VULNERA SAMENTO FERME SES PORTES ▲
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« Nos cauchemars, c'est notre âme qui balaye devant sa porte. » | PM
ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Message Posté Lun 23 Avr - 1:38.


« Nos cauchemars, c'est notre âme qui balaye devant sa porte. »
Screaming in the dark, I howl when we're apart.

★ noms des participants: inscrire ici le nom des participants au sujet.
★ statut du sujet: Privé
★ date: Quelques jours après la rentrée
★ heure: Au beau milieu de la nuit
★ météo: Nuit nard
★ saison: Saison 2
★ numéro et titre de l'intrigue globale en cours: Prélude
★ numéro et titre de l'intrigue en cours: Prélude
★ intervention de dominus: Non perci
★ récompenses: Marathon du RP du 23 Septembre 2012.



Anonymous
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Message Posté Lun 23 Avr - 1:39.
Elle avance dans le couloirs sombre. L'odeur sang la prend à la gorge, mais elle sait qu'elle doit avancer, continuer, toujours, ne pas s'arrêter, jamais Même si la panique lui tord les entrailles, même si elle respire de plus en plus mal, même si elle tremble, même si elle voudrait être ailleurs. Elle n'est pas seule, elle le sait, les autres sont avec elle, derrière elle. Mais jamais elle ne se retourne pour le vérifier. Son bras ne lâche pas son ventre, mais chaque pas provoque une gerbe de sang qui coule le long de son corps pour s'étaler au sol, elle se vide peu à peu, petit à petit, lentement, elle meurt. La panique la ronge petit à petit, les larmes coulent le long ses joues trop pâles. Sa main serrée autour de sa baguette, elle avance. Elle sait ce qu'il va se passer, elle le sent, mais pour autant ne s'arrête pas. Et puis, en face d'elle, Jedediah, qui semble l'appeler. Elle s'approche, il s'effondre. De sa gorge, un tourbillon de sang s'écoule, il tremble et convulse sur le sol, et elle ne peut rien faire pour l'aider. A ses côtés, Ilyas blessés. De l'autre côté, Lycaon qui gise au sol sans vie. Et au loin, bien plus loin, un homme de feu s'éloigne et lui adresse un dernier sourire carnassier avant de s'effondrer au sol dans un torrent de sang, de poussières, de sable, de vent. Elle est recouverte de sang, celui de son ami, celui de l'homme, le sien. Et il n'y avait rien qu'elle ne puisse faire. Autour d'elle, tous sont blessés, morts. La nausée lui ronge la gorge, mais elle ne peut rien faire, sinon fixer cet homme qu'elle vient de tuer. Elle le sait qu'elle est responsable de cette mort ; elle, et ceux qui sont là.

Lola étouffa un hurlement dans son oreiller alors qu'elle se réveillait en sursaut une fois de plus. Paniquée, tétanisée, il lui fallut quelques instants pour reprendre pied dans la réalité, comprendre que ce n'était qu'un rêve, que Jedediah n'était pas mort, ni Ilyas, qu'elle se trouvait bel et bien dans sa chambre à Vaux-les-Pins et qu'elle ne faisait que ce cauchemar récurant qui ne la quittait plus depuis l'été ; ce malgré les potions diverses supposées l'aider à apaiser son esprit avant de dormir et l'aider à se reposer normalement. Mais jamais sûrement ne pourrait-elle jamais retrouver un sommeil normal. Chaque nuit, le même cauchemar revenait la hanter, chaque fois plus violent, chaque fois plus réaliste. Elle ne cessait de revoir la mort du tueur de Dürmstrang dans ses rêves, cette torche humaine disparue on ne savait pas où après que le marécage de Lycaon l'ait englouti, elle revoyait sans cesse des bribes de la bataille dans la salle des banquets, et comme ce jour là perdait ses entrailles petit à petit. Et la panique, l'angoisse la tenaient éveillée le reste de la nuit si bien que d'immenses cernes décoraient le contour de ses yeux chaque matin et que son attention faible à cause de son hyperactivité l'était encore plus à cause du manque de sommeil. La jeune femme le savait, ce rêve ne la quitterait jamais totalement. Elle en avait parlé une nuit avec Artémis alors que lui aussi était sujet à des insomnies, malgré tout ce qu'on pouvait lui dire, lui faire avaler, il ne dormait plus bien et lui avait dit qu'il le sentait, il fuirait le sommeil et le sommeil le fuirait longtemps encore. Éprouvants, ces derniers mois marquaient les esprits de chacun, laissant de larges plaies qui mettraient du temps à cicatriser complètement et malgré l'insouciance de l'été, malgré les rires, le réconfort, l'oubli, le rejet, la réalité les rattrapait bien trop vite.

Lola resta un instant à fixer le plafond sans rien faire, attendant que les battements furieux de son cœur se calment, que sa respiration devienne plus régulière. Et pourtant, elle grelottait toujours.

Elle ne réalisa son acte qu'après avoir frappé trois coups légers sur la porte. Celle de Lycaon. Vêtue d'une chemise d'Ilyas qu'elle lui avait piqué un jour et qui lui servait de pyjama depuis, tremblante, les joues encore recouvertes de larmes et les yeux rougis, elle allait chercher le réconfort là où elle pouvait le trouver, auprès de celui qui toujours trouvait les bons mots.

Lycaon.

Et Lola ne savait toujours pas pourquoi elle avait eu cette idée stupide quand la porte s'ouvrit sur un homme, les cheveux en bataille, l'air peu réveillé et... torse nu. Lola resta à le fixer sans rien dire, trop surprise pour pouvoir dire quelque chose, encore tremblante de froid d'être vêtue aussi légèrement dans les couloirs, mais aussi de l'angoisse qui ne la quittait pas ; puis doucement, elle leva la tête et lui demanda d'une voix étouffée. « Je peux dormir avec toi ? ». Elle voulait retrouver le confort de l'étreinte de Lycaon, l'apaisement qu'elle ressentait chaque fois qu'il lui parlait pour la rassurer, elle voulait à nouveau pouvoir se lover tout contre lui, sentir son souffle dans son cou, et l'odeur de sa peau et ses mains dans ses cheveux.

Elle voulait fermer les yeux et ne plus le voir mort, mais le sentir bien vivant.
Lycaon Aleksandrov
Lycaon Aleksandrov
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Je viens de Durmstrang pour vous égorger
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Je viens de Durmstrang pour vous égorger
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Message Posté Mer 13 Juin - 2:12.
    Il ne rêvait plus. Depuis plusieurs années déjà, il avait cessé de rêver ; phénomène étrange dont il ne cherchait pas même l’explication, tourné et retourné dans l’esprit de sa psychothérapeute quand il obtempérait de bonne grâce et acceptait de lâcher trois mots, trois phrases, où il affirmait ne plus rêver. Est-ce qu’il estimait dormir correctement, se reposer pendant ses heures de sommeil ? lui demandait-elle à chaque séance où ils abordaient le sujet. Et Lycaon estimait que oui, il dormait bien. Même quand ce n’était pas le cas. Même quand il avait l’impression de se réveiller aussi fatigué qu’il ne s’était couché la veille. Même quand il s’endormait dans les bras d’Eleonora en plein milieu d’un après-midi désœuvré. Même quand il ne dormait pas.

    Même quand il rêvait, même quand dans ses songes démembrés, décousus, balafrés, souriait, attentif, confiant et imperturbable, l’ombre glaciale aux ailes de plumes noires.

    Machinale, sa main tâtonna sur sa table de chevet, sans même qu’il n’en prenne conscience, pour trouver ce qu’elle ne manquait pas d’attraper chaque matin : un morceau de parchemin déchiré, aux écorchures inégales galvaudées par le temps. Tu es à moi. L’ordre, intime, était gravé d’une pointe de plume nerveuse, enfiévrée, déchirant par endroit le grain ancestral. Les lettres étaient incontestablement de sa griffe, pourtant démentie de ces infimes détails qui n’étaient pas de sa main. De celle d’un autre. Un autre. Il ne chercha pas à le lire. Il ne chercha pas à vérifier que les mots demeuraient les mêmes, éternel manège, il ne chercha pas ne serait-ce qu’à y jeter le moindre coup d’œil. Par un automatisme presque rouillé pour être devenu trop rôdé, il ouvrit le tiroir et y laissa tomber le morceau de parchemin dans l’oubli obscur – parmi les autres cadavres.

    Lycaon se retourna au-dessus de ses draps froissés, laissant retomber sa main dans la fourrure de Goliath, assis de l’autre côté de son matelas. Il en distinguait la silhouette massive, ses prunelles habituées à la pénombre de sa chambre, seulement percée des rayons argentés de la lune, commençant à en percevoir les nuances alternées du gris de son pelage ; avec humeur, l’animal recula légèrement, renâcla et sauta à bas du lit, trottinant vers la porte close de sa chambre. Lycaon haussa vaguement un sourcil tandis que son bras retombait dans l’oreiller ; voilà un animal mal luné, qui le réveillait en glissant sa truffe humide dans son cou pour finalement l’abandonner à son sort. Les caprices de la vieillesse, sans doute. Un grognement s’échappa de sa gorge, agacé ; il avait eu suffisamment de mal à s’endormir pour ne pas avoir à être réveillé en plein milieu de la nuit par un vieux chien esseulé qui s’ennuyait. Il ne supportait pas la chaleur française.

    Trois coups frappés sur le panneau de sa porte lui enseignèrent que ce n’était pas un simple caprice de vieillard ennuyé.

    Son cœur rata un battement, l’étourdissement de son réveil prématuré chassé d’un coup de vent. Loin de lui, toute préoccupation quant aux motivations de Goliath, loin de lui toute rancune à l’endroit de son chien pour l’avoir réveillé alors qu’il avait eu tant de mal de s’endormir. Loin de lui, ce songe, entre rêve d’enfant et cauchemar d’adulte, où l’ange noir posait ses prunelles incandescentes sur sa peau glacée, où les plumes sombres de ses larges ailes écharpées glissaient dans un froissement soyeux sur le sol dallé du hall aux dimensions démesurées. Une chape de plomb, lourde et sombre, s’était abattu dans sa chambre, tandis que ni la respiration de Goliath, paisible, ni la sienne se faisait entendre ; il n’avait pas même eu conscience de l’avoir interrompue, l’espace d’une seconde, peut-être deux, sans doute dix, le temps pour lui de se rendre à l’évidence que ce n’était pas Théodora qui, derrière cette porte close, réclamait les bras de son frère aîné, ou Eleonora qui en voulait à sa chaleur. Non, ce n’était aucune d’entre elles, non, ça ne pouvait pas être l’une d’entre elles. Terre française, terre aride, terre maudite ; son souffle prisonnier de sa gorge agonisait.

