Mon plan avait un léger problème… On allait aller piquer des trucs dans les cuisines, ok… Il fallait qu’on entre, ok… On n’avait pas vraiment de plan comme venait de le souligner mon cher compère, ok…
Il avait quelques idées, moi aussi mais on avait oublié un léger détail. Très léger mais pas tout à fait insignifiant. Qui dit bientôt l’heure du repas dit aussi… prof dans les couloirs et ils n’étaient pas nés de la dernière pluie. Et puis en plus, ils avaient l’ouïe fine. Quelqu’un se pencha au dessus de nous.

« Messieurs… »

Je levais la tête et souriais. Il n’y avait que ça à faire.

« Oui professeur ? »

« Prendre à manger dans les cuisines n’est pas interdit mais avant les repas, ce n’est pas le meilleur moment. »

Il y avait comme un problème… Depuis quand on pouvait entrer dans les cuisines librement ? J’avais donc raté ce passage dans le règlement ? Ah oui c’est vrai, je ne l’avais pas lu. Et puis ça me revint. J’avais toujours tenté d’entrer dans les cuisines soit très tôt le matin – Quand j’arrivais à me lever – soit avant le repas. Tu m’étonnes que je m’étais fait éjecter… J’étais con parfois.

« Maintenant, ces messieurs vont arrêter de comploter et se détendre avant de manger bien que je ne pense pas que ce soit très compliqué vu vôtre attention en cours aujourd’hui ? »

Hum… Ah oui, j’avais eu cours avec ce prof aujourd’hui… J’aviserais plus tard. Je choppais Logan par le col et on déguerpit vite fait. Une fois un peu plus loin, je m’arrêtais.

« Désolé mec mais ce prof-là, vaut mieux pas le contrarier. » Je me grattais l’arrière de la tête avec ma baguette. « Apparemment, on peut rentrer dans les cuisines quand on veut, j’ai l’air d’un con. J’ai toujours essayé d’y entrer avant les repas, tu m’étonnes que j’y suis jamais arrivé. C’est le seul moment où on peut pas. Un de ces quatre, il faudrait que je lise le règlement, juste pour voir. »

Je me redressais.

« Mais je ne m’avoue pas vaincu ! Après le repas, on ira piller la cuisine si le repas est dégueux. »

Je m’appuyais au mur glacial, je frissonnais et me redressais.

« T’as une idée de quoi faire maintenant qu’on est démuni de notre plan de conquête des cuisines, parce que là moi, je sèche totalement. »

Et c’était vrai, j’étais démuni et j’avais interrompu ma relaxation siestaire pour aller piller les cuisines. Que faire…

« On va quand même se faire un encas en s’assurant que le prof est plus là ? »

Là, je dois dire que je me sentais comme un con. Comment ne pouvais-je pas savoir que les cuisines étaient ouvertes ? Je n’avais aucune excuse. Neuf ans ! Ou presque… que j’étais là et je venais d’apprendre que les cuisines étaient en libre accès. Dire que j’attendais toujours impatiemment de rentrer chez moi pour cuisiner ou alors d’aller chez Mermaid. J’étais nul sur ce coup-là.
Logan semblait aussi surpris que moi mais lui, il avait quand même un sacrée excuse. Premièrement, il avait débarqué quelques mois plus tôt. Deuxièmement, il me semblait me souvenir qu’à Poudlard, les cuisines n’étaient pas en libre accès. Pour cette partie-là, je devais croire les gens sur parole. Je n’avais jamais mis les pieds à Pourdlard alors que j’avais déjà fait un tour à Durmstrang mais je ne me souvenais plus du tout de l’agence des lieux.
Enfin, là n’était pas le sujet. Notre super plan tombait à l’eau parce que je n’avais jamais mis mon nez dans le règlement de l’école. Bon, au moins ça me changeait les idées. Ces derniers temps, mon moral n’était pas au beau fixe. Il fallait que je pense à passer plus de temps avec Logan ou Nathaniel. Ça arrangerait mon caractère.

« Nan c’est pas grave va… Ca peut arriver à tout le monde ou pas… Mais t’inquiète, on va bien trouver quelque chose d’autre à faire ! »

Je souris, je ris même.

« J’avoue, j’avoue, j’ai eu une flemme aiguë de lire le règlement. En huit ans, je n’ai jamais dépassé le titre mais si tu veux te lancer dans l’aventure de la lecture, tu peux y aller. Tu me résumeras. »

Apparemment, mon idée d’en-cas avait fait mouche mais avant même que je n’ai le temps de réagir, Logan faisait son tour de guet comme un vrai pro histoire de voir si le prof restait dans les parages. Je jetais donc un œil dans les cuisines. Bordel… fallait avouer que c’était classe, j’allais venir squatter souvent, très souvent pour me faire à manger pendant mes pauses. En attendant, la voie semblait libre dans les cuisines, ou du moins, il semblerait que le grand ballet des casseroles n’avait pas encore débuté.
Je sortais à peine ma tête de là que Logan revenait, prêt au rapport. Efficace ce garçon.

