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QUATRE CONSONNES ET TROIS VOYELLES. [PM]
ϟ you belong to the world, and when it screams your name back, don't pretend you don't hear it.
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Message Posté Lun 6 Fév - 0:52.
et chaque lettre m'émerveille.




STATUT DU SUJET : Privé.
NOM DES PARTICIPANTS : Prynce Pervensie-Blake + Raphaël Lacouture
DATE : Vers la moitié de mai.
HEURE : Vingt-et-une heures.
METEO : Temps pluvieux, glacé.
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE GLOBALE EN COURS : Intrigue o1o
NUMERO ET TITRE DE L'INTRIGUE DU FORUM EN COURS : Intrigue oo9
INTERVENTION DE DOMINUS TENEBRAE : Non, merci.

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Message Posté Lun 6 Fév - 2:03.
Les gouttes de pluie s’abattaient contre les vitres, m’empêchaient de me blottir contre le sein de Morphée. Les draps en lin blanc se collaient à mon corps moite alors, qu’excédée, j’enfonçai mon visage tout entier dans l’oreiller, ultime tentative de faire fuir les pensées qui dévoraient peu à peu mon cerveau ; quatre consonnes, trois voyelles. Une unique obsession. Une obsession qui refusait que je dorme, s’insinuant dans chacun de mes pores, qui obstruait chacune de mes veines. Mes dents se plantèrent dans le coussin et je lâchai un grognement sourd. J’avais tout tenté : j’avais lu la moitié des livres que contenait ma valise, avais fumé jusqu’à m’atrophier un poumon, m’étais rongé les ongles jusqu’à ce que mes doigts soient en sang. Mais rien n’y faisait : il refusait de sortir de mes pensées, vil lutin grignotant des pans de mon esprit déchu. Il tournoyait dans ma cervelle, y clouait ses griffes. Et je devais me laisser faire, vulgaire poupée de chair. Brusquement, je m’extirpai de ma prison de tissus, les sourcils froncés. Lorsque mes pieds touchèrent les dalles nues, un frisson parcourut ma colonne vertébrale. Mais ça ne m’empêcha pas de me mettre debout, décidée à oublier, ne serait-ce que pour une nuit, le visage du garçon. Si ça continuait ainsi, j’allais devenir folle – je le sentais. Passant une main tremblante dans mes boucles d’ébène, j’attrapai un chemisier et l’enfilai, rangeai ma baguette entre mes sous-vêtements et ma peau dénudée. J’attachai les boutons puis, d’un pas léger, sortis de la chambre. Je ne savais où aller. Tout ce que je souhaitais, c’était me calmer et peut-être fumer une autre cigarette. Je soupirai, lasse. Si j’étais restée à Durmstrang, je n’aurais peut-être pas entendu dire qu’un français était capable de produire des potions aux propriétés stupéfiantes. Je ne serais pas allée à sa rencontre pour glaner quelques informations. Je n’aurais pas avalé l’un de ces breuvages en compagnie. Et, surtout !, je serais restée égale à moi-même, statue de pierre incapable d’être fascinée par un garçon – à part, peut-être, Amadeus. Mais lui, c’était différent : j’avais partagé des nuits emplies de luxure dans le creux de ses bras de marbre poli. Raphaël – le simple fait d’esquisser son prénom dans mes pensées m’intriguait, était différent. Raphaël me captivait, m’entraînait dans une course où se battaient la curiosité et le tourment. Et ça m’effrayait. Terrorisée, troublée, égarée, affolée. Tout ça à cause d’un garçon que je n’avais vu qu’une unique fois, en omettant les jours où je le croisais au détour d’un couloir, lorsque mon regard se portait au-delà des pierres glacées et des songes muets. A chaque fois que je le voyais, il partait dans la direction opposée, comme si je le répugnais. Comme si je le dégoûtais. Ça m’obsédait, me poursuivait jusque dans mon lit. Et, même si, au fond, cela me vexait, je ne pouvais m’empêcher de vouloir savoir pourquoi. Pourquoi m’évitait-il ainsi ? Il n’avait aucune raison de me haïr. Je ne lui avais fait aucune remarque déplacée. Je ne l’avais jamais forcé à faire quoi que ce soit. Je ne l’avais même pas pris de haut – du moins, j’avais essayé. Et voilà comment j’étais remerciée !