    Il effleura du bout des doigts le manche de sa baguette, laissant son incantation silencieuse animer une flamme, dansante et sinueuse, dans l’âtre de sa cheminée dans un chiche éclairage confortable, et se redressa sur ses draps froissés ; une douleur, vieille amie, vieille ennemie, lancinante et fulgurante, transperça sa jambe gauche sous la contraction d’un muscle trop artificiel pour ne pas être naturel. De ce que la magie savait faire, elle n’avait pas trouvé la solution parfaite pour comprendre la complexité infime du corps humain. Réparer les os, voilà chose aisée ; recréer un muscle explosé au cours d’une bataille, d’une chair labourée aux ligaments charcutés, un dessein laborieux. Sans doute ne pourrait-il plus exercer la moindre activité sportive éprouvante – comme si cela relevait de ses habitudes. A tout le moins pouvait-il regretter de ne plus pouvoir monter à cheval, et encore. Il n’était pas un sportif, le révélait ses résultats en ASP. Il était un cérébral. Un rat de bibliothèque. Un type un peu maigrichon qui boitait. Un passionné de langues étrangères, de langues mortes, de légendes, de mythes, d’histoire et autres vulgarités qui prenaient la poussière dans un coin de la bibliothèque. Qui préférait assembler les pièces du puzzle plutôt que d’en rechercher les morceaux manquants. Ouais. Un cérébral.

    Un cérébral qui avait accepté de vivre l’année entière avec la seule personne qui dont le seul souvenir lui labourait le cœur, lui lacérait la chair, lui écharpait l’âme. Comme si cela ne suffisait pas qu’ils suivent la même filière et les mêmes cours, les réunissant chaque jour.

    Il se demanda pourquoi, au cours de cette soirée caniculaire, il l’avait autorisée à poser cette question. Il se demanda pourquoi, au cours de cette soirée caniculaire, il avait accepté sa proposition. Il se demanda pourquoi, quelques semaines plus tard, il honorait une promesse qu’il n’aurait jamais dû tenir. Qu’il aurait dû rompre, à la première occasion, accusant un taux d’alcoolémie indécent pour auteur de paroles qu’il ne pouvait assumer. Parce qu’il était marié. Parce qu’il avait des engagements. Parce qu’il avait une alliance qui lui coupait le sang. Parce qu’il… Parce qu’il… Oh, Merlin, parce qu’il l’aimait.

    Puis il ouvrit la porte.

    S’il avait voulu prendre la parole, il n’aurait pas pu ; sa langue lui avait été coupée. S’il avait voulu prendre une profonde respiration, il n’aurait pas pu ; ses poumons lui avaient été arrachés. S’il avait voulu faire un geste, il n’aurait pas pu ; il aurait perdu l’équilibre. Il se sentait ridicule. Ridiculement faible, ridiculement nerveux quand il s’agissait d’elle. Quand il s’agissait de comparer sa vie vendue aux enchères à celle qu’il aurait pu choisir de son propre chef. Quand elle reflétait ce qu’il aurait pu désirer avec vigueur, vitalité et liberté, ce qu’il aurait pu bercer, aimer chaque jour davantage. Plus que la veille, moins que le lendemain. Il se sentait ridicule. Il se sentait ridicule d’entrevoir ce qu’il manquait avec tant de regrets, de mélancolie et de douleur tandis qu’un poignard glacé transperçait son cœur. Il se sentait ridicule de ne pas savoir, de ne pas pouvoir, se combattre quand elle entrait dans l’équation. Il se sentait tellement, tellement ridicule.

    Tellement, tellement amoureux. Aveuglément amoureux. Stupidement amoureux.

    Sa chemise était trop grande pour elle, dans une forme trop carrée pour lui appartenir en propre. Sans doute une chemise d’Ilyas ; Ilyas, oui, sans doute. Son meilleur ami, peut-être plus que cela. Qu’aurait-il dit, s’il avait su ce qu’il y avait entre elle, sa protégée, et lui, son ami avec qui il partageait quelques cigarettes et quelques verres de trop pour danser une valse en plein milieu du bureau du directeur de l’Institut ? Qu’aurait-il fait, s’il avait su que par sa faute, parce qu’il avait la lâcheté d’un charognard affamé, il la blessait davantage chaque jour, davantage parce qu’il avait accepté de vivre avec elle ? Parce qu’ils étaient les seuls de leur année à quitter la Russie pour la France. Pourquoi avoir proposé, pourquoi avoir accepté, malgré tout, malgré le reste ? Pourquoi se scarifier tous les jours en prenant son petit-déjeuner, lorsqu’elle descendait dans la cuisine pour faire de même, belle, si belle, tellement belle… Pourquoi se mutiler tous les jours, alors qu’ils savaient parler français tous les deux, alors qu’elle avait ce jeune français à la langue hésitante, qui l’avait si bien conservée dans son giron alors qu’elle ignorait… la vérité, sa vérité. Pourquoi… ?

    Parce qu’il ne pouvait pas se passer d’elle. De son regard. De son sourire. De ces paroles simples, pleines de franchise et de vie quand ils faisaient abstraction de leurs sentiments pour rire ensemble, pour discuter lorsque la journée éteignait de son activité la flamme songeuse d’un esprit désœuvré. Lorsqu’il n’y avait pas besoin de réfléchir. Lorsque c’était naturel. Comme un couple. Comme un couple.

    Elle était si fine, si frêle sous cette chemise trop grande. Elle était si fine, si frêle… Lycaon déglutit. Plus que fine et frêle, elle était surtout presque nue sous ses yeux. Assez paradoxale pensée, quand lui se présentait torse nu, un pantalon pour toute tenue de nuit. Il aurait peut-être pu rester encore de longues minutes devant elle, doté de la réactivité d’une méduse somnolente, si Goliath n’avait pas poussé ses jambes d’un coup de tête avant de lever ses yeux noirs vers son visage. Et Lycaon aurait tout aussi pu préférer rester dans le couloir, la raccompagner, peut-être, sans sa chambre, une fois ses angoisses passées. Sans doute aurait-il dû.

    Il s’effaça de l’encadrement, invitant silencieusement Lola à rentrer dans sa chambre.

    D’un bond souple, le vieux chien sauta sur le lit où, d’une démarche bancale, Lycaon conduisit Lola ; affaibli par la douleur en continu de son muscle meurtri et froid, il s’appuya lourdement au montant du baldaquin tandis qu’il observait la jeune femme grimper à son tour sur le matelas. Ils rivalisaient de malaise, tandis qu’il ne savait plus où se mettre. Qu’il ne savait plus quoi dire. L’avait-il su ? Son éloquence, son charisme étaient traîtres lorsqu’il s’agissait d’elle, de lui, d’eux, de ce qu’ils ne seront jamais, de ce qu’ils aimeraient être, de ce qu’ils voudraient être. Il ne savait que demander. Ses larmes, pourquoi ? Son visage meurtri, pourquoi ? Ses peurs, lesquelles ? Il voulait s’asseoir à côté d’elle, contre elle, la prendre dans ses bras, la serrer dans ses bras, chasser ses larmes, tarir ses pleurs, la bercer jusqu’à l’endormir et veiller sur elle pour que de telles perles ne glissent plus sur ses joues pâles. Il voulait s’allonger contre elle, passer sa main dans ses cheveux, la rassurer, lui dire que tout allait bien, sans avoir à demander ce qui n’allait pas, juste à lui dire que quoi que ce soit, c’était terminé. Qu’il était là. Qu’il serait toujours là. Qu’il l’aimait, encore, toujours.

    Claudiquant, il s’éloigna. Trébuchant, il attrapa son bras tandis que dans des murmures précipités, indicibles, incompréhensibles, elle amorçait le mouvement de quitter sa chambre. S’excusant. Bafouillant. Pleurant. Son contact l’électrisait ; sa raison claquait.

      « Non, attends… Je… Je ne… » Il s’interrompit, le souffle court, le cœur au bord des lèvres. « Je t’en prie. »

    Une plume noire voleta vers le sol, indolente et silencieuse. Le corbeau, l’œil brillant, veillait jalousement ; le vautour, le cou bas, demandait clémence.

      « Je suis désolé. »

    Elle tremblait. Sous ses doigts chauds, sa peau glacée frémissait. Elle avait froid. Elle crevait de froid. Il avait chaud. Il mourrait de chaud. Quand son cœur s’emballait, sa raison se rebellait ; mais des deux, l’un n’avait pas le dessus sur ce qu’il ne pouvait pas comprendre. Et à trop réfléchir, on en perdait la raison.

    Lycaon ne réprima pas son geste. A oublier ses pensées, il en retrouvait son instinct. Il perdit la notion du temps, de l’espace, de la réalité, de sa réalité, pour la leur. Il l’attira dans son giron, doucement, couvrant sa fraîcheur par sa chaleur, enveloppant de ses bras minces sa taille fine pour la tenir contre lui, loin du reste. Loin de tout. Comme avant. Comme toujours. Et ces mots. Si peu. Si peu de choses. Tellement de choses.

      « Il ne t’arrivera rien. Plus jamais. »

    Les plumes sombres frémirent ; le corbeau siffla, menaçant, accroupi, l’éclat aguerri dans l’encolure de ses prunelles, dans l’ombre tremblotante et décharnée d’un damné maudit. Avec douceur, Lycaon l’entraîna de nouveau vers le lit ; cette fois, il s’assit à ses côtés, proche, trop proche, pas assez proche, ses doigts effleurant le visage fantomatique de la jeune fille, caressant ses mèches noires désordonnées l’encadrant. Il avait, dans le regard, l’éclat doux, tellement doux, songeur et attentif, du garçon qui avait su, un jour, trouver les mots. Qui avait su, toujours, trouver les mots. Maudit. Maudit, toi qui demain, oubliera ce soir. Maudit. Maudit, toi qui demain, reprendra tes distances. Maudit. Maudit, toi qui demain, te rappellera ton alliance. Maudit. Maudit, toi qui demain, la poignardera, encore. Maudit. Maudit charognard.

