’il avait voulu s’en aller. Mais comme ça ne fut pas le cas, je fus soulagée. J’allai rajouter un couvert pour Vahon, lorsqu’il m’apprit qu’il avait déjà mangé. L’omelette à raccommoder ne serait donc que pour Liam et moi ; ce qui était de toute façon prévu à la base. Je m’approchai de la poêle et lançai un sort. Après quoi elle retrouva de jolies couleurs et fut de nouveau chaude. J’invitai Liam à s’asseoir et je nous servis, en même temps que je proposai à Vahon de s’occuper avec la télévision qui était restée allumée, le temps que nous passions au dessert.

La glace, il n’allait pas y échapper. « Les cours se sont bien passés ? » Je retombais dans de la banalité pure et dure. Simplement avec Vahon, je n’avais pas besoin de faire semblant, alors je savais qu’il s’en fichait. C’était l’intention qui comptait. Je le vis s’asseoir nonchalamment dans un fauteuil alors que je prenais moi-même place sur une chaise aux côtés de Liam. Alors, cette omelette ? D’un coup de baguette, je fis amener les derniers éléments qui manquaient à la table. Oui, j’avais cette fois la flemme de me relever. Le frigo s’ouvrit et la carafe d’eau se posa sur la table, suivie par une bouteille de vin. Je ne savais pas si Liam aimait ça, où s’il était plus habitué aux breuvages du monde sorcier. Et je devais bien avouer que le vin était spécial, je connaissais peu de personne qui aimaient ça. Je m’en servis un fond et en bu une gorgée. Ce n’était pas ça qui allait me rendre saoule.

Je plantai ma fourchette dans l’omelette et la goûtai ; fort heureusement, elle était délicieuse. Je souris et jetai un coup d’œil à Liam, j’avais peur que ça ne lui convienne pas. Mais le regarder fut une très mauvaise idée. Cela me rappela le baiser. Et ça me rappela surtout que je m’en sortais n’importe comment. Si dans mes lettres j’étais apparue comme j’étais d’ordinaire, sûre de moi, aguicheuse, et tout ce qui s’en suivait, je n’arrivais actuellement pas assurer comme il le fallait. Pire, je ne faisais que m’interroger en enchaînais les bourdes. Je baissai les yeux et sentis mes joues s’empourprer une nouvelle fois. Je me raclai la gorge. « Il y a de la glace en dessert. J’ai plein de parfums, si vous voulez en mélanger. Il y a caramel pour toi, Vahon. » Après quoi je replantai ma fourchette dans l’omelette. Il fallait que j’y arrive, que mes pensées peu catholiques me quittent, au moins pour le temps du repas. Mais le souci, c’est que j’en venais à me demander où Liam allait dormir. Il y avait bien la chambre d’amis, mais je ne savais pas comment appréhender la chose. Lui proposer de dormir avec moi était bien trop suggestif et surtout trop rapide, mais lui imposer la chambre d’ami pouvait clairement dire « je ne veux pas de toi dans mon lit ». Clairement, je n’avais pas fini de me torturer l’esprit à propos de ce week-end.
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Message Posté Jeu 30 Aoû - 15:19.
Je n’avais vraiment aucune envie de me trouver là où j’étais. Pour la première fois depuis des années, je n’avais aucune envie d’aller chez Mermaid. Je voulais juste… être seul je crois. Ça m’aurait tout à fait plu d’être seul même si je n’étais pas seul dans la chambre. Quoi qu’avec un peu de chance, les autres ne seraient pas là.
Enfin… je pouvais toujours songer à ce que je voulais, je n’aurais de toute façon pas ma solitude, ni ma tranquillité, autant en faire mon deuil pour ce soir.

Liam était en train de nous rejoindre. De l’omelette brûlée hein ? Cool, je leur souhaitais bon appétit. Moi, j’avais déjà mangé. Une fois devant la maison de Mermaid, j’eus l’envie irrépressible de prendre mes jambes à mon cou et de rentrer pour faire je ne sais quoi. N’importe quoi en vérité tant que ça me changeait mes idées. Mais j’entrais à l’intérieur et allais me poser dans un fauteuil après l’invitation à manger. Moi, c’était déjà fait.
Je croisais les jambes et commençais à regarder la télé en tentant de faire abstraction de tout, même d’eux. Sauf que Mermaid ne comptait évidement pas me laisser tenir la chandelle. Le baiser, le fait qu’ils se soient tenu la main ne suffisaient pas à me rendre la situation plus difficile, il fallait qu’elle s’intéresse à moi alors que je voulais qu’on m’oublie un instant.

« Les cours se sont bien passés ? »

Les cours… pourquoi pas, c’était un sujet neutre après tout…

« Oui, presque à l’heure dans toutes mes matières. Mais j’ai réussi à écoper d’une retenue en soin aux créatures magiques et d’un devoir supplémentaire en histoire de la magie. À part ça, j’ai passé un peu de temps avec des copains ce midi. Tu te rappelles de ce gars-là ? Celui que tu avais embrassé au bord de la rivière. Un mec de Durmstrang je crois… Zut, comment il s’appelait déjà ? Ah oui ! Alexander Blackstone. Un des potes était en correspondance avec lui. Il avait pas eu de nouvelles depuis un bail. On dirait que le courrier a du mal à arriver ces temps-ci. »

Je sais, c’était… très mesquin, vraiment mesquin mais c’était sorti tout seul. Je savais pertinemment bien ce que ça impliquait dans la conversation mais je n’en avais rien à foutre. En vérité, je crois que j’avais voulu foutre la merde alors que je m’étais juré de ne pas le faire car Mermaid le vivrait mal. Ça avait pourtant été plus fort que moi. Je m’étais senti… obligé d’être mesquin même si j’avais parlé de ça sur le ton de la conversation.
Je me sentais mieux, cette petite trahison, cette petite méchanceté m’avait fait un bien fou.

Je crois Mermaid ne s’était pas vraiment attendue à ça mais toujours sur le ton de la conversation, je repris à propos de la glace cette fois alors que je zappais. Je n’étais pas fan de télévision mais elle était un sacré bon prétexte.

« De la glace au caramel ? Tu penses à tout. C’est génial. Je vais vous attendre. »

Enfin, si Mermaid ne me collait pas le pot de force dans les mains. Je sais qu’elle n’aimait pas vraiment manger en décalage. Je zappais encore sur une émission qui parlait d’animaux moldus. Ça avait l’air sympa. On y parlait des lions, des tigres. Félins assez sympathiques quand ils n’étaient pas croisés avec autre chose. Je zappais à nouveau pour tomber sur une chaîne où des gens démolissaient un immeuble qui semblait en parfait état. Bizarre ces moldus par moment. Et puis finalement, je tombais sur une chaîne avec un film qui semblait être un film d’action jusqu’à ce que ça tourne au romantisme. Mauvaise pioche. Ce genre de film me foutait le cafard, surtout avec ces deux là à côté.

« Tu devais être impatient d’arriver Liam non ? »

Oh non, ça non, je ne le laisserais pas tranquille. Il en chierait autant que moi en matière de self-control. Il aurait autant de problème que moi pour se maîtriser. Je ne savais pas ce qu’il pensait de moi au final mais je ne comptais pas être le seul à avoir des difficultés ce soir. Tant pis si je devais en payer le prix. Et puis, j’espérais secrètement que cette histoire de baiser au bord de la rivière le mettrait de mauvais poil parce que bien entendu… Je savais exactement qui était cet Alexander. Embrasser Mermaid était de famille chez eux !
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Message Posté Jeu 30 Aoû - 18:07.



On retournait tous trois dans la maison de Mermaid. J’étais encore en proies à mes interrogations. Je ne savais pas quoi penser de son comportement. Un coup, elle m’embrassait et après, elle courrait retrouver quelqu’un. Elle m’envoyait des signaux contraires. J’étais perdu. Et puis il y avait Vahon. Ce très cher Vahon qui venait s’ajouter à l’équation déjà assez difficile comme ça. Je m’étais bien douté qu’il viendrait à un moment ou un autre. Il était toujours là. Mais j’avais eu le vain espoir qu’il serait occupé, un vendredi soir. Il devait bien avoir des amis ! La dernière fois, il m’en avait cité un… je ne me souvenais plus de son prénom mais on s’en foutait. Pourquoi est-ce qu’il ne trainait pas avec lui ? Le vendredi était jour de fête, on ne trainait pas chez sa cousine. Ce gars était désespérant. A eux deux, ils essayaient de me rendre fou, j’en étais convaincu. Alors que nous marchions, Mermaid glissa sa main dans la mienne. Je n’essayai pas de la repousser. Le contact de sa paume dans la mienne avait quelque chose de rassurant. Le baiser avait bien été voulu, elle ne le regrettait pas. Cela dit, je redoutais la suite. Je ne savais pas où elle fuirait de nouveau, je ne savais pas qu’elle serait sa prochaine réaction. Je préférai ne rien dire. On se mit à table, Vahon se postant devant la télévision comme le gamin boudeur. J’avais l’impression d’être de trop. Je ne me sentais pas à l’aise. Cette fois-ci, ce n’était plus à cause de mes sentiments pour Mermaid, c’était à propos de Vahon. Je savais que quoi que je dise, il trouverait de quoi critiquer.

Côte à côte, on entama l’omelette. Bien meilleure que ce que l’on aurait pu penser. Enfin, je n’avais pas ignoré le coup de baguette et la transformation qu’elle avait fait subir au plat. Je découpai, mâchai, avalai. Il n’y avait rien à dire. Il n’y avait que le silence que la télévision n’arrivait pas à effacer. Mermaid s’intéressa à la journée de son cousin. Celui-ci ne manqua pas de raconter en détail, étant presque fier d’avoir eu une heure de retenue. J’avais été ce garçon. Le garspas sérieux qui passait son temps libre en retenues. Je ne l’écoutai plus, mâchant obligeamment l’omelette. Elle n’avait pas le même goût que d’habitude. Je n’arrivais pas à trouver ce qui clochait. Je ne pouvais pas en profiter autant que je l’aurais souhaité. Parce que Vahon était là. Je fis passer le morceau d’omelette avec un peu d’eau. « Tu te rappelles de ce gars-là ? Celui que tu avais embrassé au bord de la rivière. Un mec de Durmstrang je crois… Zut, comment il s’appelait déjà ? Ah oui ! Alexander Blackstone. » Je recrachai l’eau dans mon verre. Putain de merde, c’était quoi ce délire ? Je reposai mon verre plus brusquement que je ne l’avais souhaité et baissai la tête, faisant mine de découper l’omelette. Bordel. Bordel. J’avais dû mal entendre. Alexander Blackstone. Durmstrang. Embrassé. Rivière. Bordel. Il n’y avait pas quarante Alexander Blackstone à Durmstrang. Je n’avais pas non plus quarante cousins en Russie.

Je levai discrètement les yeux de mon assiette pour croiser ceux de Vahon. Malsain, ce mec était totalement malsain. Il savait ce qu’il venait de faire. Il savait qui était Alexander pour moi. Je voyais à ses yeux qui pétillaient de malice qu’il n’avait pas fait de bourde. Il avait réellement voulu voir comment j’allais réagir. Le connard. Je serrai ma fourchette dans mon poing. Il y avait également une deuxième vérité qui faisait mal, là-dedans. Mermaid avait embrassé mon cousin. Et elle m’avait embrassé dix minutes plus tôt. Je sentais encore la pression de ses lèvres contre les miennes. Je sentais encore sa main dans ma nuque. Comment est-ce qu’elle avait pu faire ça ? Elle devait forcément savoir qu’Alexander était mon cousin puisque Vahon le savait. Est-ce qu’elle n’avait pas vu que l’on se ressemblait sur certains points ? J’arrachai rageusement un bout d’omelette. Non, Mermaid ne pouvait pas savoir. Ce n’était pas possible. A l’air triomphant de son cousin, je le comprenais. Où étaient toutes ses belles paroles ? « Je ne veux rien faire contre ma cousine, gniagniagnia » Mais oui, bien sûr ! Non, il voulait me monter contre elle. Il voulait que l’on se dispute. J’allais étrangler ce morveux. « De la glace au caramel ? Tu penses à tout. C’est génial. Je vais vous attendre. » Il continuait de répondre comme si de rien n’était. Il faisait semblant de ne pas voir ce qu’il venait de faire. J’allais vraiment l’étrangler, l’étriper et lui arracher les yeux de la tête. Ces foutus yeux malsains.

