La Rose et le Lys

« Qu’est-ce que je vais bien pouvoir mettre ce soir… » dis-je tout haut devant mon armoire. J’avais deux tenues qui pouvaient parfaitement passer pour des tenues des années folles, à condition de les raccourcir. Mais laquelle choisir ? D’un côté, j’avais une superbe robe dorée, et de l’autre, une robe noire très classe. Une nouvelle fois – la dixième au moins – je réessayais mes deux robes pour voir comment elles tombaient sur moi. Très bien, bien sûr, les deux étaient à moi ! Je ne pus retenir un petit rire. Je voulais être jolie, vraiment, pour essayer d’attirer l’attention de Gaël qui sortait avec Jeanne et parce que j’avais bien envie de profiter – et plus si affinités – de ma soirée avec Lys. Après tout, ça faisait longtemps… J’achevai d’enlever la robe dorée et me lançai un regard courroucé dans le miroir. « Non mais oh ! Rosa ! Pour qui tu te prends là ! A quoi tu joues ? » me morigénai-je tout haut : l’avantage d’avoir une chambre pour moi seule en tant que préfète, c’était que je pouvais me parler toute seule sans passer pour une folledingue… Je secouai la tête et pris ma baguette pour rétrécir la noire. Allez hop ! Adjugée vendue pour cette charmante robe très classe. J’arrêtai sa longueur à au-dessus des genoux, même si, pour le coup, je n’aurais rien eu contre la rendre encore un peu plus courte… Avant de passer à ma coiffure et à mon maquillage – j’enfilerai ma robe après.

J’avais, au préalable, mis des bigoudis sur ma tête pour boucler mes cheveux de façon disciplinée et n’avais plus, à présent, qu’à les enlever et à faire la coiffure spécifique : un chignon bas sur la nuque et lâche, avec une longue mèche ondulée sur le côté gauche du visage et de la laque pour fixer le tout. Quant au maquillage, ce fut assez rapide : une légère couche de fond de teint pour le matifier, un petit coup de blush pour la bonne mine, un rouge à lèvre rouge vif, du crayon noir autour des yeux pour faire ressortir mes yeux bleus et du mascara pour allonger mes cils – déjà longs – et approfondir mon regard. Et, enfin, je n’avais plus qu’à renfiler ma robe et mes escarpins noirs vertigineux. J’étais fin prête. J’attrapais mon petit sac noir et me jetai un dernier coup d’œil dans le miroir. « Parfaite… » dis-je avec un petit air appréciateur. Certes, je n’arriverais jamais aux chevilles des vélanes, mais pour une simple sorcière, je n’étais pas trop mal… Enfin, il y avait pire, quoi…

Je me dirigeai vers la chambre de Lys, vu qu’il avait été prévu que ce soit moi qui vienne le chercher. La galanterie semblait avoir disparu, de nos jours mais bon, il fallait faire avec. Je toquai à la porte et attendis qu’il vienne m’ouvrir. Dépêche toi, Lys songeai-je, n’ayant guère envie de faire le pied de grue. Ca aurait dû être dans l’autre sens, en plus, mais bon. Il fallait faire avec.

La Rose et le Lys

Je n'eus que quelques secondes à attendre, et, pourtant, elles me semblèrent durer des heures. Peut-être était-ce à cause du rythme de mon coeur qui s'était accéléré lorsque ma main avait légèrement volé contre la porte pour toquer quelques coups légers comme les battements d'aile d'un papillon. Sans doute avais-je craint qu'il ne me pose un lapin, ou ait changé d'avis, sans nul doute, même. Et pourtant, non, il vint m'ouvrir la porte en m'adressant un de ces sourires dont il avait le secret. Une de ses mains vint prendre la mienne, l'autre refermant la porte derrière lui et un sourire naquit sur mon visage sans que je puisse le retenir. L'eussé-je voulu de toute façon que j'en aurais été bien incapable. « - Il me semble que nous sommes en retard pour ce bal et mademoiselle est charmante ce soir. »< "Ma foi, tu n'es pas mal non plus" répondis-je d'un ton taquin avant de reprendre plus sérieusement, en rougissant: "Merci" J'aurais dû être habituée aux compliments, depuis le temps car, si je n'étais pas une vélane, je n'en étais pas moins mignonne, pour une jeune fille normale, mais je piquais un fard à chaque fois, ce qui avait le don de m'agacer prodigieusement. Lys, cependant, n'y était pour rien et je refusais de m'en prendre à lui pour mes pommettes rosissantes. "Tu as raison, nous devrions nous dépêcher d'y aller, ou nous allons tout rater..." Et pourtant, je serais bien restée là à profiter d'une soirée en tête à tête dans nos tenues pour le moins assorties et très chic. Ce n'était pas une soirée romantique, ni un rendez-vous galant, ni rien de ce genre, mais il fallait reconnaître que le Zeus avait un charme magnétique auquel l'Hébé que j'étais n'était jamais restée indifférente. Quelle fille de l'académie l'était, d'ailleurs, je me posai la question, surprise de ressentir un petit pincement au coeur à cette idée. Rosa, arrête ça tout de suite! m'intimai-je avant de me diriger vers la sortie du bâtiment.

Nous parvînmes finalement jusqu'à l'Université où se déroulait la soirée. Nous n'étions pas si en retard que cela, il fallait croire puisque, sur le chemin, nous avions croisé plusieurs couples entrain de se rendre sur place. De toute façon, il était de bon ton d'arriver un peu en retard à ce genre d'événement, même si cela signifiait rater une partie de l'action. "M'accorderez-vous cette danse, mon cher ami?" demandai-je, imitant ce qui était de bon ton dans les années vingt, du moins, d'après les films de reconstitution de cette époque de l'entre deux guerres. Les années folles, la prohibition... Je me penchai à l'oreille de mon cavalier pour lui demander: "Tu crois qu'il y a de l'alcool, ou bien reconstitution oblige, ils ont respecté les critères de l'époque qui voulaient qu'il n'y ait pas d'alcool, sauf des les soirées clandestines?" je me reculai un peu, souriante en attendant sa réponse, tout en regardant autour de nous voir si je n'apercevais pas Gael. Mais de Gael point, pas plus que de Jeanne. Je reportai donc intégralement mon attention sur Lys, décidée à profiter à fond de cette soirée, et plus si affinités.

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