Je sortis de la Primevère, bâtiment spécialement aménagé pour les visiteurs. Savoir que des anglais dormaient juste à côté de moi ne me réjouissait guère, mais je faisais avec. Les gouttes de pluie s’insinuèrent dans le col de mon chemisier, me faisant frissonner de plus belle ; mes bras encerclèrent mes côtes et, fermant les yeux, je me mis à courir. J’avais froid. Plus que froid : j’étais glacée jusqu’aux os. Ma chemise me collait alors à la peau, dévoilant ma silhouette mi femme, mi enfant. Mes pieds s’enfonçaient dans la boue, le vent polaire me fouettait le visage. J’avais du mal à respirer mais je ne m’arrêtais pas, remerciant silencieusement Dieu lorsque je poussai les doubles battants de l’institut. Vide, elle était vide et silencieuse. Un silence qui perçait la coque de mes tympans jusqu’à les faire saigner. Prudente, j’avançai dans le Trèfle rouge, là où se trouvaient les salles de classes. Le bruit de mes souliers qui égratignaient le sol en pierres sales se répercutait sur les murs humides. Un courant d’air s’insinua sous ma peau. Je posai la main sur une poignée au hasard, me moquant bien de savoir où cette porte allait me mener. Je l’ouvris. Salle d’arithmancie. Mes prunelles balayèrent les parchemins ornés de calculs compliqués qui décoraient la pièce. Je m’assis sur un pupitre, mes longues jambes nues se balançant allégrement dans le vide, et ôtai mes chaussures. Même si le couvre-feu était passé depuis plus d’une heure, je ne m’inquiétais pas de me retrouver nez à nez avec un professeur français. Si cela arrivait, je n’aurais qu’à bafouiller quelques mots en anglais, rougir et baisser la tête d’un air faussement honteux. Ils mettraient cela sur le compte du « mal du pays » Ah !, certes je regrettais la Russie. Mais pas au point de partir en pleine nuit dans une salle de classe vide. Je fermai les yeux, inspirant profondément. Mon cœur ne voulait cesser sa course folle dans ma cage thoracique.

Un bruit léger me fit sursauter. J’avais développé une ouïe aux propriétés étonnantes depuis que l’Organisation avait pris la tête du pays, m’attendant à me faire débusquer à chaque geste que j’esquissai ; je ne bougeai pas, attendant, aux aguets. La porte s’écarta doucement. Je plantai mes ongles dans le bois tendre de la table où j’étais installée. « Oh, », soupirai-je en avisant la tête brune qui venait de gifler mes prunelles « c’est toi. » Toi. Un simple mot pour résumer mon obsession. Pour résumer le garçon qui prenait un malin plaisir à m’éviter. Je me détendais imperceptiblement, bénissant le moment. Lui qui n’était jamais en travers de ma route, voilà qu’il se retrouvait dans une salle avec, pour seule compagnie, mon odieuse petite personne. J’osai l’un de mes sourcils d’ébène, mutine. Soit il fuyait comme un lâche, soit il restait ici. Je cherchais à m’échapper de cette emprise qu’il avait sur moi, et voilà que je le trouvai sans même le chercher. Raphaël, le divin Raphaël au regard torturé. A l’œil empli d’un breuvage que je voulais laper tant sa tristesse paraissait sourde, grande, humaine. Ou inhumaine. Je ne savais où trancher. « Tu comptes encore partir ? Tu sais, comme hier. Ou avant-hier. » murmurai-je doucement, vulgaire enfant jouant avec un insecte qu’elle tenait entre ses doigts graciles ; je voulais qu’il parte. Je voulais qu’il reste. Tant d’émotions contradictoires qui consumaient mes entrailles funestes. Je caressai la table, croisai les jambes. Mes chaussures gisaient par terre, couvertes de boue. Ma jupe, quant à elle, était restée au pied de mon lit. Si, le lendemain, je n’étais pas clouée au lit à cause d’un rhume – ou d’une pneumonie, ça relevait du miracle.

Je plantai mes orbes d’agate dans les siens. S’il parlait, je gagnais. S’il partait, je perdais. Mais à quel jeu jouai-je donc ? J’étais sortie dans le simple but d’ôter son prénom, son visage, ses yeux de mes pensées. Toute personne réfléchie serait alors partie. Néanmoins je restai assise, me contentant de le dévisager. J’étais curieuse de voir ce qu’il allait faire.