« Un moyen de le distraire… »

Je réfléchis un instant et puis soudain, l’idée de génie. Pour une fois que le cours de métamorphose allait me servir. Entendons par là, pour une fois qu’une de mes erreurs en cours de métamorphose allait me servir.
Je sortis quelques uns de mes fameux lacets. C’était du gaspillage mais ça valait bien ça, un tour dans les cuisines. Je lançais mon sortilège de façon tout aussi foireuse que lors de mon cours. Les quatre lacets prirent l’aspect de serpent plus vrai que nature mais immobile. De toute façon, le temps qu’on s’en aperçoive, on serait loin des cuisines.

D’un Wingardium Leviosa, je les positionnais de façon stratégique et suite à ça, je lançais un Aquamenti dans le couloir où était censé arriver le prof. J’aurais pu lancer un Avis mais c’était un coup à se faire pendre par les orteils si on retrouvait le coupable et son complice, c'est-à-dire… nous deux.

« Ouais… la métamorphose, c’est vraiment pas mon truc, faudra que je bosse ça. Bon, on a pas beaucoup de temps, va falloir speeder. J’espère que tu maîtrises ton Accio, on va en avoir besoin pour vite trouver ce qu’on veut. »

Là, j’étais pas peu fier de mon plan. Je trouve que j’assurais quand même pour quelqu’un qui n’avait jamais pensé à lire son règlement.

« T’es prêt vieux ? »

C’était un fait avéré, j’étais vraiment une bille en métamorphose. J’avais la moyenne, ça s’arrêtait là. Voir que Logan était meilleur que moi n’était même pas vexant, là encore, c’était un fait. Point final. C’était une sorte de fatalité, la métamorphose et moi, ça ne serait jamais une grande histoire d’amour, il ne fallait pas se leurrer.
Enfin, heureusement pour moi, je maîtrisais quand même les sorts les plus courants, je maîtrisais aussi les plus simples. En général, je rattrapais mon retard pendant les vacances et j’avais le niveau de l’année précédente à la rentrée. C’était déjà ça non ? Bref, Mon Aguamenti, lui, était très réussi et une fois dans les cuisines, je me mis à chercher ce dont nous avions besoin. L’ennui, c’est que je ne connaissais pas vraiment les goûts de Logan en matière de nourriture.

Alors que je cherchais tout en réfléchissant à ce que j’avais envie de manger avant le repas du soir, j’entendis Logan lancé un sort. Je n’avais même pas remarqué l’agitation.

« Alors ? C’est pas que je veux te presser, mais on a pas vraiment le temps de réfléchir quinze ans… »

Oh oh… Je mis mon cerveau en marche pour de bon et je penchais vers des sandwichs. C’était simple mais ça marchait toujours. L’Accio je maîtrisais. Chaque matin, j’en avais besoin. Alors je l’utilisais pour chopper du pain, du jambon, du fromage, du salami et sait-on jamais, de la confiture de fraise ainsi qu’un tube de sauce. J’attrapais un couteau et c’était bon. Mon sac pesait lourd mais au moins, on avait de quoi grignoter pour un moment.

« On se tire mec ! Repli ! »

Je l’entraînais alors par une autre sortie. Ce couloir-là semblait moins agité que l’autre mais on entendait malgré tout la cohue que notre petit tour avait provoqué.

« Je crois qu’il faudra se retirer dans ce petit couloir, là, maintenant. Genre… tout de suite. »

Je me dirigeais vers le dit couloir, nettement plus calme et je m’assis dans un renfoncement avant de sortir le fruit de notre larcin en cuisine.

« Bon, j’ai pris de quoi faire des sandwichs, sur le coup, je me suis dit que prendre de quoi faire un vrai repas était inutile. Tu veux quoi ? »

J’avais un sourie parfaitement stupide accroché sur le visage. J’étais bêtement fier du boxon qu’on avait mis tous les deux. Ça changeait un peu des visages graves que l’on voyait un peu trop depuis les derniers événements. J’espérais qu’au moins, ça en aurait fait rire, les plus grands farceurs de Beauxbâtons avaient dû apprécier.

Je me saisis d’une tranche de jambon et d’une tranche de fromage que j’écrasais entre deux morceaux de pains et que je découpais en triangle. C’était une manie d’américain mais je trouvais ça nettement plus classe que de les couper en deux de façon très droite.
Je n’avais par contre pas pensé à prendre à boire. Je ne pense pas que Logan avait voulu du jus de raisins de toute façon.