Il fallait que je me raisonne. Il savait que c’était mon cousin, très bien, je ne savais pas comment il l’avait pris, même si ça ne devait pas être très compliqué de le savoir. Très bien. Il voulait me toucher. Il avait réussi. Il n’arriverait pas à me faire exploser. Il n’arriverait pas à me séparer de Mermaid. Il échouerait là et repartirait déçu. Il voulait jouer à ça, je n’entrerai pas dans son jeu. Surtout que ça pouvait aller loin. Je savais de quoi j’étais capable quand on me cherchait trop. Je n’étais jamais le dernier à me battre. Je pourrai le regretter le lendemain. Plutôt que de m’énerver contre lui, j’allais passer mes nerfs sur l’omelette. J’allais découper cette forme qui ressemblait cette tête et puis prendre un malin plaisir à mordre dans ce morceau qui pouvait s’assimiler à un bras. Il ne m’atteindrait pas. Il ne me provoquerait pas. Je ne foutrais pas tout en l’air à cause de lui. « Tu devais être impatient d’arriver Liam non ? » Et toi, tu devais être impatient que j’arrive pour que tu me pourrisses la vie. Je lâchai ma fourchette qui alla s’écraser contre l’assiette. C’était plus que je ne pouvais supporter. Il jouait le meilleur pote. Il voulait montrer à Mermaid qu’il était gentil et s’intéressait à moi. Le faux-cul. Dommage que ma baguette soit restée dans mon sac. Ou heureusement. S’il avait des problèmes, qu’il les règle avec quelqu’un d’autre. Je ne serai pas souffre-douleur. Je voulais être personne pour lui.

Je repoussai la chaise et me levai. « Excuse-moi, Mermaid, mais j’ai besoin de prendre l’air. » J’étais impoli mais je préférais encore ça que de sauter au cou de son cousin. Si il me suivait dehors, là, je ne répondrais plus de rien. Je n’en pouvais plus de lui. Je ne pouvais même plus supporter de l’avoir en face de moi. Je jetai un dernier coup d’œil à Vahon puis sortis. L’air frais me fit du bien. J’aurais pu rester là, près de la porte mais il était encore trop près. Je devais m’éloigner de Vahon. De cette foutue maison. Je descendis le chemin menant jusque la rivière. On dirait que Mermaid avait l’habitude d’embrasser les gens ici. Elle ne se servait peut-être pas de son charme mais elle utilisait l’environnement. Je ne pouvais pas penser qu’elle faisait la même chose avec tout le monde. Elle ne collectionnait pas les conquêtes, elle me l’avait dit. Si cela avait été le cas quand elle était encore à l’école, la situation avait changé. Je m’arrêtai à mi-chemin entre la maison et la rivière. Je ne supporterai pas aussi longtemps Vahon. Je ne pourrai pas retourner là-dedans alors qu’il y était encore. Je ne pouvais pas non plus rester là. La meilleure solution serait probablement de m’en aller. Mermaid m’en voudrait mais je n’étais pas prêt à subir les attaques de son cousin. Je tournai la tête pour la découvrir à mes côtés. « Est-ce que… tu le savais ? Est-ce que tu sais qui est Alexander ? »

Je devais le savoir pour continuer d’avoir une bonne image de Mermaid. Je voulais qu’elle me rassure et me dise qu’elle n’avait pas fait exprès de choisir deux cousins. Enfin, c’était débile. Elle ne ferait jamais une chose pareille. Elle n’était pas au courant. « Alexander est mon cousin. » La bombe était lâchée. Oui, je connaissais Alexander et en plus, c’était mon cousin. La douleur était encore plus ample. Si Vahon avait simplement énoncé le prénom d’un de ses anciens petits amis, je n’aurais pas réagi ainsi. J’avais moi aussi d’anciennes conquêtes. Je ne voyais pas pourquoi j’aurais été jaloux. Mais Alexander… il savait ce qu’il faisait en prononçant son nom. Vahon était parfaitement conscient. Je fermai les poings. « Ton cousin… Vahon… » Prononcer son prénom me faisait mal. Je n’y arrivais presque pas. « Il fait tout pour m’énerver. » Elle ne me croirait pas. Elle ne m’avait pas plus cru quand je lui avais dit par lettres car elle ne lui en avait pas parlé. Elle me prendrait pour un fou, jaloux de son cousin. Mais ce n’était pas ça. Elle ne voyait rien. Elle ne voyait pas qu’il faisait tout pour nous séparer.

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Message Posté Jeu 30 Aoû - 22:20.
Au moins, Liam avait l’air d’apprécier l’omelette. Un bon point pour moi ! C’était déjà ça de pris. Je regardai Vahon zapper les chaines pendant qu’il commençait à me raconter sa journée. Il avait l’art de se prendre des retenues à la pelle. Même moi je n’en avais pas eu autant à l’époque où j’étais étudiante. Quoi que, il y avait une bonne raison à cela. Le corps enseignant était au courant de ma nature de sirène et faisait bien souvent l’impasse sur mes absences puisque j’étais obligée d’aller nager. Et je devais bien avouer je me m’étais souvent servie de ce prétexte pour justifier mes retards ou mes cours manqués. « À part ça, j’ai passé un peu de temps avec des copains ce midi. Tu te rappelles de ce gars-là ? Celui que tu avais embrassé au bord de la rivière. Un mec de Durmstrang je crois… Zut, comment il s’appelait déjà ? Ah oui ! Alexander Blackstone. Un des potes était en correspondance avec lui. Il avait pas eu de nouvelles depuis un bail. On dirait que le courrier a du mal à arriver ces temps-ci. » Je me figeai. Liam, à côté de moi, s’étouffa dans son verre. Ou plutôt… il recracha son contenu. Mince. Je fis l’impasse sur l’élégance de la chose tellement j’étais prise au dépourvu. Pourquoi diable Vahon parlait-il de ça ? Déjà, le temps que je me souvienne ce moment-là et surtout de quel garçon il s’agissait, il avait enchaîné sur autre chose. J’étais fichue. Liam allait penser que je fricotais avec tout le monde, à coup sûr. Je lui avais pourtant dit dans mes lettres que je n’étais pas comme ça. Il allait penser que notre baiser au bord de la rivière n’avait été qu’un baiser de plus parmi ma panoplie que j’exhibais fièrement. J’étais vraiment mal.

« De la glace au caramel ? Tu penses à tout. C’est génial. Je vais vous attendre. » Mais le moment ne prêtait pas réellement à penser au dessert. Enfin, j’imagine que pour Vahon oui, mais j’étais dans un état d’hébétement tel que je n’arrivais pas à réagir. Lorsque je repris enfin le contrôle de moi-même, je me sentais honteuse. Honteuse que Vahon m’ait vue, ce fameux jour à la rivière, honteuse que Liam l’ait appris, surtout de cette manière. Il allait réellement me prendre pour allumeuse, et il ne croirait plus rien de ce que je lui avais dit, ni même à notre baiser. Je baissai les yeux et reposai ma fourchette. Je n’avais plus faim. Vu la façon dont Liam avait reposé son verre, il était clair qu’il m’en voulait. Il allait s’en aller, et tout serait fini. Déjà. « Tu devais être impatient d’arriver Liam non ? » Liam lâcha sa fourchette. J’avais beaucoup de mal à les suivre, tous les deux. Liam n’avait réellement pas menti en parlant du souci qui régnait entre eux, je pouvais le voir maintenant. Il se leva de sa chaise. « Excuse-moi, Mermaid, mais j’ai besoin de prendre l’air. » Ça y était, il allait s’en aller à coup sûr. Je me tournai vivement vers lui et ouvris la bouche mais aucun son n’en sorti. Je le regardai sortir, complètement démunie ; et surtout complètement paumée. Après quelques longues secondes je tournai la tête vers mon cousin. « Mais à quoi tu joues ? Qu’est-ce qui t’as pris de parler de ce baiser ? » Je lui lançai un regard noir et sortis à mon tour de la maison sans attendre de réponse.

Liam n’était pas allé très loin. Il s’était considérablement éloigné de la maison, certes, mais pas au point d’aller jusqu’à la rivière. Il s’était arrêté et j’hésitai encore à le rejoindre. Mais au point où on en était, s’il souhaitait partir, autant l’affronter. Il fallait que je lui explique que je n’embrassais pas tous les premiers venus. Cet Alexander… c’était différent. Ça avait été un pur caprice de notre part à tous les deux, je ne le comptais même pas parmi mes conquêtes. Un baiser, ça n’avait été qu’un baiser. J’arrivai derrière lui et me plaçai lentement à ses côtés. Je ne savais pas quoi dire, et je n’allais très certainement pas l’engueuler. C’était moi la fautive. Ou plutôt Vahon, mais passons. J’attendis qu’il se tourne enfin vers moi. Je regardai le sol, j’étais toujours terriblement honteuse. « Est-ce que… tu le savais ? Est-ce que tu sais qui est Alexander ? » Je relevai ma tête vers lui et fronçai les sourcils. Comment ça, je savais qui c’était ? Qu’avais-je à savoir ? Comment le connaissait-il lui, déjà ? Mon incompréhension dû se lire sur mon visage car il enchaîna avec la révélation. « Alexander est mon cousin. » Je fis les yeux ronds et eus un mouvement de recul. Alors que j’ouvrai la bouche face à la surprise, j’y portai une main pour la recouvrir. Son cousin. J’avais embrassé le cousin de Liam. Comment aurais-je pu savoir ? J’avais doublement honte et maintenant, j’étais désolée. Terriblement désolée de devoir lui imposer ça. Mais bon sang, Vahon n’avait pas pu se taire ! « Liam… » Un murmure. Je ne savais pas quoi lui dire ; j’étais sous le choc. Non seulement il allait me prendre pour une allumeuse mais en plus, qui devait apprécier de se taper toute une même famille. La meilleure chose à faire pour le moment était de lui dire que je n’étais pas au courant de son identité. J’aviserai ensuite. Mais Liam continua. « Ton cousin… Vahon… Il fait tout pour m’énerver. » je le regardai sans comprendre. Ou du moins, pas totalement. D’un coup, il était clair qu’il avait parlé de ce baiser pour embêter Liam. Leur querelle était donc loin de s’apaiser. Seulement, avait-il était au courant de leur lien de parenté ? Était-ce fait exprès ? Si c’était le cas, il allait passer un sale quart d’heure, j’y veillerai personnellement.