Dernière édition par Prynce L. Pervensie-Blake le Sam 18 Fév - 18:35, édité 1 fois
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Message Posté Sam 18 Fév - 18:09.
Bruit métallique, puis rien. Seconde tentative, plus violente cette fois, réussite. Une flamme rougeâtre, parsemée de léger dégradé de bleu apparaît. Je m''approche à quelques centimètres, ne laisse que le fin bout de ma cigarette s'y brûler. Il inspire. La bouffé de nicotine envahit mes poumons, je recrache dans l'air glacé les résidu de fumé. Les yeux balayant l'étendue, je contemple la douce pluie s'abattre sur le paysage. Le ciel parait furieux mais terriblement impuissant, incapable d'exprimer sa colère il se contente d'une averse pour se faire remarquer par les simples mortels. Regardez-moi ! Regardez-moi ! Semble-t-il hurler. Pauvre de lui, personne n'a la force de lui accorde un regard. Le mauvais temps ne convient pas aux hommes, eux ce qu'ils préfèrent ce sont les doux rayons de soleil, l'agréable brise d'été. La normale veut que la pluie, le mauvais temps, ce soit pour les dépressifs ou bien les artistes. Eux on le droit d'apprécier les déluges et le grondement de tonnerre. Les autres doivent rentrer dans le moule. Allez, hop, hop, hop. Personne dehors par un temps de pluie, on risquerait d'attraper une pneumonie. Un coup avec le pouce sur le filtre, j'ôte la cendre accumulée. Et bien lui, j'aime le mauvais temps. J'aime voir le ciel se déchaîner. Dans tout ce remue ménage naturel, ma vie me paraît bien plus calme. Voir que le monde lui aussi déraille, me donne l'étrange impression de ne pas être si dingue. Alors, dès les premières goûtes je m’enfuir à l'extérieur et me plaît à observer le chaos. Comme mort affalé sur le bord d'un balcon -les va et viens répétitifs de ma main ornée de la clope vers ses lèvres prouvent que son corps est encore habité- j'observe la scène d'un visage de glace. La pluie m'atteint de là où je suis, je n'en ai que faire. Être mouillé ne me dérange pas. Malgré mon expression dénué de tout sentiment, une centaine de pensées tournoient dans mon esprit. Mille-et-une question, sans la moindre réponse. Alors que je tente de rester le moins possible sur chacune de ces interrogations, l'une d'entre elle ne cesse de revenir en boucle. Prynce. Où est-elle ? Que fait-elle ? Pourquoi n'arrive-je pas à oublier les traits de son visage ? Je secoue la tête -me cognant au passage- pour tenter de se faire sortir la belle slave de la tête. Mais bien entendu, tentez de ne pas penser à un éléphant rose et vous songerez à lui toute la journée. Le cerveau humain est ainsi fait. Contient de ne pas pouvoir lutter contre moi-même, je laisse son esprit cogiter à son gré ; s'il veut me torturer, libre à lui. Autant même jouer les masochistes en lui tonnant un coup de main. Je mets sa main encore libre dans la poche de mon blouson, attrape ainsi d'une feuille de papier pliée en quatre. Avant même de l'ouvrir, un sourire béat se dessine sur mes lèvres carmins. Je me saisis à pleine main de l'objet, l'observant un instant sans ciller, comme s'il s'agissait du trésor le plus précieux sur cette Terre. Puis, d'un geste hésitant, je le déplie. Sors ma baguette et prononce les mots magiques pour mieux y voir dans la nuit noire. Lumos.