      « Qu’est-ce qu’il y a ? »

    Maudit, sois maudit, Lycaon. Maudit, sois maudit, médiocre bourreau.
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Message Posté Mer 13 Juin - 14:17.
Il ne disait rien. Il ne répondait rien. Il ne faisait rien. Il restait juste là, comme ça, dans l'encadrement de la porte et n'initiait aucun mouvement. Lola regretta son geste, regretta son impulsion, ce besoin viscéral, presque vital d'aller se réfugier chez lui. Et pourtant, alors que sa raison lui disait de retrouver son lit à elle, sa chambre à elle, remplie de ses démons qu'elle tentait de fuir, où tapis, attendaient ses cauchemars pour revenir la hanter, où cachés patientaient sagement les songes qui la hantaient depuis cette bataille atroce, pourtant, elle aussi, restait là, à le fixer timidement de ses yeux mouillés.

Idiote. Elle n'était qu'une idiote de penser pouvoir le réveiller et espérer même qu'il la prenne dans ses bras pour la bercer. Elle n'était qu'une idiote de penser que parce qu'ils vivaient sous le même toits -sombre folie proposée durant l'une des soirées de l'été, chez elle, trop alcoolisée pour vraiment comprendre ce qu'elle demandait. Ce qu'elle voulait. Désespérément- il la consolerait à la moindre occasion. Non. Rien ne pouvait être simple, rien ne le serait jamais. Et sûrement que leurs délicieuses étreintes lors de la fête donnée en fin d'année à Dürmstrang n'étaient qu'une erreur. Sûrement, et pourtant... La félicité du moment, sa douceur, ce besoin de se sentir aimée, cette impression d'être vivante. Aucune de ses sensations ne pouvaient s'oublier si facilement et Lola se le refusait. Obstinément. Le mariage de Lycaon, gravé au fer chauffé à blanc dans l'esprit de Lola ravivait de trop douloureuses peines pour qu'elle ose oublier que oui, il l'aimait. Que c'était injuste. Et que pourtant... L'éclat de l'alliance de Lycaon attira le regard de la jeune femme, pernicieux hasard. Il n'en parlait pas. Ils n'en parlaient pas.

Elle baissa le regard.

Et puis, finalement, il s'écarta pour la laisser passer. La faible lumière dispensée par la cheminée lui semblait tellement plus chaleureuse que celle de sa propre chambre. Et Golliath, ce chien qu'elle adorait, lui indiqua le chemin à suivre en s'allongeant à ce qui devait être sa place, sur le lit. Lola ne pouvait empêcher ce regard douloureux quand elle voyait Lycaon boiter ainsi. Elle aurait tout fait, tout, pour apaiser sa peine, pour alléger sa souffrance. Mais elle n'était qu'une idiote incapable et incompétente. Fade. Alors, dans sa chambre, une canne faite sur mesure, dans un bois noble et sombre, finement taillé, attendait le moment opportun pour se dévoiler à son propriétaire ; Lola n'avait trouvé que cette maigre idée pour aider le jeune homme. Elle ne lui avait pas encore offerte, ne sachant pas quel moment serait le bon -y'en avait-il un ? Redoutant, aussi, la réaction de Lycaon. Elle le savait fier et se doutait que cette blessure offensait sans qu'il ne l'admette son orgueil noble. Lola le comprenait. Et se demandait si lui offrir une canne, un appui, ne ferait pas simplement l'effet inverse à ce qu'elle voulait.

Elle se posait beaucoup trop de questions quand Lycaon devenait le centre de ses pensées.

Lycaon l'installa sur son propre lui, avant qu'il ne se retourne pour s'installer ailleurs. « Jesuisdésoléejauraipasduvenirtedérangerjevaisyaller », marmonna-t-elle, confuse et honteuse, les yeux baissé, cachant cet éclat d'animal blessé qu'elle ne pouvait maîtriser. Oui, l'attitude de Lycaon l'estropiait, mais y pouvait-il quelque chose ? Non. Et à peine avait-elle fait un pas en dehors de la chambre qu'un étau chaud lui attrapa le bras, la retourna. Il bafouilla. La supplia. S'excusa. L'enlaça. Et d'instinct, Lola retrouva ses marques contre ce corps chaud et rassurant, enfouissant sa tête contre le torse de Lycaon, se concentrant sur les pulsions rapides de son cœur, se nourrissant à sa source de la chaleur qu'il dispensait.

Et des mots. Une promesse. Énorme. De celles qu'on ne tient jamais mais qu'on écoute quand même. De celles qu'on pardonne de trahir car trop insensées. De celles auxquelles on s'accroche quand même. Quand Lycaon le disait, elle voulait le croire. Elle le croyait, qu'il chasserait ses hantises, ses peurs.

La jeune femme se laissa à nouveau guider dans le lit, et cette fois, Lycaon s'y logea près d'elle. Contre elle. Et Lola, toujours tremblante de froid, se nicha tout contre lui afin de se réchauffer. Les doigts de Lycaon qui se promenaient sur son visage éveillaient en elle un trouble qu'elle ne pouvait décrire. Non, ça n'avait jamais été la dernière fois. Non, elle l'espérait, ça ne le serait jamais.

C'était stupide de se rendre compte à quel point on devenait faible lorsqu'on aimait quelqu'un. Et Lola, était amoureuse. Profondément amoureuse. Désespérément amoureuse. Et quoi que Lycaon fasse, elle lui pardonnait. Il ne le savait peut-être pas, mais la jeune femme était prête à tout pour lui. Tout ou presque. Sa présence lui était désormais indispensable, terrible addiction, salvatrice dépendance. Sa voix, rauque, suave, enchanteresse. Ses mains, douces, précises. Son corps, fin et chaud. Et sa présence. Et lui, tout entier.

Lola, nichée contre le corps chaud de Lycaon, ne répondit pas immédiatement. Elle n'aurait pas pu. N'aurait pas su quoi dire. Comment le dire. Peu à peu, cependant, elle se détendait. Et la douleur sourde dans son ventre la quittait. Le yeux fermés, le visage plus détendu, la jeune femme cherchait ses mots. Elle n'était pas de ceux qui avait la confidence aisée, les mots faciles. S'ouvrir lui était au contraire quelque chose de tout sauf évident, de tout sauf normal. « J'ai fait un mauvais rêve. » commença-t-elle. « De cette nuit là. Et d'autres chose. Et tu étais mort. Et Jedediah aussi et tout le monde. ». La voix de Lola tremblait alors que les images de son cauchemar l'assaillaient à nouveau. « Et ça fait mal. » Elle passa une main sur son ventre, là où une fine cicatrice blanche marquait la preuve de son combat pour la vie, alors que durant cette bataille, elle se vidait de ses entrailles et de son sang, impuissante contre la mort qui la rongeait petit à petit. « Je les vois tout le temps. Je les entends. J'arrive pas à oublier. ». Elle planta son regard paniqué dans celui de Lycaon, pour s'y réchauffer aussi, puiser dans cette douceur et cette bienveillance, s'y ressourcer. Continuer de croire que la vie vaut la peine d'être vécue.

Lola marqua un autre silence, long, tandis qu'à intervalle plus ou moins régulier, un frisson la faisait trembler de tout son corps. Là, elle était bien. Entière. Complète. Elle voulait que ces moments ne s'arrêtent jamais, qu'ils durent à n'en plus finir, que le temps s'égrène dans ce cocon velouté. Là, la vie valait quelque chose.

Sa respiration reprenait un rythme normal et régulier, son corps se réchauffait. Ainsi affalée contre le corps de Lycaon, Lola perdait peu à peu le sens de réalité. Et pourtant, il y avait cette phrase qui lui brûlait le palais et qu'elle n'arrivait pas à sortir. Alors, sans détour, sa voix s'éleva pour poser une cruelle évidence. « Zillah me manque terriblement. ».
Lycaon Aleksandrov
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Message Posté Lun 30 Juil - 3:41.
Tu respires encore. Il retrouvait ses marques, il retrouvait ses gestes, il retrouvait sa confiance. Dans la peau de cet homme libéré d’une morale castratrice, de ce garçon dont la stabilité se payait en larmes de sang. L’idée qu’il le regretterait, l’idée qu’il s’en voudrait, l’idée que demain, sa distance vindicative couvrirait cette proximité précaire qu’ils affectaient, qu’ils goûtaient, qu’ils dévoraient, ne l’effleurait pas ; à tout le moins, ne parvenait pas plus à l’effleurer. Dans la peau de cet homme libéré d’une morale castratrice, il vivait. Il vivait, au travers de ces prunelles plongeant dans les siennes, au travers de ce cœur battant contre sa poitrine, trouvant l’écho de battements du sien, cadence régulière, cadence charnelle, cadence éternelle. Dans la peau de cet homme libéré d’une morale castratrice, il respirait.

Tu sens encore. Sa joue contre son épaule. Ses mains sur sa poitrine. Ses bras contre les siens. Sa chaleur contre la sienne, sa magie pour la sienne. Sous la sensibilité de ses doigts fins, il sentait ces infimes tremblements qui parcouraient son corps tandis qu’il l’emprisonnait dans une étreinte qu’il n’avait coutume de réserver qu’à ses sœurs – et encore. Les aurait-il prises contre lui de cette façon, transcendant la seule affection, la seule douceur d’un frère aîné rêvant de paix pour ses cadettes ? Les aurait-il serrées avec la même intensité, hanté de cette idée qu’elle pourrait disparaître la seconde suivante ? Non. Certainement que non. Parce que Théodora et Eleonora ne disparaîtront pas. Ne peuvent disparaître. Jamais. Jamais. C’était une certitude, gravée dans son âme. Dans son cœur. Dans sa chair. Il le savait. Il le sentait. Il le sentait, comme cette fragilité de cristal menaçant de se briser à tout instant, par une malencontreuse maladresse. Payer l’éternel d’une peur insidieuse battant à chaque seconde contre ses tempes, nimbant d’éphémères de trop rares instants jamais consommés, toujours désirés, jamais suffisants, toujours puissants. Il l’avait dans ses bras. Il ne voulait pas la lâcher.

Tu souffres encore. La guerre. La bataille de Durmstrang – Eleonora, Zillah, Lola. Ceux pour qui il avait combattu. Sheena. Celle qui l’avait estropié. Et tous ceux qui étaient tombés au combat. Ses rêves n’en ont jamais été infestés ; et ses souvenirs, bien que vivaces, n’ont pas réussi à l’achever. Charognard affamé, charognard désabusé, il laissait les carcasses dans son sillage, et cernait l’horizon tandis que de ses serres, il en peignait les cheveux de ses âmes chéries qui, de cette étrange force, elles réclamaient. Il était là pour elles. Pour ses sœurs. Pour calmer leurs terreurs quand le velours nocturne chevillaient leurs horreurs à leurs âmes. Il était là pour elles. Pour ses sœurs. Pour bercer leurs inquiétudes et les muer en espérance dans une promesse factice, cœur d’éphémère, qu’elles savaient irréelles mais immortelles. Il était là pour elles. Pour ses sœurs.