Je devinai que c’était pour se calmer qu’il était sorti. Vahon l’avait vraiment cherché. Finalement remise de ma découverte, je me mis à rougir en prenant la parole. Tout ça ne m’avait pas éclairée sur la théorie selon laquelle il allait écourter notre week-end. « Ecoute… Je n’étais absolument pas au courant qu’Alexander est… ton cousin. Ça n'était pas voulu, ça s'est fait comme ça, je te passe les uniques détails. Il n'y a rien à en dire. » L’évidence était réellement dure à dire. J’avais embrassé son propre cousin, c’était vraiment étrange comme concept. « Je suis également terriblement désolée pour le comportement de Vahon. Je… Je vais essayer d’avoir une discussion avec lui. Qu’il ne te rentre plus dedans comme ça, du moins pour ce week-end. » Il avait réellement un souci, il n’aurait pas balancé une chose pareille sinon. Et le simple fait de s’inquiéter pour moi n’était plus crédible à présent. Il avait quelque chose contre Liam, confiance mise de côté, c’était bien trop grave à présent. S’il lui avait dit tout ça pour qu’il s’en aille, au moins c’était réussi. Mais je n’en démordrai pas, j’aurais mon explication. Je frottai un bras avec l’autre, signe évident que j’étais paumée. Je me mordis la lèvre. « Excuse moi pout tout ça… tout ce que Vahon t’as dit. Ce n’était vraiment pas intensionnel. Du moins… pas de ma part. » Et j’entendais par là que je n’avais aucunement planifié d’embrasser son cousin…

J’approchai doucement de lui, les yeux baissés. Ça pouvait paraître complètement inapproprié étant donné les événements, mais je n’avais envie que d’une chose, qu’il me pardonne ; et pour ça, je me laissai à nouveau porter par mon instinct et mes envies. Je soupirai de désolation et très lentement, je vins poser une main sur sa joue, tournant son visage vers moi. Si notre premier baiser avait été plus « sauvage » dans la façon dont il s’était produit, cette fois-ci je posai doucement ma bouche sur la sienne. Si notre premier baiser avait été fort en intensité, cette fois-ci j’y passai tous mes sentiments. Oui, ils étaient bien là, ceux-là. Je posai mon autre main sur son torse pour sentir son cœur battre. J’étais tellement bien contre lui que j’avais l’impression de ne pas avoir vécu ce qu’il venait de se passer. C’était maintenant certain, je ne voulais plus me passer de ses baisers. Peu importe ce que j’allais devoir faire pour m’assurer de garder Liam avec moi. Il était hors de question que Vahon arrive à gâcher tout ça.

Lorsque je me défis de lui, sans un mot je pris sa main et je nous dirigeai vers la maison. Je savais qu’il ne voulait très certainement pas revoir mon cousin mais j’étais fortement agrippée à sa main. Aussi, je l’obligeai plus ou moins à avancer avec moi. Nous arrivions à hauteur de l’entrée. Vahon était toujours là, et nous attendait. Je n’arrivais pas à déchiffrer son expression, s’il était désolé ou content de lui. Si bien que ne voulant pas prendre de risque, je brisai la glace. « Je pense qu’il est temps pour toi de rentrer. Tiens. » J’ouvris le congélateur, attrapai le pot de glace au caramel et posai une cuillère par-dessus. Après quoi je fourrai le tout dans les mains de Vahon. « Bonne nuit Vahon. » Je réclamerais mon explication plus tard ; mais je l'aurais.
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Message Posté Jeu 30 Aoû - 23:06.
Je le savais que je n’aurais pas dû rester. Je le savais que j’aurais dû la laisser me faire ses yeux menaçants. Je le savais que je n’aurais même pas dû m’arrêter quand elle m’avait parlé tout à l’heure. Je le savais que j’aurais dû fuir comme un lâche, ce que j’étais en réalité.
Mais non ! Ça avait été plus fort que moi, il avait fallu que je la suive, que je craque face à elle, comme toujours. Comme toujours, quand j’étais en face d’elle, j’étais faible. J’avais été faible et tout le monde en payait le prix. J’avais fait mon petit effet pour emmerder Liam mais Mermaid en souffrait. J’avais gagné… Oh oui, j’avais gagné et je me détestais pour ça.

Que Liam se tire, ça, je n’en avais rien à foutre, vraiment rien. À cet instant précis, j’étais d’un égoïsme sans borne. J’avais mal… mal à en crever. Je culpabilisais mais j’étais aux anges. Je savais que c’était inutile mais ça ne m’empêchait pas de me sentir… inexistant, inutile, invisible. Pour la première fois je crois, je me sentis réellement seul. Le mot solitude venait de prendre tout son sens. Si je n’avais rien montré quand j’avais parlé, il en était autrement quand Mermaid était sortie. Je le savais, je me sentais comme un moins que rien. Sans aucun doute, mon père aurait aimé le spectacle de me voir enfin me sentir comme il me considérait. Le paradoxe c’est que c’était à Mermaid que l’on devait cet état esprit et à Liam.
Je passais de l’euphorie à la peine, de la joie à la rage, du contentement à la détresse. Ce poids qui m’écrasait était maintenant insupportable. Un simple coup d’œil par la fenêtre me mit au tapis. Je ne pouvais plus… Je ne pouvais plus jouer au gars pour qui tout va bien dans le meilleur des mondes.

J’aurais été incapable de la regarder droit dans les yeux avec le regard qu’elle m’avait lancée, j’aurais été incapable de lui parler mais il fallait que ça sorte, il le fallait parce que ça allait me tuer. Ce secret trop lourd allait véritablement me tuer si je ne faisais pas quelque chose très vite. Je fouillais rapidement après un morceau de papier mais je ne parvins pas à trouver une plume ou un bic. J’employais la magie. Quelques mots se tracèrent sur le papier comme si je les avais écrits.

- Tu voulais savoir ce qui m’arrivait, si tout allait bien. Bien sûr que ça ne va pas. Rien n’ira jamais bien pour moi tant que je t’aimerais… Je t’aime depuis des années. -

Je n’avais pas besoin de signer, elle reconnaîtrait mon écriture et ma magie. Je rangeais ma baguette, prêt à m’effondrer mais je n’en avais pas encore le droit, j’attendis, j’assistais à leur baiser, je me forçais à regarder, je me forçais à ne jamais oublier cette image tout comme j’imprimais dans ma mémoire le regard qu’elle m’avait lancé avant de le rejoindre.
Je commençais à ne plus contrôler mes mains, ni ma respiration. La boule qui se formait dans ma gorge prenait de l’ampleur. Il fallait qu’ils reviennent tous les deux maintenant, tant que j’étais encore capable de tenir debout, tant que j’étais capable de me mettre en route pour m’éloigner d’ici. Je m’obligeais à rester là et à attendre qu’ils reviennent. Pire que tout, la vérité que j’allais balancer, les vérités que j’allais balancer ne me seraient peut-être jamais pardonnées.

Je les vis revenir vers la maison, Mermaid traînant plus ou moins Liam derrière elle. Je glissais de côté, me forçant à rester impassible encore un instant. Elle se dirigea vers le congélateur et en revint, me mettant un pot de glace dans les mains. Elle n’avait pas encore vu la note, logique.

« Je pense qu’il est temps pour toi de rentrer. Tiens. » Je ne bougeais pas encore. « Bonne nuit Vahon. »

Sur mon visage, elle ne trouverait aucune réponse. Je savais qu’elle en cherchait une mais ça n’est pas ainsi qu’elle l’obtiendrait. J’étais parfaitement capable de ne rien exprimer, ne rien démontrer…
C’était maintenant ou jamais. Je laissais tomber le pot de glace et la cuillère. Comme si j’avais quelque chose à faire d’objets si insignifiant à cet instant précis. J’entendis les objets heurter le sol, les battements de mon cœur résonnaient à mes oreilles. Egoïstement, je me rapprochais de Mermaid et je l’embrassais, posant à peine quelques secondes ma main sur sa joue. Je me reculais, je regardais Liam. Je m’en fichais qu’il l’ai vu, ils étaient ensemble non ? Il avait le droit de comprendre pourquoi je le haïssais mais dans mes yeux rien ne permettaient de se tromper. J’étais vaincu. Je fis demi-tour et sans plus attendre à présent, je pouvais fuir. Je me mis à courir, me découvrant une endurance que je ne me connaissais pas, je me laissais à présent envahir par les pires sentiments qui soit, je me laisser aller à aimer, je me laissais aller à la haine, à la rage, au dégoût, à la tristesse et avant même que je ne m’en rende compte, je crois que j’avais pleuré. Je ne m’en aperçus qu’une fois arrêté, loin de la Hutte aux Coquillages, loin de Mermaid, loin de la rivière. J’aurais voulu hurler mais c’était irresponsable, combien m’entendrait, à combien d’élèves ferais-je peur ? Alors je m’abstins et je me laisser tomber. J’étais dans le jardin pourpre, l’ironie était complète. Le jardin des amoureux… Je me glissais dans un endroit où je serais tranquille. Je ne dormirais pas cette nuit, à quoi bon rentrer… je fermais les yeux et la sensation fantôme de ce baiser que j’avais volé se mit à me ronger. Un poison dans mes veines, voilà tout ce qu’était cet amour interdit et contre nature. Mes mains tremblaient l’air que j’inspirais était douloureux, celui que j’expirais un soulagement. Je ne désirais qu’une seule chose, la paix, une paix que je n’aurais jamais car dès l’instant où je fermais les yeux, je les revoyais s’embrasser, je les revoyais à deux alors que moi… je ne l’aurais jamais.

Des ravages que j’avais peut-être causés, je ne m’en inquiétais même pas, au moins ne serais-je plus obligé de mentir quand on me demanderait si tout allait bien. Non… rien n’irait jamais bien tant que je l’aimerais.
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Message Posté Ven 31 Aoû - 13:49.



Je le vivais comme une trahison. On avait pourtant bien été d’accord. Nous devions nous entendre le mieux possible. Pour Mermaid. Vahon m’avait certifié qu’il ne ferait rien contre elle. Bien sûr, il ne m’avait pas affirmé qu’il ne ferait rien pour nous séparer. Cependant, j’avais espéré. J’avais pensé qu’il se ferait violence puisque j’essayerais de faire des efforts. Mais non. Vahon m’avait trahi. Il avait essayé de me blesser en ressortant un minable dossier sur sa cousine. Oui, elle avait embrassé mon cousin. Ça faisait mal. Je me posais des questions sur la sincérité de Mermaid mais je savais qu’elle n’y était pour rien. Je savais qu’elle ne se doutait pas qu’Alexander était de ma famille. Tout cela n’était qu’une affaire entre Vahon et moi, finalement. Je ne supportais pas de l’apprendre par lui. J’aurais voulu ne pas le savoir du tout. Il y avait certaines vérités qui étaient bonnes à garder pour soi. Le pire était sûrement qu’il ne respectait même pas son engagement. Il faisait souffrir Mermaid. Qu’il veuille me toucher était une chose, faire du mal à sa cousine en était une autre. C’était un salaud. Quand il disait ne pas être aussi bien qu'elle voulait le croire, il avait tout à fait raison. Il cachait son jeu. Derrière son visage angélique se dissimulait un garçon sans cœur. Qu’est-ce qu’il avait bien contre moi pour être aussi cruel ?

Mermaid ne savait même pas quoi dire de tout cela. Tout lui échappait. Elle ne savait pas ce qu’il se passait. Elle devait sûrement réaliser que je n’avais rien inventé. C’était totalement le délire. J’étais censé passer un week-end tranquille. Il ne devait pas y avoir de disputes, pas de conflits, pas de chamboulements à la dernière minute. J’aurais plutôt dû rester à Sainte Mangouste pour m’occuper de patients toute la journée. Mon week-end aurait été beaucoup plus tranquille. Au lieu de ça, j’étais dehors, au milieu de la nuit, à essayer de me calmer. Je ne voulais pas montrer le Liam violent et colérique. Pas ce soir. Pas maintenant. Je ne ferai pas non plus plaisir à Vahon pour me discréditer devant Mermaid. D'ailleurs, elle restait discrète, à mes côtés. Je n’avais pas voulu que l’on se dispute devant elle car ce conflit ne la concernait pas. C’était son crétin de cousin qui ne savait pas faire la différence. J’aurais préféré qu’elle reste là-bas. Me calmer était plus facile quand j’étais seul. « Ecoute… Je n’étais absolument pas au courant qu’Alexander est… ton cousin. Ça n'était pas voulu, ça s'est fait comme ça, je te passe les uniques détails. Il n'y a rien à en dire. » Je haussai les épaules. Elle ne faisait que confirmer mes doutes. Elle ne savait rien. Le problème ne venait que de Vahon. Il voulait foutre la merde. Il y arrivait.