Une photo. Rien d'autre qu'une photo. Prise sur le vif, mal cadrée. Tant de défaut d'un point de vue artistique. Au diable les artistes. Une seule chose importe, le sujet. Elle. Celle dont mon regard n'arrive déjà plus à se détacher alors que son portrait est à peine sorti. Elle est belle, elle est envoûtante . Elle semble fragile, elle semble inaccessible. Son corps frêle contraste avec son visage froid et son regard tranchant. Au milieu de la foule on ne voit qu'elle. Faible Lacouture, me voilà envoûté par une slave au visage blafard. Une conversation m'aura suffi pour tomber dans ses filets. Pourtant, je ne désire pas y demeurer. Cette obsession, cette envie de la voir constamment n'a rien à voir avec celui que je suis. Je hais le fait de la vouloir près de moi. Mais plus important encore, je ne comprends pas cette influence qu'elle a sur ma personne. Elle est un aimant géant et moi un morceau de métal. Je veux résister à l'attraction de tout mon être, mais à peine ai-je cru m'être débarrassé d'elle que je me retrouve dans un coin sombre, un appareil photo à la main, tentant de photographier celle que je désire éviter. Fou que je suis, voulant garder un souvenir dans sa personne. N'ai-je pas l'air pathétique ainsi ? Je me lève brutalement, je ne sais si ce fut le froid ou mon désire d'oublier Prynce, peu importe. Je rentre de nouveau à l'intérieur, ferme la fenêtre dernière moi. A côté de la pluie battante à l'extérieur, le dortoir des Dionysos semble bien silencieux. Je grimace, tout ce calme me donne presque envie de hurler et de réveiller tout ce petit monde endormi. Ce n'est que la fatigue qui m'empêcha d'agir. Bien que mes paupière luttent pour rester grandes ouvertes, je ne me sens pas près à m'en dormir. Tant pis pour le couvre-feu.

Pas un chat dans l'école française. Il semble que les étudiants ait tous mieux à faire que de s'adonner à des balades nocturnes. Je ne vais pas m'en plaindre. Sans but, je m'enfonce dans l'institut. Ce n'est qu'une fois bien éloigné de mon dortoir que je remarque mes pieds nus, pas de chaussures, seulement une chaussette. Heureusement que le ridicule ne tue pas. Je peste. Le froid glacial se fait sentir, un jour Beauxbâtons sera bien isolé et chauffé, je n'en doute pas. Je me mets en tête de trouver un lieu plus chaud, sans grand enthousiasme je tourne au prochain croisement. Le trèfle rouge, les salles de classe se trouvent par-là. Je traîne les pieds, les mains dans les poches de mon jogging trop large me faisant office de pyjama.

Première porte. Je rentre sans réfléchir. Première erreur de ma part. Je ne la remarque pas tout de suite, l'obscurité de la pièce m'empêche de distinguer sa silhouette. Ce n'est que lorsqu'elle prononce ses premiers mots que je me lève la tête et croise son regard. Hésitant, je cherche à m'enfuir, je ne sais s'il faut que je parte ou que je reste. Me voilà dans la même pièce que la russe. Me voilà pris au piège. « Tu comptes encore partir ? Tu sais, comme hier. Ou avant-hier. » Comme elle me connaît bien. Je pourrai fuir, partir de me réfugier dans les bras de Morphée et oublier jusqu'au nom de la brune. Libre de mes mouvements je reste pourtant devant elle, la tête légèrement blessée pour ne pas croiser son regard glacé. Sa question résonne en moi comme un défi. Rester. Pourquoi pas après tout. Je ne risque rien, sauf peut-être me brûler les ails. Je fais un pas en avant, me rapproche de son corps de poupée, son teint de porcelaine éclaire à lui seul la salle. Je veux qu'elle réagisse, qu'elle fasse quelque chose, peu importe quoi. Devant la slave je me sens impuissant, trop occuper à l'admirer j'en oublie même de lui parler. Je joue alors les patins, ferme la porte, marche machinalement en sa direction, sans un mot. Je prie pour qu'elle recule, pour qu'elle s'enfuit à l'autre bout du monde, je veux la voir m'échapper, j'en ai besoin ou je risque de trop m'enfoncer. Nos deux corps sont proches, je sens mes jambes trembler. Comme un enfant devant le jouer de ses rêves mon regard s'émerveille devant elle. « Prynce. » Je chuchote son nom tellement bas que je doute qu'elle m'ait entendu. La proximité m'effraie. Je sors mes mains des poches, effleurant au passage l'avant bras de la demoiselle. Faisant mine de ne pas de n'être troublé -alors que mon corps tout entier brûle, hurle, à la recherche d'un nouveau contact- j'allume une nouvelle cigarette et foule la fumé sur la jeune femme. Le gentleman en moi ne semble vouloir s'éveiller. « Tu en veux ? » ai-je lancé d'une voix tremblante et lui montrant mon paquet.