Il était là pour elles. Pour ses sœurs. Pour elle. Pour Lola.

Sa douleur se répandait dans ses veines alors qu’il l’écoutait, alors qu’il comprenait que de ces sombres jours elle restait tributaire de ce qu’elle avait vu, senti, ressenti ; de ses craintes, si vaines, toujours sournoises à s’en prendre à elle dans ses moments de faiblesses. Ses peurs, intimes, ses terreurs, personnelles, ressurgissaient dans son inconscient la torturant. Parce qu’elle était humaine. Parce qu’elle était vulnérable. Parce qu’elle était fragile. S’il doutait lui-même de cette humanité que l’on lui arrachait pour manquer d’une réactivité guidée par un intérêt, sinon feint, sincère pour l’horreur à laquelle ils avaient assisté, trop jeunes – mais qui était assez vieux pour pouvoir, sans broncher, sans hurler, sans souffrir, participer à de telles exactions sanglantes ? – il admirait, adulait et aimait la sienne. C’était son trésor, inestimable trésor, merveilleux trésor. Et alors qu’elle tremblait entre ses bras, il aurait pu jurer de tout faire pour le protéger.

Il aurait pu.

Ce n’était pas qu’il n’avait pas de cœur, ni d’humanité. Ce n’était pas qu’il était de marbre, ou parfaitement désintéressé. Ses blessures saignaient, ses contusions s’étalaient alors que ses douleurs personnelles le lacéraient. La perte de sa mère. La trahison d’Ylena. Le départ de Vitali pour Poudlard. Eleonora, lui annonçant qu’elle était réellement sa sœur. Son amour pour Lola. La mort de Zillah. Ses doigts, pourtant assurés, tremblèrent ; ses prunelles se troublèrent.

Dans la peau d’un homme libéré d’une morale castratrice, costume de soie dont les coutures craquaient soudainement, costume imparfait aux mesures mal définies. Il n’était pas à sa taille. Il ne serait jamais à sa taille. Ses bras glissèrent, tandis que le souvenir saillant, aux angles acérés, de son ami figeait, poignardait son cœur en une douloureuse étreinte. La réalité, cruelle et clinique, insipide et froide, redessina ses contours aiguisés dans cet esprit dont la stabilité n’était plus qu’un éternel souvenir, un désir inassouvi, une relique perdue.

Là, au creux de cet ombre intrigante, la silhouette éthérée, damné maudit, de l’ange aux ailes d’ébène.

Avec délicatesse, il se sépara de sa chaleur réconfortante, de ce doux cocon dans lequel venait mourir l’éternel, irrépressible, irréaliste, indépendant, moqueur, joueur. La douleur de sa jambe piquait son muscle alors qu’il en sollicitait la contraction, quittant son lit aux draps froissés au profit de l’âtre de la cheminée, sur le manteau duquel il s’appuya. Ses prunelles, hantées des flammes dansantes s’y reflétant comme autant de démons dansant sa disgrâce, se perdirent dans leur cœur rougeoyant. Larmes de feu, larmes de sang ; rouge incandescent, rouge sanglant. Rouge Mokop. Comme une malédiction enchaînant sa vie dans un cycle sans fin où le serpent se mordait la queue. Qu’avait-il d’autres à espérer que ces balafres mal cicatrisées cousant sa chair en oubliant qu’il avait de l’humain les faiblesses ?

Ce n’était pas qu’il n’avait pas de cœur, ni d’humanité. Ce n’était pas qu’il était de marbre, ou parfaitement désintéressé. Il ne savait cependant pas comment exprimer celles qui le faisaient hurler à l’agonie lorsque trois mots y déversaient un sel acide.

    « Son absence me tue. »

Aveu assassin, tandis que la vérité grondait au bord de ses lèvres. Il crevait de cette perte, encore une, une de trop. Il en avait trop souffert – et on lui reprochait de ne pas s’attacher ? De ne pas être assez humain ? De ne pas avoir de cœur ? Par peur, ou par inconscient, qu’en savait-il. C’était ainsi. Il n’aimait pas s’attacher, sa solitude lui convenait. Il était seul ; seul depuis la mort de sa mère, seul depuis l’assassinat d’Ange. Seul ; c’était ce qu’on lui demandait. Ce qu’on lui réservait. Non ?

Et Lola ?

Lola et son sourire. Lola et son rire. Lola et sa joie de vivre. Lola et sa force. Lola. Je vais te perdre, toi aussi. Et plus que la mort de Zillah, c’était une évidence. L’alliance illuminée par les flammes de la cheminée le lui rappelait avec cet air moqueur qu’il lui avait toujours connu.

    « Je pensais… que ça allait s’arrêter. Que ça allait changer. Que… j’avais assez respecté ma part du marché pour qu’on m’oublie. Zillah était mon ami. Mon meilleur ami. Et il est mort. Bordel, il est mort. »

Sa main, fébrile, passa dans ses cheveux ; son alliance scintilla. Dépouillé de sa mère. Privé de l’amour maternel de sa nourrice. Sa meilleure amie arrachée par la trahison de son père. Son ami d’enfance renvoyé de sa terre natale. Vendu aux enchères. La mort de son ami. Sa main se mit à trembler. Et Lola ?

Une plume noire glissa sur le sol parqueté.

    « Ca ne leur suffisait pas que je me marie avec une garce. Ca ne le suffisait pas que mon père me condamne pour ce qu’il me reste à vivre. »

Il délirait. Il le savait ; mais il ne pouvait pas l’en empêcher. Il délirait ; mais sa blessure lacérait son cœur cognant contre sa poitrine trop faible. Il n’avait jamais eu le choix, et si, au grand public, sa dignité ne dessinait aucune craquelure, son intimité livrait ce qu’il avait de plus féroce. Ce qu’il avait de plus sincère.

    « Je voulais être avec toi. »

Trop sincère.
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Message Posté Mer 1 Aoû - 0:59.
    A peine prononcés, Lola regretta amèrement ses mots. Ne pouvait-elle pas se taire, un peu ? Arrêter de blesser les autres en étalant ses états d'âmes ? Elle ne retenait décidément pas la leçon.

    La bulle se brisa à l'instant où, avec une douceur infinie, Lycaon se sépara d'elle. Inconsciemment, Lola attrapa son bras pour tenter de le retenir auprès d'elle encore un peu plus longtemps. Ses prunelles marrons se teintèrent d'une lueur inquiète alors que le trouble gagnait visiblement Lycaon ; et elle ne le quittait pas des yeux alors qu'il s'appuyait contre le manteau de la cheminée, cachant ainsi son visage derrière ses cheveux. Lola ne pouvait s'empêcher de le dévorer du regard sans jamais que ses pupilles ne dévient de lui. Dans la poitrine de la jeune femme, son cœur battait à tout rompre une cadence folle. Elle ne pourrait décidément jamais contrôler les battements fous de celui-ci, alors que sa poitrine s'embrasait littéralement.

    Et malgré tout, Lola s'inquiétait pour Lycaon : la dernière fois qu'elle l'avait vu dans un tel état d'agitation, il avait brisé un vase non loin d'elle. La dernière fois, c'était lors de son mariage alors qu'il lui jurait que plus jamais rien ne se passerait entre eux. Promesse brisée par deux fois alors qu'après la fête de fin d'année, les deux s'éclipsaient, laissant les autres à la fête. Une deuxième fois, chez Lola durant l'été alors qu'il avait débarqué accompagné de sa sœur. Chaque instant, chaque mots murmurés avec hâte et précipitation, chaque caresses douces restaient gravés dans la mémoire. Ces instants où il l'aimait sans aucune retenue, entière. Où il le lui disait. Je t'aime, Lola.

    Les quelques mots de Lola lui lacéraient le cœur. Elle mourrait d'envie, là, de l'enlacer, de lui dire d'oublier, de lui dire d'espérer, que ça irait. Le rassurer, à son tour, lui rendre tout ce qu'il était capable de lui donner sans qu'elle ne puisse lui rendre. Sans qu'elle ne le sache. Elle voulait se faire pardonner d'avoir rouvert aussi violemment ses plaies pour panser les siennes.

    Lola resta assise dans le lit, serrant fort la chevalière de Lycaon dans sa main. L'écoutant sans rien dire. Sans savoir quoi dire. Sans savoir quoi faire.Idiote. Pauvre idiote.

    La jeune femme ne répondit rien au monologue de l'homme en face mais son visage se décomposa en une fraction de seconde alors que la dernière phrase la percutait de plein fouet, lui faisant l'effet d'un électrochoc. Cette révélation... L'émotion l'étreignait violemment, plus violemment que jamais, lui coupant presque la respiration. Fébrile, Lola quitta à son tour le lit pour rejoindre Lycaon. Elle lui baissa doucement ses bras pour pouvoir se mettre face à lui et planta ses yeux dans ses iris à lui, tourmentées. Qu'il puisse comprendre ce que sûrement il savait déjà mais qu'elle ne savait pas lui dire. Elle porta ses mains froides sur son visage bouillant, caressant tendrement ses joues, cherchant quoi dire. Ébranlée, la jeune femme se sentait perdue et laissait son instinct agir pour elle et la guider. Il lui sembla que cet instant se figea dans le temps. Elle respirait bien trop vite. Bien trop bruyamment. « Moi aussi », murmura-t-elle, logeant son visage dans le cou du jeune homme. « mais c'est comme ça. J'en suis morte, tu sais, au début. Ca ma tuée. Et puis maintenant... J'ai pansé mes plaies comme j'ai pu. » Lola passa ses bras autour du coup de Lycaon pour l'attirer contre elle, pour le rassurer à son tour comme elle le pouvait. « On peut pas changer ce qui est fait. Il faut faire avec, tu crois pas ? Et si cette fille est peut-être une garce comme tu dis, elle doit bien subir cette situation, elle aussi. Sauf qu'elle n'a pas les même armes que toi pour réagir. » Elle marqua une pause. « On est là. Tous les deux. Moi, ça me suffit. On ne peut pas espérer mieux, n'est-ce pas ? ». Question idiote. Parfaitement idiote. Bien sûr que si, elle pouvait rêvait mieux. Ce mieux touché du doigts par moment. Vaguement effleuré sans jamais être atteint.