« Je suis également terriblement désolée pour le comportement de Vahon. Je… Je vais essayer d’avoir une discussion avec lui. Qu’il ne te rentre plus dedans comme ça, du moins pour ce week-end. » Cette discussion, elle aurait dû l’avoir depuis longtemps. Je le lui avais dit. Elle ne l’avait pas fait. A quoi cela servirait-il d’en discuter maintenant ? Le mal était déjà fait. Je poussai un soupir. J’aurais voulu passer la soirée ici. L’air frais me ferait du bien et me rafraichirait l’esprit. « Excuse moi pout tout ça… tout ce que Vahon t’as dit. Ce n’était vraiment pas intensionnel. Du moins… pas de ma part. » Elle s’excusait. Quel connard faisait Vahon. Elle se sentait coupable pour quelque chose qu’elle ne savait pas. Tout lui échappait et elle se sentait mal. Je n’aurais pas dû me fier à lui, pensant bêtement qu’il ferait un effort. J’entendais encore le rire dément qu’il avait eu, un mois plus tôt. Ce gamin avait un sacré problème. Mermaid se rapprocha de moi. Je n’étais pas sûr de le vouloir. J’avais besoin d’être tranquille, de repenser à tout cela. J’aurais voulu m’écarter d’elle mais elle l’aurait mal pris. Je ne voulais pas la blesser plus qu’elle ne l’était déjà. Alors je ne bougeai pas. Le contact de sa main me fit des frissons. Je n'aurais pas dû la laisser m’approcher. J’avais peur de mes réactions.

Elle m’embrassa, une nouvelle fois. Cela devenait une habitude. Elle allait finir par prendre les devants à chaque fois mais je m’en fichais. Je n’avais pas le cœur à protester. Je profitai de ce moment tous les deux. Sa deuxième main se posa sur mon torse. Elle me calmait. Elle m’apaisait. Je posai ma main sur la sienne. Ça faisait du bien de sentir la colère disparaitre grâce à elle. Mermaid s’écarta de moi mais garda sa main dans la mienne. Je n’avais pas envie de la suivre. Je ne voulais. Je pouvais paraitre puéril, certes, mais je ne tenais pas à revoir Vahon. Elle avait beau eu m’apaiser, je ne l’étais pas encore assez pour pouvoir me contrôler face à lui. Elle m’entraina de force derrière elle. Je savais ce qui m’attendrait là-bas : Vahon, son regard malsain, son sourire fier. Je n’en avais pas envie. Mermaid ne m’avait rien sur ce qu’elle comptait faire. J’aurais voulu qu’il s’en aille mais je n’étais pas chez moi. Il avait davantage ses droits ici que moi. En tout cas, je ne resterais pas là à le regarder et à l’écouter me provoquer. Une seule provocation et je m’en irais. « Je pense qu’il est temps pour toi de rentrer. Tiens. » Je relevai les yeux. Elle le virait. Je ne l’aurais pas cru. « Bonne nuit Vahon. » C’était direct, elle ne le lui laissait pas le choix. Il ne serait pas content. Mermaid montrait clairement son choix. Elle me choisissait plutôt que son cousin. A partir de maintenant, il verrait qu’il ne pouvait plus s’amuser avec moi comme il le faisait avant.

Le pot de glace et la cuillère lui échappèrent des mains, à moins que ça ne soit lui qui les ait fait tomber. Il n’était pas content. Pas du tout. Je le dévisageai dans l’attente de la suite. Je ne savais pas à quoi m’attendre de sa part. Il pouvait crier, frapper ou bien partir. Il fit tout autre chose. Il fonça sur Mermaid et… l’embrassa. C’était irréel. On était tous là, à attendre et la seconde d’après… il l’embrassait. Bordel mais qu’est-ce qui clochait chez lui ? Je lui foutrais bien une claque. Un bon coup pour qu’il se réveille. Non mais quel crétin. Je n’avais aucune idée de comment réagir. Je le regardais, c’était tout ce dont j’étais capable. Je lui aurais bien sauté à la gorge pour l’étrangler mais j'étais comme figé. Son comportement dépassait tout ce que j’avais prévu. Et puis, il partit. Je n’avais toujours pas bougé, je n’avais rien dit. J’étais sous le choc. Par Merlin ! Si je m’attendais à ça. Tout s’expliquait. Je comprenais maintenant pourquoi ce salaud me détestait tant ! Parce que je lui piquais celle qu’il « aimait ». Il m’en voulait d’avoir la possibilité de sortir avec elle, alors qu’il ne pouvait. Ce gamin me faisait payer sa folie. Il était encore plus cinglé que je ne me le figurais. Il venait de foutre en l’air notre week-end. Je me portai vers Mermaid et lui touchai doucement le bras. Qu’est-ce que je pouvais lui dire ? Que son cousin était crétin bon à interner ? « Est-ce que ça va ? »

Bien sûr que non, elle n’allait pas bien. Elle venait de se faire embrasser par Vahon, son propre cousin, un membre de sa famille. Tout ce en quoi elle croyait venait de s’effondrer. Elle n’aurait plus jamais les mêmes rapports avec lui. Je n’aurais pas aimé être à sa place et je ne le serais jamais. Après tout, pour moi, Vahon n’était rien. Il n’était qu’un morveux qui m’avait pourri la vie et qui venait de faire la pire erreur de sa vie. Sa situation était déjà assez périlleuse pour que je m’énerve contre lui. La soirée était plombée. L’envie n’y était plus. « On ferait peut-être bien d’aller se coucher… pour réfléchir. » Plutôt cette journée serait terminée, mieux ça serait. De toute manière, il n’y avait plus rien à dire. Si Mermaid voulait que je m’en aille demain, je le ferai. Si elle avait besoin de réfléchir à tout cela tranquillement, je partirais. Mais pour le moment, on avait besoin de dormir.

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Message Posté Ven 31 Aoû - 16:05.
Je regardai Vahon, j’attendais qu’il s’en aille. Qu’il dise au revoir et qu’il rentre à l’académie. Je sais que j’avais été dure, froide, sèche. Mais j’avais besoin de tranquillité, dans l’immédiat. Me rendre compte qu’il y avait bien un problème ne m’avait pas mise de bonne humeur, et pourtant j’avais réussi à calmer Liam. Tellement paradoxale. Je crois que j’étais en fait trop lessivée pour arriver à me mettre en colère. Alors j’étais simplement sèche. C’était le mieux que je pouvais faire. Le pot de glace et la cuillère dans les mains, Vahon ne bougeait pas. Mais qu’est-ce qu’il attendait ? Finalement, j’aurais préféré ne pas m’interroger. Il lâcha tout, s’approcha de moi et… m’embrassa. Je sentis sa main sur ma joue une fraction de seconde, son air chaud, saccadé, nerveux. Je ne pouvais pas bouger, non, cela m’était impossible. Même lorsqu’il se recula, qu’il regarda Liam et qu’il prit la fuite en courant. Je restai plantée là, sans savoir quoi faire, sans savoir quoi dire. J’avais réellement du mal à réaliser ce qu’il venait de se produire. Ou plutôt, ma tête ne voulait pas l’accepter. Seulement, lorsque je baissai les yeux sur le comptoir de la cuisine et que je remarquai un bout de papier, mon cerveau se débloqua. Je n’avais pas besoin de le saisir pour lire ce qui y était marqué. Vahon me révélait ses sentiments. Il m’aimait. Il m’aimait, et ce depuis des années. J’en vins même à me demander comment j’avais fait pour ne pas m’en apercevoir. Le fait qu’il ne soit jamais sorti avec une fille, du moins pas à ma connaissance ; le fait qu’il passe le plus clair de son temps chez moi ; le fait qu’il ait parlé d’Alexander devant Liam. Tout prenait un sens certain. Je n’arrivais pas à détacher mes yeux du bout de papier. Je relisais encore et encore ses mots, sa magie ; son amour. Il ne voulait pas de Liam ici ni autour de moi parce qu’il m’aimait. C’était tellement clair. Ma tête me tournait. Et je fus surprise de ne pas m’être mise à pleurer. Mon cousin était amoureux de moi, tout simplement. C’était si inattendu, si surprenant, si… banal. Oui, j’avais bien dit banal. Nombre de moldus comme sorciers se fréquentent dans une même famille, souvent entre cousins. Et il n’en ressort pas forcément d’enfants mal formés ou attardés. Je n’étais pas en train de dire que j’allais répondre positivement à Vahon, loin de là… mais maintenant, je n’avais plus autant envie de lui passer un savon. Il était amoureux, et ce genre de choses ne prévenait pas avant d'arriver. Il allait falloir qu’on discute, c’était indéniable. Mais j’éprouvais bien plus de la compassion que de la colère à son égard. Autant le dire, j’étais complètement déroutée. Autant par le fait qu’il avait gâché la soirée, gâché la relation qu’on avait, mais également par le fait que j’étais désolée pour lui. Ça avait dû être affreux pour lui de me fréquenter tout en ayant ce genre de sentiments à mon égard ; affreux de voir Liam me rendre visite, me plaire, venir, et… m’embrasser. Même si, techniquement, c’était moi qui avais fait le premier pas en ce sens. Clairement, je ne savais pas quoi penser. J’étais perdue.

Et Liam ? Qu’allait en penser Liam ? Je pris une grande inspiration, fis disparaître le papier avec un sort murmuré, et attendis mon jugement. Liam allait nous prendre pour des fous, une famille de tarés. Et il y avait de quoi. J’agissais n’importe comment, mon propre cousin m’embrassait… C’était déroutant, même trop. J’aurais très bien compris qu’il s’en aille, même si ça n’était pas mon souhait. Au lieu de ça, je le vis s’approcher de moi et poser sa main sur mon bras. Il allait me frapper ? « Est-ce que ça va ? » Je fermai les yeux pour reprendre mes esprits. Non, ça n’allait pas. Mais j’étais toujours là, Liam aussi, et il n’avait pas l’air de vouloir s’en aller. Je secouai la tête, incapable de prononcer le moindre mot. J’avais trop peur de m’effondrer, de sentir les larmes me monter. Je me baissai pour ramasser le pot de caramel et la cuillère pour les ranger. Je restai un moment devant le congélateur ouvert ; sa fraicheur me faisait un bien fou. Il ne faisait pas excessivement chaud mais tous ces chamboulements m’étaient montés à la tête. D’un mouvement de baguette, et d’un murmure, j’ordonnai à la tablée de se ranger. Je n’avais pas la foi de me mettre à faire le ménage manuellement. Ça aurait pu attendre le lendemain mais je ne voulais pas passer pour une souillon devant Liam. « On ferait peut-être bien d’aller se coucher… pour réfléchir. » Je me tournai enfin vers lui, hésitant à planter mon regard dans le sien. J’avais peur ; peur de ce que je pouvais y trouver. De la colère, de la déception, du dégoût, qu’en savais-je. Ce qui était sûr pour le moment, c’était qu’il n’allait pas s’en aller ce soir ; il ne serait déjà plus là sinon. Le temps d’attraper son sac, de transplaner et pouf. Plus de Liam.