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Message Posté Mar 21 Fév - 7:14.
Je n’avais jamais été aussi proche de lui – à part peut-être lorsque j’avais ingurgité l’une de ses mixtures aux propriétés étonnantes, mon esprit se mettant brièvement sur pause. De mon perchoir, je pouvais planter mes orbes dans ses prunelles pleines de pierreries somptueuses. Je pouvais observer les ailes de son nez frémir, ses sourcils se plisser pour creuser des sillons dans sa peau d’albâtre. Si le courage m’étreignait le cœur, je pouvais aussi effleurer la courbe de sa joue, de sa mâchoire. Caresse volée qui me conduirait alors à la potence. Alors, je me contentais de l’observer. Les lèvres cousues, les ongles plantés dans la table. A quoi bon faire semblant ? Je le voulais, je le convoitais d’une manière qui m’était inconnue ; du désir ? Peut-être. Mais quelque chose clochait. C’était obscène d’être dans un tel état à cause d’une vulgaire âme. Vingt-et-un grammes qui exerçait sur moi une attraction tout sauf indolente. Le simple fait de respirer son parfum me donnait envie de prendre mes jambes à mon cou. Mais je restais à ma place, poupée de chiffon attendant le déluge. « Prynce. » Ce chuchotement volatile, pareil au bruissement des ailes d’un oiseau, suffit à me mettre du baume au cœur. Mon obsession me consumait la chair. Me rendait malade. Et j’étais incapable de me défaire de mes chaînes. Je n’étais plus le bourreau, mais la bastillée – cette vérité dévorait mes entrailles. Raphaël sortit ses mains opalines de ses poches, frôla mon bras. Je tressaillis et reculai légèrement, comme électrocutée ; il cala un bâton de tabac entre ses lèvres roses, l’alluma et inspira profondément. Je l’observai toujours, mutique. Je refusais de parler, ma langue s’étant paresseusement enfoncée dans mon gosier. La fumée âcre qu’il me souffla en plein visage me fit plisser le nez. « Tu en veux ? » me demanda-t-il de son ténor tremblotant. Je coulai un regard surpris sur le paquet qu’il me montrait et haussait les épaules. Je n’avais pas l’habitude d’une telle amabilité venant de sa part. La première fois que je l’avais vu, il était resté évasif et avait mis une certaine distance entre nous, m’intriguant. Je glissai mes doigts dans le paquet du jeune homme, répétai chacun de ses gestes. Lorsque la nicotine s’insinua dans mes poumons, je me sentis de suite plus à l’aise. Levant la tête, j’expirai une volute de fumée vers le plafond.

« Merci. » lançai-je avec importance. Ma voix n'avait été qu'un murmure aux effluves aigres, ronronnements tout droit sortis du fin fond de ma gorge. Je plantai mes yeux dans ses pupilles noirâtres, semblable à un chat ayant aperçu son jouet. Je n’avais qu’une envie : planter mes griffes dans la chair tendre de sa cervelle, comme lui avait fait avec la mienne. Je voulais le brûler, lui geler les os, lui ôter toute chance d’échapper à mon contrôle. Sauf que, dans l’histoire, je n’étais plus le prédateur. Moi, le serpent nonchalant, m’étais muée en une petite souris sous ses prunelles d’ocre. Au fond, je ne convoitais qu'une seule chose : toucher son corps. Je voulais sentir sous mes doigts de poupée sa peau se dresser au fil de mes caresses volatiles. Je voulais qu'il ait un mouvement de recul et qu'il me dévisage de ses grands yeux marron, curieux de savoir ce qui m'avait traversé l'esprit. Las !, je n’avais jamais connu Raphaël autre que lointain, réfractaire à tout contact physique ; peut-être lors de notre petite entrevue je l’avais touché. Les images étaient trop floues, trop colorées pour que je puisse les démêler. Je haussai les épaules, coinçai la cigarette entre mes lèvres d’un rose fané et inspirai, gorgeant mes poumons d’une fumée âcre que je connaissais depuis quelques années. Je soufflai au visage du garçon, mes ongles toujours plantés dans la table. Rester dans la même pièce que lui était un travail de longue haleine. J’avais passé plusieurs jours à tenter de le trouver par hasard au détour d’un couloir, même s’il m’évitait comme si j’étais atteinte de la peste ou d’une autre maladie tout aussi dégoûtante. Ça n’avait pas fait faiblir ma détermination, bien au contraire. Et voilà, qu’aujourd’hui, je n’étais plus qu’à quelques centimètres de ses mains, de son visage, de sa bouche, de ses yeux. J’étais mal à l’aise. Mon cœur battait à tout rompre dans sa prison de verre. Les mains moites, je priais pour ne pas perdre ma contenance. Malgré mon ton supérieur, je ne pouvais empêcher ma voix de dérailler. J’étais réduite à cet état de gêne intense que j’avais toujours trouvé idiot. Inutile, absurde, stupide, uniquement bon pour les filles hébétées devant les garçons. Un sentiment qui n’avait plus englué mon palpitant depuis cet épisode à Elblag, lorsque les bras de mon frangin avaient serti mon cou et mon cœur de mille délices, sabordant alors à jamais ma manière de vivre. Je fermai les yeux, offrant ainsi à mes pupilles un repos des plus mérités. Mes paupières me servaient de refuge. Je m’y blottissais lorsque je cherchais à fuir l’horreur de ce monde, enfant encore innocent.