    Lola tremblait à nouveau, mais essayait cette fois de se contrôler. Il y avait cette nouvelle à lui annoncer. Récente. Terrible. La peur l'envahissait à chaque fois qu'elle y pensait. Peur de briser ce peu qu'il y avait entre eux. Ce presque rien qui suffisait à la combler. A la rendre heureuse. A faire pétiller ses yeux. La jeune femme le serrait à présent fort contre elle, tremblante, comme si... comme si elle le lâchait, il s'évaporerait en fumée comme dans un songe.

    « J'ai peur de te perdre un jour. Définitivement. Ca me ronge. Ca me tue, tu sais. Et j'ose rien faire. J'ose rien dire. Je lutte juste. »

    Au grand jamais une telle scène n'aurait pu ne serait-ce qu'effleurait la réalité de la jeune femme, bien que son envie, elle, l'idéalisait bien souvent. Lycaon et elle. Enlacés. Se confiant.

    L'instinct de la jeune femme lui hurlait de se terre, lui beuglait que si jamais elle révélait qu'elle attendait un enfant, son enfant, jamais plus rien ne serait comme avant. Ca lui criait qu'elle risquait tout.

    Et pourtant... depuis cette visite médicale, qui aurait dû être similaire à toutes les autres, le doute ne quittait plus Lola. Elle naviguait en eau trouble dès que ses pensées abordaient l'idée de cette vie qui grandissait chaque jour un peu plus en elle. Il n'y avait aucun doute possible, de toute façon. Pas besoin de compter des jours. Lycaon était le père de cet enfant en devenir. Il avait son mot à dire. Le garder ? Oui mais... et sa femme ? Et son mariage ? Et cette dernière fois bafouée ?

    Lola colla son front contre le torse de Lycaon, se concentrant sur la respiration de celui-ci, sur les battements de son cœur pour mettre de l'ordre dans ses idées. Il l'apprendrait bien tôt ou tard. Tôt était le mieux. Avant qu'il ne soit trop tard. Les yeux fermés, elle garda le silence longtemps. Trop, peut-être. Mais elle ne parvenait pas à se décider à parler. Pas ainsi. Pas dans cette fragile bulle à peine reconstruite. A son tour, la jeune femme brisa l'étreinte qui la reliait au jeune femme et alla s'asseoir au bord du lit. Sa main attrapa machinalement la chevalière que Lycaon lui avait laissé et qu'elle portait autour du cou depuis. Un réflexe rassurant. Réconfortant.

    « Lycaon. J'attends un bébé. ». Un regard équivoque, qui pour Lola voulait tout dire. La logique s'imposait d'elle-même. Tu es le père. On fait quoi ? J'ai peur. Je suis perdue. Ca me tue.. Des mots que Lola aurait voulu dire... qui ne passèrent pas la barrière de sa bouche. Mais l'évidence ne l'était pas pour tous, manifestement.
Lycaon Aleksandrov
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Je viens de Durmstrang pour vous égorger
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Message Posté Mar 7 Aoû - 18:45.



Un rêve, sans doute. Un songe, féroce, lacérant ce qui lui restait de chair exempte de cicatrices mortifères. Un songe, sanglant, idéalisant une réalité sabordée. Ces doigts effleurant son visage n’étaient qu’une chimère, ce visage plongé dans son cou n’était qu’un fantasme, la douceur de ses cheveux caressant ses épaules dénudées, son corps contre le sien, froid quand le sien bouillait d’une chaleur française insupportable pour un natif de Russie, des hallucinations. Comment était-il possible qu’il en soit décemment autrement ? Cette tendresse grisante, cette douceur enivrante, les éclats cristallins de sa voix, ses confidences tandis qu’il se laissait glisser dans cette réalité difforme dont il n’avait pu qu’imaginer les contours. Pour la vivre, il ne pouvait qu’être plongé dans un songe, certes aux angles aigus s’enfonçant dans les nerfs de son cœur fatigué, mais un songe, sanglant, féroce, un songe délicieux.

Un rêve, sans doute. Un songe. Chacun de ses gestes arrachait à son myocarde un sursaut désespéré, arrachant à la fatalité ce qu’elle lui avait confisqué, cherchant à sortir de ces eaux sombres et bourbeuses dans lesquelles il était plongé. Ses doigts s’emmêlèrent dans les cheveux de Lola, tandis qu’il l’écoutait lui confier ses doutes, ses espoirs, son amour. Ephémère cupide sentiment désœuvré. Tu respires encore. Son parfum l’envoûtait, tandis que son étreinte s’affermissait, guidée de cet instinct tendre qui ne trouvait parole qu’auprès d’un cœur possédé. Possédé par la vie d’une autre, possédé par les battements d’un autre, possédé par les sentiments d’une autre. Ne m’abandonne pas. Ne me laisse pas. J’ai peur. J’ai peur de ce qui peut arriver. J’ai peur qu’ils t’enlèvent à moi comme ils m’ont enlevé ma mère. J’ai peur. J’ai peur. Il frémissait. Un rêve, sans doute. Un songe. Un songe, sanglant, féroce, un songe délicieux. Qu’il ne s’arrête jamais.

Lycaon ne rêvait plus. Depuis plusieurs années déjà, il ne rêvait plus. A tout le moins était-ce ce qu’il croyait. Les choses auraient été tellement plus faciles, s’il ne rêvait effectivement plus. Il aurait peut-être vu venir la gifle, froide et sèche, qui s’abattit sur sa joue blême aux derniers mots de Lola. Il aurait peut-être pu se méfier des entourloupes d’une fatalité qui se plaisait à se jouer de lui. Il aurait peut-être appris à nager dans ces eaux sombres et bourbeuses, au lieu de se raccrocher à une bouée percée. Il aurait peut-être fait tout cela. Il ne le fit pas ; parce qu’il n’avait que cru ne plus rêver. C’était l’évidence même. Il rêvait ; mais il rêvait éveillé. Et les rêves avaient d’opium qu’ils persuadaient d’une réalité idéalisée avant d’éclater, moqueurs, en laissant leurs victimes devant les pics acérés d’une réalité piquante. Un rêve, sans doute. Un songe. Ca l’avait apaisé. Avant de le transpercer. Il avait toujours été un rêveur, après tout. A l’heure où les étoiles perçaient de leur cortège immortel les ténèbres oppressantes, il rêvait, son regard porté vers une infinité éternelle. Il rêvait. Il avait toujours rêvé.

Il avait rêvé la mort de sa mère pour ne jamais l’avoir vécu avec douleur et déchirure. Il avait rêvé le mariage de sa nourrice alors que de haine pour elle, tendrement aimée, il se muait. Il avait rêvé la conversation avec son père, dans ce bureau, après avoir abandonné sa jeune sœur pour s’entendre condamné à une funeste farce. Il avait rêvé sa capacité à faire échec à son mariage. Il avait rêvé la cérémonie. Il avait rêvé. Il avait rêvé.

L’urne funéraire de sa mère lui assenait une vérité critique. Le nom de famille des Aleksandrov sur le visage d’Ylena lui rappelait sa condition. Le contrat magique de sa vente aux enchères à une famille de bourgeois le griffait jusqu’au sang. Les douleurs gravées dans son âme lacérée battaient dans son cœur au souvenir de son impudente révolte. L’alliance alourdissait sa main et entaillait sa chair. Il n’était jamais vraiment là pour ce sur quoi il n’avait pas d’emprise, rêveur dans une carapace mystique, spectateur du déroulement de sa propre vie ; et le reste lui rappelait ce qu’il avait subi et ce qu’il aurait à porter pour ce qu’il lui restait à vivre.

Il avait rêvé être avec elle. Ses dernières paroles se chargèrent de lui rappeler qu’il n’avait fait qu’en rêver.

Ses mains glissèrent le long de ses hanches avant de quitter la silhouette de la jeune femme. Il s’écarta, l’obligeant à déloger son visage de son cou. Le creux de son épaule se glaça, mais rien ne semblait pouvoir rivaliser avec la glace pilée qui se déversaient dans ses veines. Sans un mot, il tourna les talons et, claudiquant, retrouva l’enfoncement de la fenêtre sur le bord de laquelle il aimait s’asseoir, la nuit, pour observer le ciel étoilé. Un rêveur. Voilà ce qu’il était. Un naïf rêveur. Il s’assit ; la douleur de sa jambe désincarnée remontait jusqu’à son cœur hoquetant.

    « Félicitations. J’espère qu’il est heureux de la nouvelle. »

L’éclat des flammes, sur son visage, révélait le masque d’indifférence, d’impassibilité qu’il avait toujours arboré en tout état de cause. Dans son regard, l’absence, presque froide. Sa voix avait perdu ce qu’elle avait d’accents réconfortants. Il ne lui restait que la froide indifférence. Lycaon était revenu ; les ailes aux plumes noires s’étaient refermées sur sa silhouette longiligne. Le silence se prolongeait, et il savait qu’elle n’avait pas bougé. Qu’elle le fixait, hantée, le regard écarquillé. Il ne détourna pas les yeux du village sorcier silencieux. D’y avoir cru était stupide. Tout un été s’est passé. Je ne suis pas le seul à…

Un éclair, sombre. L’image, rémanente, transparente, d’une chimère. D’une chimère ? Vraiment ? Il tiqua, alors que devant ses prunelles sombres s’effaçait soudainement le village pour laisser la pénombre l’envahir. Quelques mots, chuchotés, tranversant une mémoire défaillante tandis que les ailes s’hérissaient soudainement, tandis que son attention se détachait de leur confort, intriguée, pour chercher ce qui l’appelait. Ces murmures, il les connaissait. Il les avait entendu. Lycaon fronça les sourcils ; sur son genou, sa main s’était mise à trembler, et là, dans sa tempe, comme un point rouge sur lequel on frappait, comme un début d’une migraine tandis que son esprit tournait soudainement à la recherche de ce qui lui échappait. Comme un filet d’eau entre ses doigts maigres, qu’il ne pouvait attraper.

Ses prunelles se tournèrent vers elle. Tu n’es pas le seul, Lycaon. Tu n’es pas le seul, et vois ce qu’elle a fait de tes sentiments. Elle savait que tu n’étais pas le seul. Elle en a profité. Elle t’a bafoué. L’accent intrigué brillait dans l’encolure de son regard. Laisse-la partir. Laisse-toi vivre. Renais.

    « Il est heureux… n’est-ce pas ? »

Pourquoi en doutait-il, si soudainement ? Laisse-la. Un éclair, un autre. Une image, rémanente, transparente. Une chimère ?