Le congélateur était toujours ouvert. Je m’emparai d’un pot de glace menthe-chocolat, de la cuillère que Vahon aurait dû emmener avec lui, et je passai devant Liam. Je baissai les yeux tant je me sentais mal pour lui. Je récupérai ma baguette, fermai la porte d’entrée, les lumières et me dirigeai vers les escaliers. « … Viens. » Incapable de parler fortement, c’était tout ce que j’arrivai à sortir. Une boule énorme était nichée dans ma gorge. Et je sentais que j’allais m’écrouler si je faisais un trop gros effort. Que j’allais fondre en larmes. Pourtant, les larmes, elles n’arrivaient pas. Une fois à l’étage, je lui indiquai où se trouvaient la salle de bain, les toilettes, et la chambre qu’il pouvait utiliser. Le lit était déjà fait. J’étais à nouveau sur ma précédente interrogation, sauf que cette fois-ci, le tableau était plus clair. J’allais encore hésiter sur le fait de l’inviter à dormir avec moi, ou lui imposer la chambre d’ami. Mais il était clair que dorénavant, je ne savais plus du tout ce qu’il pensait. S’il avait pu se montrer doux et rassurant dans le salon, je ne savais absolument pas comment il allait réagir face au dilemme des chambres ; j’étais certaine qu’il était en colère, qu’il ne voulait plus de moi. Qu’il attendait juste de passer la nuit et de rentrer, parce qu’il était trop fatigué pour le faire maintenant. Je pris une grande inspiration. « Hum… Ta chambre est prête. Je vais dormir juste là… » Je lui montrai ma chambre. J’avais toujours le pot de glace au bout de mon bras. Je n’allais très certainement pas dormir, j’allais donc avoir tout le loisir de le déguster au lieu d’en manger la moitié et de gâcher le reste. J’hésitai à m’avancer vers Liam pour lui souhaiter bonne nuit. Au lieu de cela, je le lui dis tout doucement et entrai dans ma chambre, laissant la porte ouverte. J’habitai seule, c’était donc naturel que je n’aie jamais eu le besoin de la fermer. Et même avec Liam dans la pièce d’à côté, je ne ressentais pas ce besoin. Je posai la glace sur ma table de chevet ainsi que la cuillère, et n’enlevai que ma jupe avant de me glisser sous la couette. Ou du moins, j’y glissai seulement mes jambes car je restai assise, la tête tournée vers la fenêtre. Je m’emparai du pot et l’ouvris, commençant à l’attaquer à coup de cuillère. C’est là que je sentis les larmes me monter. Vahon ne voudrait plus me voir, et Liam allait me quitter.


Dernière édition par S. Mermaid Hellys-Leänik le Sam 1 Sep - 10:01, édité 1 fois
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Message Posté Ven 31 Aoû - 17:52.



Elle ne disait rien. Elle ne bougeait pas. Je ne pouvais pas imaginer ce qu’elle avait en tête. C’était une situation tout à fait étrange. Je n’avais pas vu mes proches s’aimer dans une même famille. Je croyais que ça n’arrivait qu’aux autres. En fait, non. Je n’arrivais pas à me mettre à sa place. Je n’avais aucune famille à part ma mère. Ce n’était pas elle qui viendrait chez moi pour m’embrasser ou alors ça serait sur la joue. C’était dur de cerner Mermaid. Cependant, je n’avais aucun mal à voir qu’elle était totalement perturbée. Je ne l’avais jamais vu dans cet état. En lui disant qu’il serait peut-être mieux d’aller se coucher, elle s’activa. Un coup de baguette pour rassembler les assiettes, un autre pour laver toutes les affaires et les ranger. Une autre preuve qu’elle était sous le choc. Elle n’avait pas le courage de faire la vaisselle à la main, elle qui favorisait toujours le manuel à la magie. J’aurais aimé qu’elle me parle. Elle en avait forcément besoin. J’aimerais qu’elle me fasse un signe, qu’elle me montre qu’elle contrôlait la situation. Au lieu de cela, elle s’installait dans un silence pesant. Je la regardais bouger le bras. Tous les baisers que nous nous étions échangés tout à l’heure, toute la complicité qui avait pu naitre, toute la facilité que nous avions venaient d’être balayé par un seul baiser.

« … Viens. » J’allais chercher mon sac et la suivis dans les escaliers. La maison était silencieuse. Bien trop silencieuse. Les marches craquaient sous nos pas et résonnaient dans toutes les pièces. J’espérais que le lendemain serait plus facile. Après une bonne nuit de sommeil, on pouvait penser que l’évènement serait digéré et oublié. Enfin, il ne serait pas prêt de s’effacer de notre mémoire. Vahon qui embrasse Mermaid, c’était glauque et tellement étrange. J’aurais probablement l’image en tête dès que je fermerais les yeux. Elle me fit faire une rapide visite de l’étage mais l’envie n’y était plus. Je n’avais qu’une envie, me coucher et dormir. Quant à Mermaid, elle voulait visiblement manger tout un pot de glace. Les hommes avaient l’alcool, les femmes les glaces. Chacun son truc. Salle de bains, toilette, chambres. Tout y passa. « Hum… Ta chambre est prête. Je vais dormir juste là… » Je la regardai entrer dans sa propre chambre. Je ne me voyais pas m’incruster dans la sienne après ce qu’il venait de se passer. Elle avait sûrement envie de calme et surtout, de réfléchir. J’entrai dans la chambre d’amis et lâchai mon sac à l’entrée. Bon. Et maintenant ? Je ne me sentais pas en état de dormir même si je le souhaitais. Je n’arriverais pas à trouver le sommeil. Je refermai la porte de la chambre derrière moi, peut-être par peur que Vahon ne vienne m’assassiner dans la nuit. C’était complètement débile. Il ne remettrait pas les pieds chez Mermaid.

Je retirai tee-shirt et pantalon et m’asseyais au bord du lit. Un léger soupir m’échappa. Foutue soirée. Le poisson-chirurgien et après, Vahon. On pouvait rêver mieux comme première soirée en tête à tête. Jamais un de mes rendez-vous n’avait pris cette tournure. Il y avait eu aucun cousin jaloux et amoureux qui s’était pointé pour embrasser la femme avec qui j’étais. Ma mère serait folle. Je ne lui raconterai pas, finalement. Elle fondait beaucoup d’espoir sur ces deux jours. Elle commençait à m’embêter avec le mariage, les enfants. Elle en avait assez de voir son fils unique célibataire. Elle désespérait, en réalité. Je m’allongeai sur le lit, mains sur les yeux. Je n’avais pas encore eu de discussion avec Mermaid. Depuis… que cette chose s’était passée, on n’avait rien échangé. Juste quelques mots. Je ne savais pas si elle voulait que je m’en aille. Je ne savais même pas si elle voulait que je reste ce soir. Il n’y avait pas à dire, Vahon savait foutre la merde. Qu’est-ce qui lui avait pris, bon sang ? Il n’y avait pas meilleure façon de faire souffrir Mermaid que de faire ça. Il tenait tellement à elle que je ne comprenais pas. De l’autre côté du mur, j’entendais Mermaid bouger dans son lit. Elle trouverait encore moins le sommeil que moi. Ca ne devait pas être évident pour elle. Le cousin qu’elle considérait comme un frère et qu’elle fréquentait depuis des années était amoureux d’elle. Elle était choquée et perdue.

J’aurais peut-être dû rester avec elle. Mais j’aurais paru opportuniste. Je préférai encore rester de mon côté du mur. Cependant, l’envie de la rejoindre était forte. Elle avait besoin de réconfort, d’un soutien. Et de quelqu’un pour manger le reste de sa glace, peut-être même. Je ne pouvais pas la laisser toute seule. Je me redressai sur le lit. Même en voulant lui montrer mon respect et ne pas profiter de sa détresse pour dormir dans son lit, je ne supportais pas l’idée qu’elle se morfonde dans son coin. Je me levai et remis mon tee-shirt. SI je me pointais dans sa chambre torse nu et juste vêtu d’un sous-vêtement, elle allait se méprendre sur mes intentions et me virer fissa de chez elle. Elle n’avait pas besoin de ça ce soir. J’entre-ouvris doucement la porte pour ne pas qu’elle entende et je tendis l’oreille. La cuillère qui tapait dans la glace, de légers reniflements et sanglots. Je fermai les paupières. Ce serait un manque totalement de galanterie si je la laissais pleurer. Allez, go, Liam ! J’ouvris entièrement la porte et sortis dans le couloir. Je ne m’étais pas trompé, elle pleurait bien. Encore une fois, j’eus une pensée pour Vahon. Ce con… S’il m’avait dit qu’il était amoureux d’elle, on aurait pu éviter de la faire souffrir. On aurait fait des efforts pour ne pas se croiser. « Je peux ? » Sans attendre sa réponse, j’entrai dans la chambre. Oui bon, je voulais faire le gentleman mais je n’attendais même pas son autorisation. J’avais encore des choses à apprendre.

Je m’installai à côté d’elle, au-dessus des couvertures. Je ne pousserai pas l’impolitesse jusqu’à me glisser dans son lit. Et maintenant… J’étais bien malin. Allongé sur son lit, à moitié nu. Merde, j’aurais dû rester dans la chambre d’amis. La situation était plutôt étrange. Je ne savais pas comment. J’avais complètement oublié que je n’étais pas capable de gérer les crises de larmes. Encore une chose pour laquelle je n’étais pas doué. « Tu sais, tu devrais arrêter de manger cette glace. Tu vas prendre dix kilos. » J’esquissai un léger sourire. De quelle humeur était Mermaid ? Pas joyeuse, en tout cas, mais si je pouvais lui arracher un sourire, un petit rire ou une quelconque réaction, ce serait déjà pas mal. Avec elle, tout était différent. Je marchais sur des œufs. Avec une simple plaisanterie, je prenais des risques. Si elle me virait de son lit, je partirais. Je m’en sortais toujours avec des blagues quand je ne savais pas comment faire. C’était aussi une manière de me protéger, de cacher mes sentiments. C’était aussi facile de décoincer les personnes. « Tu veux parler ? » Il y avait un temps pour les plaisanteries et un temps pour les discussions sérieuses.


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Message Posté Ven 31 Aoû - 20:55.
Je massacrai le pauvre pot de glace. A défaut de me mettre à crier, pleurer fortement ou taper du pied, je me défoulais sur la glace qui n’avait rien demandé. Les larmes coulaient sans bruit sur mes joues, et je reniflais de temps en temps. Charmant. Heureusement que Liam ne dormait pas avec moi. Je ne voulais pas lui imposer ce genre de spectacle. Je devais être tout bonnement affreuse, j’en étais certaine. J’étais en colère. Mais une colère qui affaibli, dont on a envie de se débarrasser. J’étais en colère contre Vahon pour ce qu’il avait fait ; pour qu’il ne m’ait rien dit plus tôt ; pour qu’il ait gâché cette soirée. J’étais en colère contre moi-même pour ne rien avoir vu venir ; pour me comporter n’importe comment, surtout vis-à-vis de Liam. Et j’étais en colère contre lui pour ne rien arriver à voir ni comprendre ce qu’il pouvait bien se passer dans sa tête. Je le savais, ça n’était pas très légitime. Je me secouai ; je mis mes jambes en tailleur, bien quelles restèrent encore sous la couette. J’avais besoin de bouger, de changer de position. J’étais restée trop longtemps dans un état d’hébétement pour arriver à présent à garder la même place dans ce grand lit. Je passai une main sur mes joues pour les essuyer mais les larmes continuaient de couler, ce qui me fit pleurer de plus belle. J’étais incapable de m’arrêter, ma tête n’avait pas encore l’intention d’oublier tout ça. Reniflant à nouveau, essayant de me calmer, je m’enfilai une nouvelle cuillerée de glace. C’était fou ce que c’était efficace. Retrouver des goûts que l’on aimait était apaisant. J’entendis Liam s’allonger dans la chambre d’à côté. Est-ce qu’il allait arriver à dormir, lui ? Pour moi il était clair que c’était exclu. Mais encore une fois, je ne savais pas ce qu’il se passait dans sa tête.