Même les yeux fermés, je pouvais sentir la présence du français. C’était la chaleur qui irradiait de son corps. Son souffle aussi léger qu’une feuille morte qui s’accordait au mien. Son parfum musqué, quoique discret, qui se bornait à emplir mon nez. Et, si j'ouvrais la bouche, je pouvais pratiquement deviner la teneur de ses lèvres. Je soupirai. A quoi bon ? Raphaël m'avait précipité au bord du gouffre. Je pouvais voir les abysses s'ouvrir sous mes pieds nus. Il ne suffisait que d’une minuscule rafale pour que j'y tombe, pantin désarticulé à qui on aurait coupé les ficelles. Nouveau soupir. J'écrasai la cigarette contre la table et la jetai par-dessus l'épaule du jeune homme, vissant mes yeux d'agate dans les siens. « Tu n’as toujours pas répondu à ma question : tu comptes encore t’enfuir comme un voleur ? » Je battis des paupières, lui jetai un regard de sous mes cils. Mon ton avait des accents d’une provocation teintée de triomphe. Et, même si j’étais à bout de souffle, ma fierté refusait de m’abandonnant, ceignant mon corps éthéré de son étoffe funeste. Avec une lenteur démesurée, je rapprochai mon visage du sien. Je savais très bien que je jouais avec le feu. Mais qui ne s'était jamais brûlé ? Je souhaitais être assez près pour percevoir le moindre de ses tremblements, sans toutefois risquer ma peau. Un, deux, trois. Désormais je pouvais observer chaque veine dans le blanc de ses yeux. Je souris, créature famélique.
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Message Posté Dim 15 Avr - 1:22.
COURS, COURS. PLUS LOIN.
IL SERAIT PLUS SAGE DE S'ÉLOIGNER AVANT DE TOMBER ENTRE SES FILETS.

Je les évitais, ces prunelles qui m'empêchaient de garder pieds à terre. Comme un enfant honteux, je fixais tantôt le sol, tantôt les murs, mais jamais ses orbes dorés appelant tant à convoitise. Hurler plutôt. Chaque parcelle de mon être brûlait pour elle, pas une n'y échapper. Goûter à ses lèvres, sentir son corps contre le mien, toucher, humer, embrasser, chaque parti de son frêle corps. Je luttais pour résister. Un combat que je savais vain. Seul ma raison me retenait de l'attraper si fort que plus jamais elle ne pourrait s'enfuir. Le reste de mon être guettait la première forme de faiblesse pour agir. « Tu n'as toujours pas répondu à ma question : tu comptes encore t'enfuir comme un voleur ? » Son visage approchant, je sentais mes poils se hérissaient. Vile provocatrice, ne se rendait-elle pas compte de la faute ? Ma réponse n'avait plus la moindre importance, seule la distance minime entre nos deux visages m'intéressait. Si proche, son odeur picota mes narines, curieux je humais son parfum pour mieux l'apprécier. Un arôme mêlé au tabac exhumant les dimanches pluvieux passer à voltiger sur un balais durant mon enfant. Ma mémoire imprima cette simple senteur, je le savais désormais : je ne pourrais plus l'oublier. Ma faiblesse m’écœurait, quel homme faisais-je, incapable de résister à la tentation. Quelles avaient été les probabilités pour que je me retrouve ainsi, aussi proche que désireux de sa personne. Plus d'une sur en millions, j'en étais persuadé. Malchance, ou destin, qu'importe le nom que l'on donnait à la force qui m'avait poussé à franchir le bas de cette porte, il semblait s'être acharnée sur moi. Je ne pouvais me considérer que comme maudit. Diantre, comme je voulais m'éloigner de la radieuse Prynce. Source de mon désir, apparue comme par magie dans mon monde, en quelques instants sa présence était passée insignifiante, à vitale. La voir chaque se révélait être d'une importance capitale. Pourtant, je ne pouvais consentir à cette dépendance, alors je l'évitais comme je le pouvais, cherchant pourtant à avoir, tel un droguer, ma dose au détriment de ma santé mentale. La photo enfuie dans ma poche faisait office de témoignage. Mon vulgaire corps échappait peu à peu à mon contrôle, mes membres tremblaient, mon souffle se faisait irrégulier. Il me fallait trouver un moyen de me calmer et vite, ou ne répondais plus de rien. Qu'avait-elle fait pour éveiller en moi cette obsession maladive qui peu à peu me faisait perdre toute raison ?

