La journée avait mal commencé. Pas comme d’habitude. Je veux dire vraiment mal. Ce matin, malgré toutes les injonctions de mes voisins de chambre j’avais été incapable de me lever à l’heure. J’étais donc arrivé en retard à mon premier cours de la journée, je n’étais ni vraiment présentable ni franchement réveillé... J’avais oublié mon livre de cours et pour couronner le tout, je m’étais endormi.
Il est vrai que ces derniers temps, je ne m’appliquais pas franchement et que même mes cours fétiches étaient relégués au second plan, j’avais du mal à m’intéresser à quoi que ce soit. Mermaid occupait presque constamment mes pensées. J’avais envie de jeter un sort foireux à Liam. J’avais envie de maudire mon père comme jamais. Je doutais de plus en plus de ma mère. J’évitais quelques uns de mes bons amis. J’étais un peu trop taciturne avec Nathaniel qui semblait ne pas vouloir m’approcher et j’ignorais s’il m’évitait. Je ne savais pas quoi faire malgré le fait que Mermaid m’ait un peu conseillé sur le sujet. Tout me revenait en plein face comme un foutu boomerang alors les cours, franchement, c’était maintenant la dernière de mes préoccupations.
Je suppose que mon attitude de ce matin aura suffit à achever le tableau puisqu’à peine m’étais-je réveillé à la fin du cours qu’on me mit une note sous le nez. Je regardais mon professeur puis le morceau de papier avec un regard ensommeillé et interrogateur. Il ne dit rien. Mauvais signe. Je me décidais à lire la note. J’étais convoqué chez la directrice. Fantastique ! Comme si j’avais besoin de ça en plus de tout le reste. Enfin, au moins avait-elle choisi le moment opportun pour moi… le cours de sortilèges. Je me faisais une joie d’y échapper mais je ne me réjouissais pas vraiment de passer ce temps dans le bureau de la direction.

Je rassemblais le peu de matériel que j’avais sorti et fourrais le tout dans mon sac. Je le mis sur mon dos et je filais vers le bureau, pas motivé pour un sous et certainement pas enthousiaste. En même temps, ces derniers temps, je n’étais pas enthousiaste du tout et surtout pour rien. Je séchais les cours, j’arrivais en retard, je dormais et je ne tenais pas mes promesses non plus. Je ne comptais plus le nombre de fois où j’avais fait faux bond à Micaëla sans parler des idées honteuses qui me passaient par la tête pour oublier Mermaid… Je crois qu’il fallait que je fasse quelque chose. Oui, mais quoi ? Nathaniel et Vitali restaient mes confidents les plus proches mais ni l’un ni l’autre ne savaient ce qu’il retournait de mon secret honteux.

Je me mis en route vers le bureau, traversant les couloirs et empruntant les escaliers tout ça dans des mouvements automatiques et bien rôdé, je crois que je connaissais certains coin presque par cœur à force. Après tout, je vivais par intermittence ici depuis des années. Le bureau de la directrice en revanche, c’était une grande première pour moi. J’allais me faire crucifier par mon paternel et maman.
Ce que j’ignorais bien évidement, c’était que maman était responsable de ma convocation. Cette info n’étant pas en ma possession, j’avais déjà l’impression d’avoir les oreilles qui sifflaient à cause du volume sonore employé par mon père pour étaler sa déception à mon sujet.

Une fois devant la porte, je mis un moment avant de me décider. Un vrai supplicié qui attend la corde, je devais être beau à voir. Je me ressaisis pourtant, ça n’était pas comme si je n’avais pas l’habitude des remontrances, ce serait juste une grande première pour celle-ci. Haut les cœurs !
Je frappais à la porte et j’attendis qu’on me donne le feu vert. Une fois cela fait j’ouvrais la porte et j’entrais. Je mis un moment avant de me rendre compte que non, je ne m’étais pas trompé de porte. Il fallait reconnaître que c’était quelque chose cet endroit. Bon, ça n’était pas ce que j’aurais choisi comme déco, c’est certain… mais après tout, il fallait sûrement que l’endroit soit grandiose. Je m’approchais du bureau. J’avais l’impression de grimper à l’échafaud, c’était aussi agréable que de me faire sermonner par mon père. Je me préparais comme je le faisais quand je lui faisais face, au moins, je n’aurais peut-être pas trop de surprise.

Je déposais la convocation sur le bureau et je retrouvais mes bonnes manières que j’avais perdues entre la porte et le bureau.

« Bonjour madame. »

Je me sentais… idiot. Oui. Voilà. C’est ça. Idiot. Je me sentais complètement idiot. Je n’esquissais même pas un geste pour m’asseoir. Après tout, est-ce que je pouvais seulement m’asseoir ?