Peut-être que j’aurais dû prendre un animal à la maison, je me serais sentie bien moins seule en cet instant. Voilà que je pensais contre nature. Un animal n’était pas fait pour être enfermé. Encore, ici, c’était différent, il aurait pu avoir toute la liberté de se balader. Je divaguais. Je n’étais décidemment pas fichue de penser correctement. Je rallongeai mes jambes. Puis j’en relevai une qui forma un angle avec le genou, une bosse sous la couette. Le pot de glace était déjà vidé de moitié. Je ne m’étais même pas aperçue que j’en avais mangé autant. J’entendis soudainement du bruit dans le couloir. Liam s’en allait, finalement ? J’avais vraiment touché le fond, pour qu’il ne veuille plus me voir. J’avais peut-être été trop impolie en lui souhaitant bonne nuit comme je l’avais fait. C’est pourquoi je fis les yeux ronds lorsque je le vis entrer dans ma chambre. « Je peux ? » J’ouvris la bouche mais ne dis rien. Il vint s’asseoir à mes côtés, par-dessus la couette. Il était en t-shirt et en sous-vêtement. Mais je ne m’attardai pas sur sa tenue, ça n’était pas le moment de faire parler mes hormones. Quelle situation étrange… je ne savais pas ce qu’il voulait, ni quoi lui dire. Je jouai un moment avec la glace avant de porter une nouvelle cuillerée à ma bouche. Après quoi j’eu un sursaut de lucidité. Je reposai la cuillère dans le pot et essuyai mes joues d’un revers de main qui, avouons-le, n’avait servi à rien. Je devais être pitoyable à voir. J’avais honte ; encore. Honte qu’il me voit comme ça. « Tu sais, tu devrais arrêter de manger cette glace. Tu vas prendre dix kilos. » Je souris dans un nouveau sanglot. S’il y avait bien quelque chose que j’aimais chez lui, c’était son naturel. Sa façon de détendre l’atmosphère, de décoincer les gens. Je sentais que mes larmes ne s’arrêtaient pas, mais au moins, il m’avait fait sourire.

Je lui tendis le pot. « Tu en veux ? C’est menthe-chocolat, je ne sais pas si tu aimes… » Hé bien ! Première phrase censée depuis… la bombe. Si je n’étais pas totalement certaine de mes sentiments jusqu’à présent, je pouvais maintenant clairement me dire que j’étais… amoureuse. Comme une gamine, certes, mais amoureuse. Que Liam ait réussi à me faire parler avec une vanne était bien représentatif de mon ressenti. J’étais toujours mal, c’était clair ; je commençai d’ailleurs à parvenir d’ordonner à mes larmes de se calmer un peu. Mais la présence de Liam était comme une délivrance. Un déclic qui me disait de bouger, d’assimiler, de passer à autre chose. Même si ça resterait là, gravé au fer rouge – Vahon m’avait tout de même embrassée… - je pouvais commencer à penser à moi, à nous. Liam était là, il ne rentrerait pas. Je souris largement à cette pensée. « Tu veux parler ? » Je me tournai vers lui. Son visage paraissait tellement calme, c’était incroyable. Il n’était peut-être pas doué, mais il m’apaisait. Et même s’il m’était toujours impossible de comprendre ce à quoi il pouvait penser, c’était certain qu’il était là pour moi. Je soupirai de soulagement. « Je ne sais pas trop… Qu’est-ce que je pourrais bien te dire… Je ne pense pas que tu aies réellement envie que je te parle de Vahon, soyons honnêtes. » Je ne le repoussai pas, au contraire. Mais je savais pertinemment que parler de ce qu’il s’était passé n’était pas la solution ; du moins, pas la meilleure. Vahon était un peu trop présent ce soir alors qu’il n’aurait pas dû l’être en tout premier lieu. J’avais clairement envie de parler et de penser à autre chose. Je me tournai pleinement vers Liam et sortis du lit pour ne pas être gênée par la couette lorsque je posai timidement la tête sur son torse. J'étais moi-même seulement en débardeur et en sous-vêtement mais je m'en moquais. Nous étions en couple après tout... non ? « Merci d'être resté... » Il avait le pot de glace en l’air, dans sa main, et je ne savais franchement pas comment il allait réagir…
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Message Posté Sam 1 Sep - 20:55.



Le pot de glace avait souffert. Plus de la moitié avait déjà été englouti. Je m’attendais presque à voir la cuillère tordue mais non, elle était en bonne état. Mermaid avait une capacité d’engloutissement impressionnante. A moins que mon temps de réflexion avait été plus long que je ne le pensais. En tout cas, elle avait dû avaler de grandes cuillères de glace. Comment une fille aussi mince et élégante pouvait autant manger ? Elle cassait le charme. Je ne la verrais plus de la même manière. Je ne manquerais pas de lui parler de son estomac pour la taquiner. Ma blague fit mouche. Un sourire et puis un nouveau sanglot. Mince. Qu’est-ce que j’avais fait ? Je ne savais plus quoi faire. Elle riait et pleurait en même temps. On ne pouvait pas faire mieux comme signaux contraires. « Tu en veux ? C’est menthe-chocolat, je ne sais pas si tu aimes… » J’eus un nouveau sourire. Je n’oserais pas toucher à sa glace. Elle semblait bien l’aimer, je ne voudrais pas lui enlever de la bouche. « Non, je t’en prie. » De toute manière, elle en avait bien plus besoin que moi. Elle avait une révélation à avaler. Déjà que moi je n’arrêtais pas de la ressasser, de repasser cette scène dans ma tête, alors Mermaid devait dans un pire état. Les larmes coulaient sur sa joue, malgré ses tentatives d’essuyer son visage. Mon cœur se serrait.

Elle n’était pas préparée à cela, elle ne s’y était pas attendue. Elle était loin de se douter des sentiments de Vahon. Elle l’avait toujours vu comme un gentil cousin, un garçon qui avait des problèmes mais comme tout le monde. Elle n’avait pas pensé une seconde qu’il cachait autre chose derrière son sage visage. Il aura vraiment déçu sur de nombreux points. Quand il disait que son père n’avait que de la déception quand il pensait à son fils, je ne pouvais que le comprendre. Si cela se trouvait, Vahon l’avait dit à son paternel. Cela expliquerait d’où viendrait sa déception et sa dureté. Je jetai un coup d’œil à Mermaid qui prenait une nouvelle cuillère de sa glace. On n’était qu’à quelques centimètres, dans le même lit. Dans d’autres circonstances, j’aurais pu laisser mon imagination vaqué librement. Mais c’était en d’autres circonstances. Là, avec Mermaid qui avait encore les larmes aux yeux et son pot de glace entre les mains, je ne me permettrais pas ce genre de pensées. Je préférais m’intéresser à elle. C’était toujours plus galant. « Je ne sais pas trop… Qu’est-ce que je pourrais bien te dire… Je ne pense pas que tu aies réellement envie que je te parle de Vahon, soyons honnêtes. » Bon, elle n’avait pas totalement tort. J’avais assez de Vahon pour la journée. Je ne tenais pas vraiment à en entendre parler.

Mermaid s’agita, retirait ses jambes de la chaleur de la couette. Elle n’était pas plus habillée que moi. C’était prévisible, elle ne dormait pas toute habillée, non plus. Pendant un instant, je crus qu’elle s’en allait. Mais finalement, ce n’était que pour mieux se rapprocher de moi. Je me retrouvais son pot dans la main et sa tête blonde sur le torse. Je me raidis : je ne m’y attendais pas. Je restai figer pendant un instant avant de me secouer. C’était Mermaid, ce n’était pas n’importe qui. On s’était embrassé. On avait besoin de se changer les idées. Je posai le bac par terre en essayant de bouger le moins possible. C’était étrange de la sentir là, contre moi. C’était la première fois que nous étions aussi proches. Je n’avais pas encore l’habitude de la sentir aussi proche de moi. Cette fois, pas de baiser, pas de caresse. Juste un moment entre nous. Pile ce qu’il nous fallait pour la nuit. « Merci d'être resté... » C’était ce que j’avais besoin d’entendre. Je passai mon bras autour de sa taille en me détendant. Elle voulait que je sois là, je n’allais pas me faire prier. Mon deuxième bras l’emprisonna davantage dans une étreinte. Il n’y avait pas besoin de plus. « C’est normal. » Oui, normal. Je ne voulais pas la laisser toute seule dans sa souffrance. Mes pensées étaient toujours tournées vers Vahon. Il avait lâché sa bombe et s’était enfui. Il n’avait même pas affronté les conséquences, il avait été lâche.

Mes paupières se firent lourdes. Le sommeil me gagna plus vite que je ne le pensais. A croire que Mermaid avait vraiment un effet apaisant sur moi. Le lendemain, je me réveillai bien avant elle. Elle n’avait pas bougé, toujours dans mes bras. J’étais un peu perdu, me demandant ce que je faisais ici avec Mermaid dans les bras et puis les souvenirs de la veille m’assaillirent, plus violents que jamais. Moi qui espérais que les évènements s’effaceraient doucement, j’avais eu tort. Je grognai légèrement, une douleur dans la nuque m’assaillant. Il fallait dire que dormir le menton collé à la gorge et la nuque collée au mur, ce n’était pas la meilleure des positions. Je me dégageai lentement pour ne pas réveiller la Belle au Bois Dormant. Elle n’attendait plus qu’un chevalier servant pour la réveiller. Etais-je cette personne qu’elle souhaitait voir ? Maintenant debout dans la chambre, je passai une main dans mes cheveux. Le réveil était dur. Je fis un pas mais me heurtai au pot de glace que j’avais abandonné. « Pu… » Je me retins. Ne pas réveiller Mermaid. La glace avait totalement fondu, se transformant en une glace peu ragoûtante. Je pris le bac et l’emmenai avec moi dans la chambre d’à côté. Une lettre m’attendait sur le lit. Je savais de qui elle venait. Troquant le bac pour la lettre, je commençai la lecture. « Tu as toutes les raisons de me haïr mais lis ceci. Envisage ça comme la seule requête que j’aurais jamais. » Génial. Il voulait me demander un service. Il commençait fort. J’avais fortement envie d’achever la lecture à cette première phrase et de brûler la lettre mais Vahon venait de traverser une dure épreuve. Je pouvais au moins lui faire le plaisir de lire sa requête.

« J’ai agis comme un con, en égoïste parfait. Et malgré tout le mal que j’ai fait hier, je suis incapable de regretter. Je ne pouvais plus garder ça pour moi après toutes ces années. Depuis que nous nous sommes parlé, je savais que ça arriverait, je savais que je craquerais. Je n’avais pas prévu que ce soit aussi tôt et ça n’est pas plus mal.
Si je n’ai qu’une seule chose à demander, c’est de ne pas en vouloir à Mermaid, elle n’y est pour rien, je suis le seul fautif. Je l’ai blessée hier et je m’étais juré que ça n’arriverait pas. Ça ne pouvait qu’arriver pourtant, j’aurais du savoir que je la blesserais. Ne la fait pas souffrir comme je l’ai fait. Elle ne mérite pas ça. Je veux réellement qu’elle soit heureuse. Je me débrouillerais pour ne plus lui faire de peine et surtout. Je vous laisse tranquille. Tu n’auras plus à craindre mes visites surprises en venant la voir, je me tiendrais loin d’elle. C’est tout ce qu’il me reste à faire.