Pas si ça le torturait autant.
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Message Posté Mer 8 Aoû - 2:43.
Si la situation avait été propice, Lola se serait laissée allée dans les bras de Lycaon, l'aurait laissé la serrer ainsi dans les bras, l'aurait laissé passer ses mains ainsi dans ses cheveux, elle l'aurait laissé la serrer ainsi et aurait savouré son souffle chaud dans son dos. Elle serait restée collée contre lui à puiser à nouveau sa chaleur à rêver d'un futur à deux. Bancal, certes, mais à deux.

Mais non. Assise sur le rebord du lit de Lycaon, c'était le souffle fatigué du vieux chien que Lola sentait dans son dos et c'était les draps que ses mains serraient trop fort, pas le dos ni les bras du jeune homme. Les yeux brillants, elle ne quittait pas du regard l'objet de tout ses désirs. Lycaon s'éloignait d'elle, elle le sentait, la froideur et la distance suintait de tous les pores du jeune homme. Et son visage, si froid, si distant... Le cœur de Lola se serra alors qu'elle gardait le silence. Alors qu'elle attendait. Alors que la peur l'étreignait lascivement, vicieuse catin qui profitait de la faiblesse de la jeune femme. Ses dents malmenaient à nouveau ses lèvres inférieures, tandis que sa gorge se nouait et que dans son ventre, un lourd poids s'installait. Sensation familière, trop bien connue en présence du jeune homme en face d'elle.

La réaction de Lycaon semblait pourtant sensée : n'importe qui apprendrait qu'il va être père pourrait paniquer. Mais quelque chose dans l'air lui semblait démesuré. Comme l'expression de son visage, bien trop fermée. Bien trop froide. Glaciale. Comme cette tension qui la prenait à la gorge et qui faisait trembler nerveusement son pied.

« Félicitations. J’espère qu’il est heureux de la nouvelle. »
La stupeur marqua le visage de Lola, imprégna son regard tandis qu'elle cherchait plus que jamais à rencontrer le regard de Lycaon, lequel regardait obstinément par dehors à travers la fenêtre. La panique gagna peu à peu la jeune femme. Était-ce réellement ce que disais un homme à sa petite... à la fille qu'il disait aimer et qui ne cessait d'affirmer crever d'amour pour lui en retour ? Il ? Mais qui, il ? Lola ne comprenait pas. Elle ouvrait la bouche pour parler, mais pas un son ne réussit à sortir de sa bouche tandis que la panique montait peu à peu en elle.

Il. Lycaon semblait penser à un autre que lui. Rien que l'idée révulsait Lola. Rien que l'idée qu'il puisse le penser la blessait profondément. Un autre ? Non, elle devait mal comprendre ce qu'il voulait dire. Et pourtant, alors que son visage devenait plus pâle que jamais, elle sentait son cœur battre à tout vitesse dans ses tempes. L'agitation la prenait toute entière, elle ne pouvait plus rester assise là, à attendre qu'il parle, qu'il dise à nouveau quelque chose. Tirant sur les manches trop longue de sa chemise, Lola se leva et se mit à faire les cent pas dans chambre avant de revenir près de la cheminée et d'y perdre son regard. Jamais un moment avec Lycaon ne pouvait-il bien se finir ? Pourquoi, toujours, un grain de sable venait enrayer la machinerie et fichait tout à plat ? Lola ne savait que penser, partagée entre la culpabilité d'avoir encore une fois, une fois de plus, gâché un de leur moment à deux et d'un autre côté, persuadée qu'elle avait bien fait de lui annoncer qu'elle portait son enfant. La réaction démesurée de Lycaon lui échappait totalement. Elle ne comprenait pas le jeune homme et ne le comprendrait sûrement jamais.

Encore une fois, un simple petit moment de bonheur, simple et doux, se transformait en cauchemar, long et angoissant.

Il répéta sa question, une intonation hésitante dans la voix. Lola frissonna mais pas de froid. De peur. L'expression du visage de Lycoan la tétanisait . « Euh... Je... je sais p-pas. » bafouilla-t-elle. « Je pensais que... tu... tu... tu aurais pu me répondre. ». Et plus les minutes s'écoulaient, plus l'atmosphère devenait lourde et chargée. Et la vérité devenait encore plus dure à révéler. Surtout quand il s'agissait de pose une évidence.

« Lycaon. C'est toi le père. », prononça-t-elle d'une voix blanche, complètement paniquée.

Marche ou rêve. Marche ou crève. Et Lola crevait à nouveau.
Lycaon Aleksandrov
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Message Posté Mar 4 Sep - 3:21.
Elle effleure le sol, douce et silencieuse, chancelante, hésitante. D’un balancement bancal, elle se relève ; un souffle, unique, pourrait la sauver. Pourrait le sauver. Une de plus ; une de trop. Abandonnée, elle piqua de la pointe de sa tige le parquet, glissa. Ses faibles ailes s’élevèrent une dernière fois, tandis qu’elle s’allongeait, douloureuse. Une de plus ; une de trop. La dernière. La dernière plume d’ébène.

Sa douleur l’étouffa, tandis qu’il portait la main aux griffures ensanglantées lacérant sa chair. Il ne parvint pas à le voir, dans sa monstrueuse majesté, dans son impérieuse cruauté, alors que, ailes déployées, il le saisissait de nouveau, caressant du bout de ses serres le creux de son cou. Son souffle caressa son visage, incandescent, et dans ce regard à étincelant d’une colère furieuse, brûlante et infernale, luisait cette promesse que rien, rien, ne le blessera de nouveau. La promesse d’un lendemain sans peine, où le rêve reprendrait son rôle d’utopie réconfortante, chasseuse des démons éternels. Il n’eut pas le temps de réagir. Il n’eut pas le temps de vouloir réagir. L’œil gravé dans le sien, il percuta de plein fouet le mur de sa conscience troublée ; le choc chassa l’air de ses poumons.

    « Ca ne te suffit pas, petite garce ? »

Si je respirais, c’était encore par un réflexe de survie. J’avais fondu sur son corps maigrelet, enroulant mes doigts arqués autour de sa gorge et la forçant à s’acculer au manteau de la cheminée, manquant de peu d’enflammer sa chemise bien trop grande pour elle. Un fantôme aurait eu plus d’élégance qu’elle ; un fantôme a plus d’élégance qu’elle. J’en venais à considérer la question de la créature la plus immonde que je pensais encore qu’elle ne lui arrivait pas à la cheville. Ce visage, que j’exécrais. Ces yeux pleurnichards, que je haïssais. Cette vulnérabilité, cette docile fragilité, alors que de quelques mots on pouvait en provoquer des larmes étincelantes sur ces joues fades. Sur cette beauté superficielle, éphémère, qui déjà se fanait, ne serait-ce qu’entre mes doigts revanchards dont la prise ne dépendait plus vraiment de moi. mes muscles seuls répondaient à la rage farouche qui empoisonnait mes veines et ensorcelait mon esprit, l’adrénaline, familière, enivrante, de ma colère incandescente brulant jusque dans la pointe de mes bras. Je la dominais, de ma taille effilée, relevant ce cou qu’il avait tant courbé devant ces yeux qu’il vénérait – à quel prix ?

Au prix de sa vie.

Je lui avais appris à être fier, je lui avais appris à être digne, et voilà que d’une étincelle penaude dans son regard, sa droiture et sa force s’effondraient face à ce garçon sans aucune âme, sans aucune saveur, que j’avais tué il y avait des années. S’effondrer, il n’avait pas le droit ; c’était admettre une défaite, et il méritait, il valait tellement mieux que l’amer saveur d’un échec imprégnant son palais. Je lui avais appris cette valeur, et avait gourmandise, il m’avait écouté. Je l’avais éduqué. Je l’avais élevé. Je l’avais forgé. Je l’avais protégé. Et elle, cette garce… comment osait-elle ? Comment osait-elle bafouer l’honneur de cet homme valeureux ? Sa sorcellerie était mortelle. Je devais y mettre un terme. Et je comptais bien le faire.

Son cou, raide entre mes doigts, embrassait le linteau de pierre ; l’espace entre nous se réduisait à quelques pauvres centimètres fragiles que j’étais capable de franchir en l’espace d’une seconde. Pour lui. Pour Lycaon. Et tandis que mes prunelles vrillaient les siennes, j’y contemplai les réminiscences vivaces de ces souvenirs qu’elle avait chéri avec un amour démesuré, songeant qu’il n’était meilleur jour que ces deux journées s’achevant dans une apothéose inédite, et inattendue. J’y discernai tout l’amour qu’elle leur portait. Leurs corps enlacés, leurs bras emmêlés, leurs soupirs échangés ; cette chaleur, écœurante, qui grimpait, infeste. L’abomination de leurs jeux que je n’avais que trop longtemps cédé, par ces procédés contre lesquels je n’avais pas d’emprise. Ces armes qu’il m’avait fallu combattre pour qu’au matin, sa psyché soit préservée. Pour qu’il ne se le rappelle pas. Jamais. Ces souvenirs, les siens ; les miens. Pire que ceux d’une mère trop aimante.

Je la haïssais, pour ce qu’elle m’avait obligé à lui faire. A lui mentir. A lui dissimuler un écrin de sa vie, si précieuse. Elle avait rompu l’équilibre fragile que nous avions réussi à trouver, tous les deux, dans ce mariage si inconvenant, au moins d’une stabilité redoutable et vertueux. La douleur grave ses plaies dans la passion ; de telles cicatrices devaient lui être épargnées. Je la haïssais, pour ce qu’elle m’avait obligé à lui faire. Manquer d’honnêteté, moi qui l’avait toujours été. Je la haïssais.

Je la haïssais d’autant mieux qu’elle se permettait de prendre ce qui ne lui appartenait pas. Lycaon ne lui appartenait pas.

    « Qu’espérais-tu obtenir ? Une effusion de joie ? Est-ce là une réaction propice à une telle situation ? Naïve et innocente gamine. »

Ma voix coulait comme un miel fielleux, aussi ensorcelante que mortelle ; je le savais, pour être un serpent, j’en avais le venin. J’avais ce pouvoir dont j’usais et j’abusais, la cruauté d’un regard promettant milles maux à qui en confrontait les prunelles. J’étais mortellement sérieux. Aucun geste sarcastique, ironique ou séduisant ; le frémissement de mes doigts contre sa peau, vaillant contre la rage qui en brûlait les nerfs, la tension de mes épaules tendues comme une corde d’arc tandis que tout mon corps s’étendait, agressif, au-dessus du sien. Je la dominais, je le savais ; je le sentais. Mais loin d’être grisante, cette sensation était follement dangereuse. Ivre, je voulais l’égorger. La tendre vers le feu, et qu’elle s’immole dans la cape incandescente de sa stupide naïveté. J’avais peine à me retenir ; sans doute cela se voyait-il, dans cette étincelle de folie au cœur de mes pupilles trop dilatées pour ne pas être droguées à l’adrénaline d’une rage folle. Ma respiration se précipitait, cognant sur son visage trop près du mien. Mes sens se bousculaient, tandis que son odeur me harcelait, sa peau me brûlait, le sifflement de sa respiration m’électrisait, ma gorge s’asséchait, son visage me dégoûtait. Mes doigts se resserraient autour de sa gorge, irrésistibles, répondant à leurs attentes personnelles de davantage exercer de pression.

