Bonjour !

Jovial, poli, autant dire le style de comportement que l'on n'attend pas de la part de Benvolio. Quand on connait le maltais, on s'attend plutôt a un air malicieux et des remarques sarcastiques. Mais non, pas aujourd'hui. Benvolio était dans son environnement, avec des êtres qu'il comprenait et respectait, et qui faisaient de même en retour. Il ne pouvait vraiment pas se sentir mal a l'aise ni user de son ironie mordante. Pour quoi faire ? Ces êtres étaient ses amis depuis un bon nombre d'années. Il fit un salut amical de la main au triton qui passa près de lui, auquel celui ci répondit par un sourire ... bien que des sorciers ne connaissant rien aux tritons auraient aussi bien put croire que c'était un rictus menaçant, mais Benvolio avait suffisamment côtoyé les êtres des eaux pour savoir que tel n'était pas le cas. C'était un sourire bienveillant.

Palmes aux pieds, tenue de plongée composée d'un débardeur d'un groupe de rock sorcier et d'un pantacourt simple et noir, il pataugeait joyeusement dans le village des sirènes dont le passage d'entrée était caché dans la rivière, aux abords de l'Académie. Serein, il palpa le dessous de ses oreilles pour vérifier que la branchiflore faisait bien son effet et que les ouïes n'avaient pas disparues subitement ... auquel cas il aurait vraiment été dans la ... bref, vous avez compris. Depuis près de 18 ans qu’il utilisait la plante pour aller dire bonjour aux sirènes, celle ci ne lui avait jamais fait défaut, et il était toujours sur de lui lorsqu’il partait en ballade dans les eaux limpides. C’était toujours agréable de flotter dans la rivière, porté par quelque courant doux, lorsque l’hiver pointe son nez au dehors. Sous la surface de l’eau, aidé par les propriétés de la plante, Benvolio ne sentait pas le froid.

Alors qu’il souriait a une jolie dame sirène, son attention fut attirée par un point flottant plus loin. De délicats cheveux ondulés et blonds, une silhouette reconnaissable entre milles. Il laissa son sourire s’élargir, limite carnassier tel le requin dans cet océan de dauphins, et ses yeux se focaliser sur la proie. Aussi rapidement et silencieusement que le permettaient ses palmes ... ce qui revient a dire ni rapidement, ni silencieusement ... il fonça vers elle en riant sous cape. Quelle délicieuse surprise de la trouver ici. A quelques coups de nageoires d’elle, il l’interpela de façon sonore.

MERMAAAAIIIID !

La discrétion et Ben, ça fait deux. Mais bon, elle avait l’habitude. Et, pour être tout a fait honnête, il forçait un peu ce trait de sa personnalité ces derniers temps, avec le secret espoir que, plus elle passait de temps a lui raler après, moins elle ne le passait a s’apitoyer sur son malheur. C’est un peu ça que servent les vieux amis non ?

Bien sur, il ne s'était pas vraiment attendu a ce qu'elle l'accueille a bras ouverts et qu'elle soit ravie de le voir. Il n'avait pas espéré qu'elle se jette sur lui au ralenti, lui tape dans la main comme un vieux pote, ou qu'elle lui demande comment allait la famille, les amis et cætera. Non, ça aurait été trop demandé entre nous. Il avait quand même conscience du fait qu'il était une épine dans le pied de la plupart des sorciers, qui préféraient se trouver aussi éloignés de lui que possible chaque fois qu'il se trouvait dans la même pièce. Mais quand même, il croisa les bras sur son torse, adoptant un air offensé a la site de sa question abrupte.

Merci, ça fait plaisir comme accueil. Vraiment, on se sent apprécié et tout.

Il poussa un soupir qui fit s'échapper une volée de bulles, et poursuivit.

Je te signale très chère que ça fait près de 14 ans que je viens ici.

Oui, exactement, tout a fait ! A dire vrai, il plongeait dans la rivière depuis qu'il était arrivé a Beauxbâtons, donc depuis qu'il avait 9 ans. Mais il n'avais trouvé le tunnel qu'au bout d'un an de natation intensive. Et encore, s'il fallait être très honnête, il avait mit ensuite 2 ans a se faire accepter aux abords, puis dans, le village des êtres des eaux. Ce qui était raisonnable après tout, étant donné les pensées stupides de certains sorciers vis a vis des créatures, et leurs comportements désobligeants voire violents a l'encontre de ceux ci. Il était normal de penser que les tritons et sirènes ne souhaitaient pas laisser des intrus s'approcher de leurs familles et de leurs lieux de vie. Benvolio avait pris son temps pour que les créatures s'habituent a lui et ne se rendent compte qu'il n'était pas une menace. Ensuite, il avait maintenue de bonnes relations avec les êtres, et avait finit par devenir un "élément du paysage", ce qui lui convenait tout a fait. Et surtout, fait important, il avait conservé le secret sur le village pour ne pas que d'autres sorciers mal intentionnés ne viennent les ennuyer. Ce lieux était un havre de paix qu'il souhaitait voir préservé. Peut être était ce une pointe de jalousie a l'idée que d'autres ne développent une relation privilégié avec eux come lui. Mais, c'était surtout l'envie de ne pas mettre en difficulté ses seuls amis, car c'était ce qu'ils étaient. Il lui tourna autour en souriant.

Comment tu vas toi ? Je te sens ... tendue.

Pas la peine de tourner autour du pot, de danser sur les orteils autour. Il n'étais pas vraiment du style a se retenir de dire ce qui le dérangeait. Il ne voyait pas l'intérêt. C'était hypocrite selon lui comme attitude. Ce qui expliquait pourquoi aussi peu de personnes l'appréciaient. c'était quoi la phrase déjà .... les cons ça ose tout, c'est même a ça qu'on les reconnait ? tellement vrai en ce qui concernait Benvolio.

Tu sais, je te connais depuis longtemps Mermaid, et on a été proche, très. Je suis un peu crétin sur les bords, mais je crois être capable de dire quand quelque chose te tracasse.

Il s'assit dans l'eau, se frotta le menton avec un air sérieux, et ajouta.

Mais bon, si tu ne veux rien me dire, tu peux toujours m'envoyer paitre. Je me disais juste que ça pouvait être sympa de m'intéresser tu vois ...

Autre sourire. Il était sincère, même si sa façon de le dire était un peu ... abrupte. Il savait qu'elle le considérait la plupart du temps comme un emmerdeur, mais il s'intéressait en effet a son bien être. Après tout, c'était la seule petite amie qu'il avait eu, la seule fille qui l'avait supporté, même si cela avait été temporaire. Et il reconnaissait en son for intérieur que c'était de sa faute, même s'il ne l'aurait jamais avoué directement. Il n'aimait pas trop admettre ses tords, comme beaucoup de personnes. Mais il fallait dire qu'il était particulièrement de mauvaise foi en public. Et il était têtu comme une mule, ce qui n'aidait pas vraiment, au contraire. Il était très difficile de lui faire faire quoi que ce soit quand il avait décidé qu'il n'en avait pas envie.