Prends soin d’elle…

En fait, j’ai une autre requête… Je ne veux surtout pas qu’elle lise ceci. Elle ne doit jamais lire ça et si elle me trouve des excuses… Et bien dis-lui que je t’ai écrit, que je t’ai demandé de détruire ma lettre et que je t’ai dit de lui dire que je n’avais pas d’excuses. Elle me connaît assez pour savoir que je suis bien capable d’avoir demandé une chose pareille. Je ne promets rien, mais je tâcherais de me tenir loin de vous deux, loin de votre couple.

Ne prends pas la peine de me répondre. C’est votre vie à présent et je n’en ferais pas partie, je ne veux rien savoir.

V.
»

Comme il me l’avait demandé, je fis disparaitre la lettre. Mais je ne la brûlai pas. J’aurais besoin de la relire plus tard, à tête reposée. Alors je préférai la conserver et la cacher dans mon sac. Mermaid n’irait sûrement pas fouiller dans mes affaires. Qu’il se tienne éloigné de nous n’était pas ce que je souhaitais. Je savais que Mermaid en souffrirait. Il voulait que je ne lui fasse pas de mal mais lui, lui en ferait si il restait loin de chez elle. Il était son cousin. Je mis un pantalon, repris le bac de glace et descendis au rez-de-chaussée. Le plus dur restait à venir. Préparer le petit-déjeuner. Je ferai peut-être mieux d’acheter quelques pâtisseries dans le village voisin. Quant à la boisson, je n’avais aucune idée de ce qu’elle pouvait prendre. Je le découvrirai bien assez tôt en fouillant dans sa cuisine. Je m’assurai ne pas avoir la tête du gars qui venait de se lever – même si c’était le cas – et je filai jusqu’à Vaux-sur-les-pins. Si Mermaid se réveillait avant que j’arrive, elle allait se faire des films. J’avais plutôt intérêt à faire vite. Cinq minutes après mon entrée dans la boulangerie, je repartais avec des croissants et des pains au chocolat. Là encore, je n’avais aucune idée de ce qui lui plaisait. J’y allais à l’aveugle. Je revins rapidement, presque au pas de course. Fort heureusement, à mon retour, Mermaid n’était pas encore levée. « Alors, voyons voir… » Ma première intuition fut la bonne. C’est dans le réfrigérateur que je trouvais une carafe de jus d’orange. Elle devait sûrement en boire.

Je devais encore trouver un plateau mais cette fois-ci, je risquais vraiment d'être trop fouineur. Je n’avais pas d’autres choix que de tout préparer et de la faire descendre. Ce que je fis. Une fois que tout fut prêt en bas, je montai les escaliers. Mermaid dormait encore. Elle n’avait pas dû passer une bonne nuit. M’agenouillant à côté du lit, je passai une main sur le doux visage de la sirène, écartant ses mèches de cheveux. « Mermaid ? » chuchotai-je. Je croisai les doigts pour qu’elle ne soit pas de mauvaise humeur le matin. Ce serait un nouveau coup bas pour moi. « Mermaid… faut se lever ! J’ai préparé le petit-déjeuner. » Je me redressai et déposai un baiser sur ses lèvres. Peut-être que ça, ça la réveillerait. Mais il y avait surtout plus. C’était le genre de chose que faisait un couple. J’attendais là, bien sagement, le temps qu’elle émerge d’un quelconque rêve.

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Message Posté Dim 2 Sep - 12:41.
Être ainsi contre Liam était réconfortant. Je m’arrêtai de pleurer au bout de quelques minutes. Lorsqu’il m’entoura de ses bras je fus soulagée au point de ne plus sentir mes larmes couler. C’était un bon début. « C’est normal. » Je resserrai ma prise autour de lui en passant un bars autour de sa taille. C’était tout ce que j’avais besoin d’entendre ; qu’il était là, qu’il ne s’en irait pas. Même si sa présence le confirmait, je lui avais bien expliqué que j’avais besoin d’être rassurée, à chaque fois que c’était possible. J’avais beau avoir l’habitude, voire être même plutôt douée dans mes relations – du moins celles que j’avais eues jusqu’à maintenant – j’avais besoin de cette reconnaissance, d’élan d’assurance pour ne pas me perdre. Vahon était toujours là, dans mes pensées. Et cette scène qui inlassablement, continuait de tourner. Mais j’étais à présent trop faible – surtout émotionnellement parlant – et je n’arrivais plus à pleurer, à broyer du noir. Il me fallait juste dormir. Après un moment passé ainsi, je sentis que Liam s’était endormi. Il ne bougeait plus, et sa respiration était régulière. Je mis un bon moment avant de tomber à mon tour dans un profond sommeil. Mais pas celui que j’aurais souhaité ; un sommeil sans rêve aurait été l’idéal, mais je n’avais pas fini d’en baver, de toute évidence. Celui qui m’assailli toute la nuit durant mettait en scène l’une des pires espèces de sirènes, à laquelle appartenait ma mère. Elles avaient une apparence affreuse et emmenaient Vahon avec elles. C’était son choix, et il l’avait fait pour ne plus me voir. Je tendis la main, criai son nom mais je ne pouvais que le regarder s’éloigner de moi, impuissante. Je pensais me réveiller mais non, Liam entra à son tour sur les lieux. Je vis son regard dégoûté, énervé, il s’en allait également. Il retournait à Londres et ne voulait plus entendre parler de moi, de ma famille de détraqués. Je fondis en larmes et assistai à l’abandon des personnes auxquelles je tenais le plus sans rien pouvoir faire. Je me retournai et me retrouvai au village, où Noyana installait une grille à l’entrée de la cavité dans laquelle la cité aquatique se trouvait. Pour ne plus que je remonte et que je fasse du mal aux humains. Astian m’attrapa par l’épaule, et je vis son expression désolée pour moi, celle qui disait que nous étions forcés d’être ensemble, mais il avait très bien compris que ce n’était pas mon souhait. Je commençai à paniquer. Plus jamais de Vahon, de Liam, de Kacey, de papa, je n’allais plus voir leur visage, c’était terminé. Je nageai jusqu’à la grille et la secouai de toutes mes forces en criant et en pleurant. Mais rien n’y faisait. Et puis plus rien. Le noir complet. J’étais punie pour le mal que j’avais causé. A mon père en fuguant le jour où j’avais appris que j’étais une hybride. A Vahon pour son mal être et les sentiments qu’il avait par ma faute. A Liam pour lui avoir imposé un week-end raté et un cousin qui l’avait provoqué. Je restai donc là, dans cet endroit inconnu et bien trop sombre pour pouvoir distinguer quoi que ce soit, avec mes pleurs pour seule compagnie.

Lorsque j’entendis du bruit, enfin. Ou plutôt des murmures, pas très clairs à dire vrai. Je finis par comprendre qu’on m’appelait, puis il était question de petit-déjeuner. Je fronçai les sourcils, n’arrivant pas à faire le lien entre ma condition de séquestrée et cette proposition alléchante. Puis je sentis une douce pression sur mes lèvres. Avais-je succombé à la folie ? J’ouvris les yeux en prenant une grande inspiration. J’avais du mal à me réhabituer à la lumière du jour qui traversait ma fenêtre. Oui, j’étais allongée, dans ma chambre. Et non pas accroupie dans l’obscurité la plus totale. Ouvrant de grands yeux, je m’aperçu que Liam était en face de moi. M’avait-il embrassée ? Je me sentis rougir violemment. J’étais totalement perdue. J’étais certaine de n’avoir plus rien, plus personne. C’est là que je me rendis compte que ça n’avait été qu’un rêve. J’étais en vie, Liam était là ; si on omettait Vahon, le tableau était une perfection, comparé à ce que mon rêve m’avait obligé à supporter. Je me redressai sur mon lit, un peu trop rapidement ; ma tête me tourna. Je posai une main sur mes yeux. « Salut toi… » Je le regardai à nouveau et réfléchis un moment. Avais-je bien compris ? « Hum… t’as parlé du petit-déjeuner ? » Pour toute réponse, il me tendit la main. Je supposai que ça voulait dire oui. Je l’attrapai donc et me mis debout. Mon dieu, que je devais avoir une tête affreuse. Moi qui avait attendu de pouvoir me réveiller à ses côtés un jour, je n’avais pas prévu de passer une soirée puis une nuit pareille ; je devais avoir un visage hideux. Je m’empourprai. J’étais toujours en débardeur et en sous-vêtement. Remettre ma jupe allait trop m’encombrer, et aller chercher un pantalon – chose que je mettais rarement – me rappelait à quel point j’étais flemmarde. Hypnos un jour, Hypnos toujours, pas vrai ?

Je le suivis donc dans la même tenue. De toute façon, je n’avais pas froid. Je me demandais si Liam avait bien dormi, mais je m’abstins de poser la question ; la réponse était plus qu’évidente. Nous descendîmes les escaliers, avec mon autre main posée sur le dos de Liam comme un réflexe, au cas où, puisque j’étais toujours fatiguée. D’ordinaire, j’aurais bien râlé en me réveillant – si le réveil était volontairement fait par quelqu’un – mais les circonstances étaient spéciales. Je découvris une table installée, le jus d’orange sorti, et… des viennoiseries ? Liam avait dû se lever tôt pour aller à Vaux-sur-les-pins. Cette pensée m’arracha un sourire sincère ; c’était adorable. Lui qui disait ne pas être doué, pour un premier matin, c’était une totale réussite. Je restai émerveillée devant la tablée, même si en soit, ça n’avait rien d’exceptionnel. Mais après tout ce qu’il s’était passé la veille, j’avais bien besoin de ça. La veille. Douloureux souvenir que je chassai d’un mouvement de bras autour de ma tête, comme j’avais l’habitude de le faire. Liam avait dû me prendre pour folle, mais finalement je m’en contrefichais. Si nous restions un couple, il fallait bien accepter les bizarreries de l’autre, non ? « Merci, pour tout ça… » J’étais réellement… heureuse, du moins autant qu’on pouvait l’être avec tous ces souvenirs. Ma réflexion de la veille me revint comme une évidence. Être amoureuse était vraiment un état étrange. Je l’avais déjà été mais pas comme ça, pas avec cette sensation nouvelle, celle qui vous donne le sourire rien qu’en voyant le petit-déjeuner servi par l’homme… aimé. J’avalai difficilement les mots. J’avais beau avoir une expression débile sur le visage, je m’en doutai, j’avais quand même du mal à me rendre à l’évidence selon laquelle Liam était… un pur bonheur. Que ces semaines où j’avais sentis mon amitié pour lui changer, j’étais tout simplement en train de tomber amoureuse. Je passai une main dans mes cheveux pour me rendre plus présentable. C’était décidé. J’avais envie de mettre ma souffrance de côté le temps du week-end. Je voulais profiter pleinement de la présence de Liam. C’est ce qui était prévu à la base, non ? Je lui souris et pris place à table avant de me faire rejoindre par mon beau brun. J’avais besoin de mon jus d’orange du matin. Je m’en servis un verre plein avant de me relever pour faire un chocolat chaud. Que buvait Liam ? Du café ? J’avais une cafetière si besoin, même si j’en buvais rarement. J’attendis que le lait chauffe et allai attraper un pain au chocolat en attendant, dans lequel je croquai vivement ; j’étais affamée, nous n’avions quasiment rien mangé la veille, sans parler du pot de glace. Tiens, où était-il passé celui-là ? « Qu’est-ce que tu veux boire ? » J’allai touiller le lait puis le versai dans un bol avant d’y ajouter trois cuillères de chocolat en poudre et de mélanger le tout. Je ne tardai pas à finir mon pain au chocolat avant d’en choper un deuxième. Je ne savais pas ce que Liam préférait, mais il y en avait assez pour nous deux. « Au fait, ça te dit d’aller au village après ? » Moi qui cherchais comment nous occuper ce week-end, il y avait là une activité toute trouvée qui nous prendrait un certain temps. Et il me tardait d’aller enfin nager avec lui.
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Message Posté Lun 3 Sep - 17:10.