« Joli le coup des serpents. J’ai cru entendre quelqu’un glisser sur la flaque qu’à provoquer mon Aguamenti. J’espère que la personne ne s’est pas blessée. Ce serait pas de bol. Surtout si on se rend compte que c’est nous. »

Au pire, nous risquions la retenue mais j’étais un abonné alors personnellement, je m’en fichais. Ce qui m’aurait gêné, c’est que quelqu’un se soit vraiment blessé en glissant dans ma superbe flaque d’eau. En même temps, de l’eau sur du carrelage, ça glisse assez bien.

À nous deux, on avait quand même mi un sacré boxon. Mais je n’étais pas peu fière. C’est vrai, ça ne risquait pas de faire remonter ma cote auprès des profs si je me faisais coincer. Mais en même temps, il fallait admettre que n’importe qui pouvait jeter un Aguamenti et que ces serpents-là ne pouvaient pas être de mon fait. Je n’étai pas assez bon pour en arriver à un résultat pareil. Autrement dit, il y avait peu de chance qu’on remonte jusqu’à nous malgré le chantier qu’on avait mis. N’importe qui avait pu piller les cuisines. Notre présence dans les parages n’avaient été que purement fortuite.

Une fois à l’abri, je le laissais se servir ce qu’il voulait pour mettre sur son sandwich. Personnellement, j’étais aux anges. C’est fou ce que peut faire une bête tranche de pain. Dire que pour une fois, tout allait bien. C’était rare ces temps-ci.

Je le regardais sortir une bouteille de son sac. Sérieusement ? Il avait piqué du vin. Oula… chacun son truc mais moi, je ne buvais pas. Ou alors vraiment peu et rarement, quand je devais me taper une réunion de famille en général.

« Nan, t’as le champ libre avec la bouteille de vin, l’alcool et moi, on est pas vraiment copain. »

Un verre ne suffisait pas à me rendre ivre, du moins, pas avec du vin, un alcool fort, ce serait sans doute autre chose. Enfin, heureusement que je ne tentais pas l’expérience, je n’étais pas sûr que ça serait vraiment beau à voir. Boire, ç a m’était arrivé une seule fois et il paraît que j’avais l’alcool joyeux mais surtout irresponsable. En gros, je faisais n’importe quoi, n’importe comment et je me fichais bien du reste. N’aimant pas perdre le contrôle de moi-même, je n’avais jamais réitéré. J’enviais parfois les autres pour ça. Mais je n’aurais pas remis ça, pour rien au monde.

Je préférais me concentrer sur mon sandwich plutôt que sur la bouteille de vin. En vérité, je n’étais même pas tenté. Mais j’espérais pour lui que Logan tenait l’alcool, mine de rien, ça se verrait au dîner sinon. Déjà comme ça que nous ne mangerions sans doute pas grand-chose après avoir bien entamé nos provisions, si en plus quelqu’un se rendait compte que Logan avait un coup dans le nez, on se douterait bien que c’était nous les pilleurs de cuisine.

« Oublie pas qu’on doit quand même se pointer au dîner après, sinon, on va se faire griller Alors évite de descendre la bouteille. J’me demande d’ailleurs si on ne devrait pas passer par la chambre pour déposer la bouffe, on sait jamais. »

Je n’avais pas encore de retenue, j’aimerais retarder la date de la première parce qu’elle arriverait bien assez tôt vu mon taux de concentration proche de zéro…
Je me concentrais un instant sur mon sandwich. C’était si simple mais si bon… je me répétais, mais deux morceaux de pain pouvaient faire des merveilles.

« En tout cas, tu auras eu autre chose qu’un repas français ! C’est bon pour ton moral rien qu’à voir ta tête. T’as l’air presque aussi extatique que tout à l’heure quand tu rougissais. »

Oui, un peu fourbe, je le reconnais mais j’étais franc malgré les mensonges que je balançais à propos de ma vie privée. Je ne cherchais jamais à creuser ce qui se passait chez les autres mais de temps en temps, j’aimais bien titiller un peu histoire de voir. Cependant, je n’obligerais pas Logan à me parler de cette fille ou de ce garçon. Ça n’était pas mon genre et ça ne le serait jamais.
En fait, je n’aimais pas les gens qui voulaient absolument tout savoir sur ce qui se passait dans la tête d’un autre.

Je vis Logan tirer la tête un petit peu et je souris.

« T’inquiète donc pas mec, je te charrie, déstresse. Ok ? Détends-toi un peu, on dirait que tu vas nous faire une syncope. »