La corriger pour son audace. La punir pour sa faute. La détruire pour ses ambitions. Elle l’avait attirée dans un piège, sagement façonné à coup d’innocence candide. De grands yeux de biche effarouchés. De crise de larmes incontrôlable. D’une vulnérabilité ensorcelante. Elle l’avait manipulé. Elle l’avait offensé. Elle l’avait trahi.

Elle m’avait provoqué. Poussé à bout.

Je lui avais donné sa chance de se ressaisir, et de ramener Lycaon à la raison de son mariage, de son équilibre, de l’éloigner de la chimère d’un amour naissant, destructeur. Au lieu de quoi, elle avait trahi cette maigre confiance. Deux fois. Lui offrir sa boisson, lui proposer le buffet ; elle l’avait annihilé. Elle avait profité de lui. Elle l’avait sali.

Les mots se bousculaient, sans ordre ni cohérence. Je ne comprenais pas que je passais l’étape d’une folie peut-être définitive. Je savais seulement que je voulais qu’elle cesse immédiatement ; et qu’elle paie pour ses fautes et ses funestes manipulations.

    « Tu n’as jamais rien compris, idiote que tu es. Tu n’as jamais compris que tu n’avais aucun espoir à nourrir. J’avais compté sur toi, tout le temps, pour que tu puisses t’en rendre compte, mais en tout état de cause, j’avais surestimé ton intelligence. Je n’aurais dû me fier qu’à moi. Je n’aurais dû ne faire confiance qu’à moi. Maintenant, tu n’es qu’une gêne indésirable et destructrice. »

Et dans ma voix, toutes ces promesses que je ne pouvais pas formuler, mais dont chacune des pensées se retranchaient jusque dans mes doigts autour de son cou.

    « Ne t'approche plus de lui. Il mérite tellement mieux que toi, misérable putain. »

Mon bras partit violemment en arrière, l’entraînant avec lui dans un violent arc de cercle ; mes doigts se desserrèrent soudainement à l’apogée de mon mouvement. Lola vola au beau milieu de la pièce, perdant l’équilibre sous ma propre violence. Elle s’effondra à mes pieds.
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Message Posté Dim 16 Sep - 20:03.
Le ton. Le timbre. Les mots. Alors que, surprise, Lola braquait son regard sur le jeune homme, elle se retrouva coincée entre lui et l'âtre brûlant de la cheminée. C'est quand les doigts de Lycaon s'enroulèrent autour de son cou, pour serrer toujours un peu plus qu'elle décrocha totalement de la réalité de la situation.

Non. L'homme qui la faisait sourire, l'homme avec qui elle mangeait chaque matin, l'homme qui lui murmurait des paroles insensées quand il lui faisait l'amour ne pouvait être cette personne qui l'écrasait d'autant de haine, de rage et de mépris.

Et qui l'étranglait.

L'air arrivait difficilement dans les poumons de la jeune femme, mais ne c'était pas pour cela qu'elle gardait le silence, pas pour cela qu'elle économisait son souffle. Non. Elle ne savait pas quoi dire à la personne qui se trouvait devant elle. Lola ne savait pas comment réagir face à cette personne qui contrôlait l'esprit, les paroles et les actes de l'homme qu'elle aimait. Et l'instinct de survie peut-être, lui hurlait de ne pas parler sauf si elle voulait abréger sa vie encore plus vite. Dans sa poitrine, son cœur cognait à grands coups douloureux comme pour protester contre cette douleur qui lui enserrait la gorge, comme pour pulser toujours plus vite la vie entre ses veines. Et ses yeux, bien qu'encore humides, ne pleuraient plus. La peur inhalait tout le reste. La jeune femme sentait vivement le linteau de la cheminée derrière sa nuque, un peu plus à chaque fois que d'une pression du bras, Lycaon l’étouffait. Et les flemmes qui ne devaient sûrement que rêver d'embraser sa chemise bien trop large la rassurait : elle avait encore des sensations. Elle ne mourrait pas tout à fait.

Il ne la tuait pas encore. Ou alors, il prenait son temps. Le temps de sentir la vie palpiter dans son cou.

Lola tenta de déglutir. La douleur l'en empêcha.

Lycaon reprit la parole et ses mots aussi aiguisés que des cisailles lui tranchèrent le cœur. Non, elle ne s'attendait sûrement pas à une effusion de joie lorsqu'elle lui apprendrait qu'elle portait son enfant. Mais elle ne pensait pas non plus qu'il rentrerait dans une telle colère, qu'il tenterait de la tuer froidement, qu'il planterait ses pupilles enragées dans ses yeux pour la regarder s'éteindre doucement. Elle suffoquait. L'air brûlait sa gorge à chaque respiration maladroite et ses muscles endoloris hurlait pour recevoir cet oxygène si précieux. Et plus elle tentait d'aspirer de l'air, moins elle y arrivait et plus sa respiration se faisait agitée et douloureuse. Et tandis qu'il poursuivait son massacre verbale, le rythme cardiaque de Lola s'affolait, l'air se raréfiait et dans le cœur de la jeune femme, c'était mille sabre que l'on enfonçait.

Et instinctivement, elle se ramassa sur elle-même alors qu'elle sentait le bras qui la tenait partir en arrière et ses muscles hurlèrent leur douleur de se voir torturer ainsi. Et instinctivement, elle retint son souffle, déjà bien trop faible, alors que d'un geste encore plus brusque, il aurait pu la tuer. Et instinctivement, elle toussa de toute ses forces, alors qu'à terre, l'air retrouvait enfin le chemin de ses poumons et qu'elle les gavait de ce souffle salvateur. Ramassée sur elle-même, elle retentait de retrouver une respiration équilibrée, mais ses tremblements spasmodiques l'en empêchaient, de même que le douloureux sanglot qu'elle tentait de comprimer dans sa poitrine.

La tristesse. Elle la submergeait encore une fois, la tenant dans ses bras traîtres mais qui à cet instant lui semblait si confortable. La déception qui l'accompagnait. Déception d'avoir cru en un homme, d'avoir cru en l'amour qui lui portait, d'avoir cru en cette vie bancale qu'ils se payaient le luxe d'avoir. Honte. Honte de se laisser ainsi dominée par ses sentiments. Honte de se laisser ainsi malmener par la vie. Honte de se retrouver aux pieds de Lycaon, à tenter de respirer correctement, la gorge en feu, le cou douloureux, la lèvre fendue. Honte.

Et la peur, cette vieille amie qui reprenait ses marques sur elle, qui entrait en elle par chaque pore de sa peau, qui contrôlait à nouveau son esprit, ses mains. Qui lui hurlait de pleurer, de ne plus réagir et de se laisser. Parce que de toute façon, elle n'était qu'un traînée, n'est-ce pas ?

Et la fierté, enfin. Non, Lola n'était pas faible. Non, Lola ne se laissait pas dominer. Non, Lola ne se laissait pas tuer impunément parce qu'elle portait l'enfant de l'homme qu'elle aimait. La colère, elle aussi, prenait peu à peu sa place. Dans ses tempes, le sang battait encore une cadence folle mais ce n'était pas ce qui la dérangeait le plus. Jamais plus on ne porterait la main sur elle gratuitement. Et que Lycaon ou Gabriel la croient comme une fille facile à... violer, elle avait bien trop de fierté pour se laisser faire comme une faible chose. Elle n'était pas faible!. Elle plantait si elle le voulait Abel Hemingway dans un duel au sabre. Et transformait Pyotr Tchernia en canaris afin de l'humilier en plein cours. Elle n'était pas faible.

La jeune femme se recula, toujours au sol, jusqu'à touche le lit. Elle prit appui sur le matelas pour se redresser. Elle vit la baguette de Lycaon, posée bien en évidence sur la table de chevet. L'attrapa, priant pour que celle-ci daigne bien lui répondre et la pointa sur Lycaon « REPULSO! ». Le sort toucha le jeune homme de plein fouet et sa tête heurta la cheminée dans un drôle de bruit.

Et Lola restait là, pantelante, anormalement fatiguée après avoir lancé un sort aussi simple. Et Lola restait là, à fixer le corps de Lycaon, espérant quand même qu'il se relève. Quand même.
Lycaon Aleksandrov
Lycaon Aleksandrov
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Je viens de Durmstrang pour vous égorger
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Je viens de Durmstrang pour vous égorger
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star : Jackson Rathbone.
crédit : Jane ♥.
date d'entrée : 13/11/2011
âge du personnage : 20 ans.
épîtres postées : 35
gallions : 263



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Message Posté Mar 25 Sep - 23:33.
N’effleurer que l’éclat des souvenirs. En caresser les sensations, les laisser courir dans ses veines, jusqu’au bout de ses nerfs, à fleur de peau, galvanisé par leur douceur, leur inestimable tendresse dans ces gestes qui avaient été les siens. Les leurs. Ce qu’il avait rêvé, ce qu’il avait pensé n’être que des rêves. Il était pourtant persuadé qu’il avait arrêté de rêver, depuis longtemps, depuis trop longtemps. C’était toujours plus simple à croire, toujours plus simple à dire pour s’en convaincre et ne pas avoir peur ce qu’il y voyait. Il en était venu à s’en passer. Il en était venu à tout oublier.

La douceur de sa peau sous ses doigts. Ses serres acérées. La caresse de ses cheveux sur son épaule. Ses plumes mortes. La légèreté de ses lèvres effleurant les siennes. L’incarnat sanglant de sa langue. Sa voix, mêlée à sa respiration. Le miel empoisonné de ses accents. Son regard, fondant dans le sien. L’incandescence de ses yeux rubis.

Ses baisers. Les balafres sanguinolentes de son épaule.