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Une jolie teinte rouge envahit les joues de Mermaid. Elle rougissait. Encore. Elle qui se plaisait à me faire rougir avec ses compliments se trouvaient bien plus timide que je ne l’étais. Elle en était attendrissante. Elle se montrait moins forte qu’elle le voulait. Le réveil était visiblement dur. Elle avait eu du mal à sortir de son rêve – ou de son cauchemar – et se masquait les yeux d'une main. J’avais bien fait de lui préparer le petit-déjeuner. Elle n’aurait sûrement pas appréciée que je la réveille pour qu’elle me fasse manger. « Salut toi… » J’esquissai un sourire. Elle semblait un peu perdue. Moins que la veille et pas de la même manière. Plutôt perdue dans ses pensées. Elle reporta, hésitante, son attention sur moi. « Hum… t’as parlé du petit-déjeuner ? » Etait-elle affamée ? Amusé, je lui tendis la main et l’entrainai à ma suite. J’avais l’impression d’être le maitre de maison. Elle était chez elle et pourtant, elle se laissait guider par moi. C’était plutôt plaisant, je lui montrais que je pouvais prendre soin d’elle. Je la sentis prendre appui sur moi. Quelle grand-mère elle faisait, le matin ! J’étais assez anxieux. Le poisson-chirurgien n’avait pas fait son effet hier, j’espérai que les pâtisseries me feraient marquer quelques points. Et surtout, que ça lui ferait plaisir. Je disparus de devant elle, le temps qu’elle puisse découvrir la table que j’avais dressé. Je la dévisageai. Alors ? Est-ce qu’elle allait sourire, pleurer, crier, partir en courant ?

Elle opta pour le sourire. Un grand sourire qui me rassura. Je ne m’étais pas trompé en lui préparant un petit-déjeuner. « Merci, pour tout ça… » « De rien. » J’avais remporté ma première victoire du week-end et j’en étais fier ! J’avais envie de lui faire plaisir. En fait, plus qu’une envie, c’était un besoin. Son avis devenait important, tout comme son bien-être. Elle prenait de l’importance dans ma vie, c’était bizarre à dire. Je m’installai avec elle à la table. La journée commençait bien et risquait de continuer sur cette lancée. Je savais que Vahon ne viendrait pas nous interrompre, il l’avait dit lui-même dans sa lettre. Même si il ne serait pas là physiquement, il ne manquerait pas de hanter nos pensées. A moins que nous soyons assez détendus pour profiter de ces quelques jours. Il restait maintenant moins de quarante heures. Elles passaient bien trop vites à mon goût. Je me servis du jus d’orange. Mermaid se leva et fit chauffer du lait. Un truc que je n’avais pas prévu. Elle prenait du lait au petit-déjeuner, c’était noté. « Qu’est-ce que tu veux boire ? » « Le jus d’orange suffira, merci ! » Devant mon regard amusé, elle ajouta quelques cuillerées de chocolat dans son lait. Encore un autre truc que je notais dans un coin de ma tête. Pas de poisson, aime les glaces chocolat-menthe (de préférence un grand pot), les croissants, le jus d’orange et les chocolats chauds. Sans compter qu’elle faisait tout à la main et non pas avec la magie. J’étais bien décidé à ce qu’elle retrouve tout cela quand elle viendrait chez moi.

Oui, je pensais bien l’inviter un de ces jours. Je n’aurais pas un vrai univers à lui faire découvrir mais si, au moins, elle pouvait partager mon quotidien pendant quelques jours, ce serait déjà pas mal. Je pris un croissant et en arrachait un morceau pour le manger. Bon, il faudrait que je range un bon coup mon appartement, que je fasse le ménage à fond et que j’arrive à tenir mon intérieur plutôt propre pendant son séjour. Je crois que je ne serais pas à l’aise de toute sa visite, de peur de faire une bêtise ou que quelque chose lui déplaise. Chez Mermaid, c’était facile. Je la suivais sans trop poser de questions. Quand les rôles seront inversés, tout sera différent. « Au fait, ça te dit d’aller au village après ? » Je levai les yeux vers elle. Le fameux village aquatique. Je lui adressai un sourire. J’allais enfin pouvoir le découvrir et exhiber mon super maillot de bain. « Oh oui ! Allons voir Astian. » Bon, je m’en fichais totalement d’Astian – même si le rencontrer serait une bonne manière de savoir à quoi m’en tenir avec lui – je m’intéressai plutôt à ce monde sous l’eau. Qui aurait pu croire que des êtres aquatiques vivaient sous cette rivière ? Elle paraissait tellement commune aux autres et pourtant, ils étaient bien là. J’avais hâte... Tiens, elle en était déjà à son deuxième pain au chocolat. Elle avait un énorme appétit ! Un vrai ventre sur pattes !

« Comment est-ce que ça va se passer ? » Je mettais renseigner sur les sortilèges et plantes permettant de respirer sous l’eau afin de préparer au mieux la visite. Cependant, je ne savais pas si tout cela serait nécessaire. Peut-être que Mermaid aurait un « truc » de sirène. Puisqu’elle avait déjà emmené ses cousins, peut-être qu’il y avait une manière particulière de voyager sous l’eau. J’étais curieux d’en apprendre davantage. Je terminai mon croissant en réfléchissant à ce que ressemblerait l’excursion. J’avais aussi hâte de rencontrer les amis de Mermaid. Et de monter à Astian qu’il n’avait plus besoin de lui tourner autour. Enfin, si on le voyait. Cela dit, je n’étais pas sûr d’en mener large une fois que je serai devant lui. Il était tout de même dans son élément. Alors que moi, pas du tout. Mon truc était la terre. Certes, j’étais à l’aise dans l’eau mais pas dans un village d’êtres et de créatures aquatiques. Enfin, on verra bien. J’aurais tout le loisir de m’en préoccuper le moment venu.

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Message Posté Mar 4 Sep - 10:26.
Le village. Cité aquatique qui renfermait ma deuxième famille. J’étais bien décidée à la faire découvrir à Liam. Si j’étais destinée à partager sa vie pour les prochains mois – prochaines années ? – à venir, j’avais réellement envie de lui faire partager mon monde dès maintenant. Je commençai à avaler mon chocolat en terminant mon deuxième pain avant de m’emparer d’un croissant que je coupai au milieu pour le passer au grille-pain. J’avais réellement faim. Et si je voulais des forces pour aller nager un moment, il fallait bien ça. « Oh oui ! Allons voir Astian. » Je me mis à glousser. Astian, ce triton qui me faisait du gringue sans m’intéresser pour autant, et dont j’avais parlé à Liam. De toute évidence, il ne lui plaisait pas et je devais bien avouer que c’était très appréciable. La jalousie dans un couple, quand ça n’est pas abusé, c’est toujours mignon. Je me mis à m’imaginer la rencontre entre ces deux-là ; ça promettait d’être un brin comique. Pauvre Astian… Mais nous allions également voir Noyana, et ça, c’était déjà plus enthousiasmant. Elle avait été une vraie sœur à mon égard, dans tous les sens du terme. J’étais très heureuse à l’idée de lui présenter Liam.

« Comment est-ce que ça va se passer ? » Je relevai la tête vers lui. Il était évident que j’allais devoir lui donner des explications à un moment ou à un autre. J’allai chercher le croissant qui avait sauté de la machine et y étalai du beurre suivi de confiture de framboise. Mais moins que d’habitude, je devais déjà assez passer pour une goinfre devant Liam à l’heure qu’il était ; c’était terminé, adieux la belle image. Un ombre passa sur mon visage ; moi qui voulais le séduire avec mon charme naturel, c’était fichu. J’espérais au moins que mon apparence de sirène rattrape le coup. Je réfléchi un moment. Je n’allais peut-être pas lui imposer le bouche-à-bouche « je te passe de l’air » même si j’en avais très envie. Si mes hormones se réveillaient sous l’eau, ça allait être problématique. Le mieux, c’était encore de lui laisser le choix. « Alors voilà… l’eau que je respire se transforme en oxygène lorsque je suis sous ma forme de sirène. Ce qui fait que je peux passer cet oxygène en… embrassant, plus ou moins, la personne qui m’accompagne. Je ne l’ai pratiqué qu’une fois à défaut d’avoir eu des sorts à disposition les fois d’après, ce à quoi je n’ai pas pensé de suite. » Je me perdais un peu dans mes explications, mais ça n’alla pas en s’arrangeant… Je croquai dans mon croissant, puis bu un peu de chocolat. « C’est donc le truc. Soit tu veux t’en tenir à ma… méthode, qui soit dit en passant doit te faire passer de l’air toutes les douzaines de secondes, selon comment tu tiens, soit tu as un sorts ou quelque chose tout prêt pour te permettre de respirer sous l’eau. » Je me cachai derrière mon croissant. J’avais terriblement envie de l’embrasser. Et pourtant je ne souhaitais pas forcément recourir à ce bouche-à-bouche trop tentant.

Je finis mon bol et mon croissant, attendant de voir si Liam avait également terminé. Je lui laisserais le temps de préparation pour qu’il choisisse le moyen de respiration à sa convenance. Je devais passer pour une cruche avec mon bouche à bouche de Cro-Magnon. Encore un argument pour me traiter d’allumeuse. Mais tant pis. Je pris une grande inspiration et m’étirai les bras en l’air avec un sourire. J’étais motivée. Me rendre au village était toujours une source de bonheur. Malgré les événements de la veille et la souffrance que je pouvais encore éprouver, je me sentais capable de sautiller de partout. Aussi, tant pressée que j’étais, je décidai de débarrasser en agitant ma baguette, sous le regard plus ou moins moqueur de Liam. Ce déjeuner m’avait requinquée. « Bon ! » Il fallait maintenant se préparer pour aller à la rivière, mais je n’avais qu’une salle de bain. De toute façon, ça n’était pas comme si je me lavais réellement avant de nager, loin de moi l’idée d’être sale. Je me tournai vers Liam, prête à me lancer dans de nouvelles explications dans lesquelles j’allais à nouveau me perdre. « Alors comment je procède habituellement… Je me « débarbouille » seulement avant d’aller nager, et je ne prends une douche qu’après. Je ne sais pas si tu souhaites en prendre une toi, mais la salle de bain est libre si tu veux. » L’histoire de la douche, fait. Se changer, maintenant. « Pour ce qui est d’aller à la rivière, je ne peux que t’inciter à te changer ici. Je n’ai pas à le faire donc je ne vais pas te faire mettre ton short dehors… Ton fameux short ! Vas donc le mettre que je vois un peu pourquoi on en a fait toute une montagne. » Je ne parlais pas sur le ton de l’ordre. Au contraire, je lui fis un grand sourire innocent pour montrer que je plaisantais. Mais surtout, j’étais bien décidée à voir enfin son short. Nous montâmes à l’étage et je me dirigeai vers un placard pour prendre des serviettes. J’en avais un bon stock, vu mon nombre de sorties. « Tu as la tienne ou je t’en prends une ? » D'un coup, une évidence m'envahis. J'allais voir Liam avec nettement moins de vêtements, et j'allais plonger nue...
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