Il tremblait. De douleur. De colère. D’incompréhension. D’impuissance. De peur. Il résistait. Tentait de résister. De croire que ce n’étaient que des rêves. Des chimères. Des fantasmes. Ce qu’il avait tant imaginé, tant refoulé, ce qui l’avait entaillé, ce qui l’avait écharpé, ce qu’il avait combattu avec l’ardeur du Mokop qu’il était. Qu’il avait été ? Il ne savait plus. Ses certitudes s’effondraient comme sa carapace de plâtre s’effritait. Son cœur tambourinait, répercutant ses effroyables battements jusque dans sa tête, cognant contre ses tempes avec la ferveur du diable, s’enfonçant les barbelés de ses chaînes dans la chair, saignant ce qu’il avait de forces. Il résistait. Tentait de résister. Mais son cœur faisait trop de bruit. Sa respiration sifflait tant qu’il ne s’entendait plus penser. Et son regard ne savait se détourner de ce qui avait l’air de la réalité, aux contours évanescents des souvenirs enfouis dans une mémoire protectrice. Trop protectrice. Des rêves. Des chimères. Des fantasmes.

A-t-on idée qu’un rêve, qu’une chimère, qu’un fantasme puisse être aussi réaliste pour que son corps lui-même s’en rappelle ?

Hanté, il ne pouvait s’empêcher de les contempler, défilant soigneusement sous ses yeux, glissant le long de son cou, de ses bras, de son torse, de ses jambes, imprégnant ses muscles, sa peau, ses nerfs, ses poumons, son cerveau, son cœur, d’une odeur, d’une sensation, d’une émotion, d’un sursaut, d’un réflexe. Elle t’a trahi… Un murmure, un souffle dans son cou, un râle passé. Sa voix n’était qu’un filet rance coulant dans son oreille. Il la reconnaissait. Encore. Et encore. Toujours elle. Toujours lui. Ses ailes noires passèrent à ses côtés, ensanglantées, dans l’amorce d’une étreinte qu’il avait cru réconfortante, confiante dans sa vie qui déraillait lentement, agonisante sur les braises de son audace, de son ambition, de ses rêves. Elle t’a trahi, depuis le début. Elle n’est qu’une façade, une illusion, elle te manipule. Tu mérites bien mieux. Tellement mieux. Pourtant, il sentait sa sincérité contre sa peau, contre son cœur, son amour, jusque dans son âme. Ses prunelles claires, miroirs de son être, ne pouvaient mentir, quand il les regardait plonger dans les siennes, alors qu’elle lui murmurait ces quelques mots qui l’enivraient, réflexe accroché à ses sens. C’était instinctif. Naturel. Vécu. Une plume noire effleura ses longues balafres sanguinolentes. Il sursauta, tenta de s’écarter. Je te protègerai… Sa main blanche aux serres noires l’effleurèrent ; un tremblement le secoua soudainement, l’arrachant à cette évidence qui se déroulait sous ses yeux. La colère enflamma son cœur fou, frappant sa poitrine, dilatant ses pupilles alors qu’il se retournait vers lui-même. Vers cet autre, dont il ne savait pas la signification, qui tendait vers lui des bras qu’il disait rassurants, des ailes qu’il prétendait douces et chaleureuses.

Des bras meurtriers. Des ailes rêches et froides. Les plumes noires de l’Ange. Lycaon.

C’était une sensation étrange. Il n’avait jamais réussi à voir son visage, à en distinguer les traits. Il n’en avait que senti la présence impérieuse, magistrale, de ce monstre aux ailes sombres qui s’improvisait ange gardien. Qui en savait sur lui suffisamment pour le berner. Pour l’obliger à avoir confiance. il avait eu confiance, sans vraiment savoir à qui il l’a donnait. A qui il la bradait. Il s’était laissé bercer, parce qu’il s’était trouvé faible. Faible face à sa meilleure amie, qu’on lui arrachait pour être la fille de son père, sa demi-sœur, l’impie cadette qui portait l’illégalité, l’immoralité, l’injure de sa naissance gravée dans sa peau. Faible face à sa femme, qu’on lui imposait. Faible face à la disparition de Zillah, proclamé mort. Faible face au départ de Vitali pour Poudlard. Faible. Faible et lâche.

C’était une sensation étrange. Il n’avait jamais réussi à voir son visage, à en distinguer les traits. Ce n’était pourtant pas surprenant, de savoir que c’était de lui-même dont il devrait se méfier.

« C’est toi qui m’a trahi. »

Ses lèvres formèrent un « non » qui ne parvint pas à franchir ses lèvres.

La douleur sourdait dans son crâne, tendant ses nerfs jusque dans sa jambe droite. Il sentait y perdre toute sensation, et pourtant, la blessure cinglait jusque dans son ventre, lançant de l’adrénaline dans son esprit endolori, anesthésié. La tête lui tournait, autant que son sang battait au rythme d’un cœur fendu contre ses tempes. Il grimaça, retint un gémissement, chercha sa respiration coupée par la souffrance irradiant dans son corps. Son dos grinça, souvenir d’une vieille rencontre musclée avec un mur, alors qu’il y était projeté du bout d’une baguette suite à la colère d’une vélane. Sans savoir pourquoi, par ailleurs. Il avait mal. Une boule obstruait sa gorge, la nausée le malmenait alors qu’il tentait de bouger, ramenant ses jambes vers lui ; sa jambe droite ne répondit pas, au contraire d’une douleur lancinante qui lui arracha un geignement. Merde.

Il ne vit tout d’abord rien que l’éclat tamisé des lumières de la pièce, le contours de ses meubles, les nuances de couleurs flottant au rythme des flammes dansantes dans l’âtre de cheminée, dans son dos. La chaleur léchait ses reins, atténuant la douleur de ses muscles bandés, froissés, de ses os où demeuraient gravées les vibrations de son choc. Ses chocs. Il attendit que sa vue se rétablisse suffisamment pour remettre où il se trouvait, et le décor se fit familier ; familier jusqu’à la silhouette prostrée dans un coin, sa baguette à la main. Son cou geignit lorsqu’il tourna la tête vers elle, lorsqu’il constata ses tremblements, ses yeux exorbités, cette position si semblable à celle qui avait été la sienne dans la Salle des statues, quelques mois plus tôt, alors qu’il s’éveillait, couvert de gravas et une blessure à la tête. Machinalement, il porta la main à son crâne ; ses cheveux étaient poisseux de sang à l’arrière.

    « C’est la deuxième fois que tu manques de me tuer », lâcha-t-il d’une voix pâteuse, l’esprit embrouillé, bancal.


Et c’était aussi la deuxième fois qu’il ignorait pourquoi il méritait de s’emplafonner dans un mur. Un trou noir répondait à ses interrogations, seulement ponctué de ces quelques phrases évanescentes qui n’avaient aucun sens. Quelqu’un lui promettant la protection. Lui affirmant qu’elle le trahissait, qu’elle se servait de lui, qu’il méritait mieux. Qu’il méritait mieux.

Les souvenirs défilèrent, alors qu’il cernait davantage les traits de Lola. Et à cette vision de la jeune femme prostrée au pied de sa table de chevet se superposa celle de sa mémoire arrachée. Il la dévisagea, l’espace d’une minute. Le temps de s’y habituer. Le temps de s’en rappeler.

    « Je… »

Sa voix se craqua, incapable de poursuivre le soliloque de ses pensées emmêlées. Lola. Ces nuits volées à son honneur. L’enfant. La terreur qu’il lisait dans le regard de la jeune femme. Sa détermination à recommencer s’il le fallait. Son trou noir, et pourtant la sensation qu’il s’était passé quelque chose qui n’aurait jamais dû avoir lieu. Comment pouvait-on être passé d’une douce chaleur à la froideur implacable de la douleur ? Il ouvrit de nouveau la bouche, mais aucun son n’en sortit. Il ignorait pourquoi, mais quoiqu’il se soit passé, il en était l’unique coupable.

La douleur cinglant sa jambe le ramena à une réalité aux accents étranges, descendant son regard sur sa jambe quasiment artificielle. Une tâche carmine se répandait le long de sa jambe de pantalon ; parvenant tant bien que mal à se courber, son dos protestant sourdement à l’effort, il attrapa le vêtement et le remonta jusqu’au genou, découvrant une longue ligne ensanglantée. La fine cicatrice qu’avait laissée la réparation de son mollet victime d’un sortilège foudroyant lors de la Bataille de Durmstrang s’était rouverte, laissant s’échapper de longs filets de sang sur sa peau blanche. Des gouttes s’écrasèrent lentement sur le plancher.

Une réminiscence l’assaillit.

    « Sors d’ici. »

L’ordre, bien que murmuré, était implacable. La résolution, nécessaire. Ses doigts se crispèrent dans son propre sang. Si quelque chose avait commencé, c’était ici que ça se terminait. S’appuyant contre l’âtre de la cheminée en pierre blanche, il tenta de se relever, malgré son dos, malgré ses muscles, malgré son cou, malgré sa jambe, parvenant à grimper jusqu’au linteau pour s’y raccrocher. Il sentait du sang couler dans son cou, jusqu’à ses omoplates, glissant le bas de son dos. Il ignorait l’étendue de ses blessures, mais sans doute que son dos ne devait pas être beau à voir. Sur le sol s’étalaient les débris d’un vase brisé ; sa main en portait les coupures.

Lorsqu’il parvint à lui refaire face, elle n’avait pas bougé. Elle semblait encore plus se rétracter sous son regard, d’une peur, si légitime, dont il ne connaissait pas l’origine. Si ce n’était lui. Lui-même. Elle avait peur de lui. Son cœur saigna. Sa voix se brisa.

    « Sors… Sors d’ici. »

Il tenta de s’avancer, se rattrapa de justesse lorsque sa jambe meurtrie se déroba sous lui, parvint à attraper le montant de son lit, s’avança vers elle. inéluctablement, boitant, grimaçant, les pupilles se dilatant sous la douleur. elle cinglait, elle lacérait, elle sonnait, elle le rendait dingue. Ses doigts arrachèrent plus qu’ils ne prirent sa baguette des mains de Lola, appuyé contre le mur de sa chambre. Des traces de sang gisaient le long de sa progression, et sa jambe ruisselait d’écarlate. Son dos s’en imprégnait d’un étrange tatouage. Elle ne bougeait pas. elle ne bougeait toujours pas. L’incandescence grimpant dans ses tripes s’enflammait, ses dents se serraient. Il ne savait pas ce qu’il s’était passé, et ce n’était pas la première fois. A quand la prochaine ? A quand le retour des ailes noires, des plumes mortes ? A quand sa folie ? Qu’elle parte. Loin. Vite. Maintenant.

Il l’aimait. C’était suffisant pour la tuer.

    « SORS D’ICI ! »
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