Face à face. Souffle contre souffle. Rien ne nous empêchait de finir lèvre contre lèvre. Cette simple pensée me perturba. Je fixais ses lèvres vermeilles finement tracées sur son visage blafard, dans l'attente du moindre mouvement. Mes ongles s'efforcèrent peu à peu dans mes paumes, je persistais cependant serrer les poings, conscient que seule la douleur me permettait de garder les idées claires. Ne pas sombre. Ne pas céder. Je me répétais cela en boucle, essayant tout de même de rester attentif à ce qu'il se passait en dehors. « Je ne me suis pas encore enfuis. » chuchotai-je au creux de son oreille. Lui rendre son affront, faire mine avec arrogance que toutes actions, toutes réactions, avaient été finement calculées par mes soins. Je me donnais l'allure d'un manipulateur alors que je ne valais pas mieux qu'un patin. Menteur en plus d'être faible. Machinalement, je mis à la bouche la cigarette délaissée, la fumée se logea jusque dans mes poumons, puis d'un souffle dissipé je laissai la brume de tabac sorti d'entre mes lèvres pour aller se poser brièvement sur le visage de la russe. « Et pourquoi n'es-tu pas dans ton lit ? » ou dans celui d'un autre me retenais-je d'émettre. Un rictus de dégoût se dessina sur mon visage en l'imaginer s'adonner aux plaisirs de la chair avec un autre. Un autre que moi ? Non. Ce n'était pas cela. Me l'idéalisant, je pouvais me résoudre à l'imaginer jouer les catins à qui va et vient. J'exigeais d'elle pureté et vertu. Conscient de mon idylle improbable, elle fut la cause -pas la seule- qui me dessina à la fuir. Celle que l'on ne pouvait pas atteindre. Moins je la connaissais et plus mes rêves à son égard resterons ornés de perfection et convoitise.
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Message Posté Dim 15 Avr - 18:58.
« JE SUIS VENU POUR TE VOLER CENT MILLIONS DE BAISERS »

Mon cœur battit plus vite dans sa cage d’or alors qu’il approchait son visage de mon oreille, son souffle brûlant frôlant mon cou. Son parfum âcre me donnait envie de planter mes crocs dans sa peau délicate, de glisser mes doigts maladifs dans sa chevelure sombre pour un baiser salvateur, de déposer ma peine sur sa langue couleur rubis. Je le voulais. Mais, contrairement aux autres, ce n’était pas pour une nuit. L’obsession, voilà un sentiment des plus étranges. J’avais tenté de me convaincre que, si je le voulais, je pouvais simplement m’éloigner de Raphaël et que l’émoi qu’il arrivait à injecter dans le creux de mes reins s’effacerait. Hélas cette idée n’était qu’un leurre : ses bras d’argent avaient eu raison de ma santé mentale, me tirant dans le gouffre des passions funestes.
« Je ne me suis pas encore enfui. » Cette vérité s’était échappée d’entre ses lèvres dans un souffle arrogant, souffle qui martyrisa un peu plus mon palpitant blessé. Je souris tranquillement au mur qui me faisait face, les mots de Raphaël battant mes tympans. " encore ", voilà ce qui me causait autant de soucis. Voulait-il vraiment échapper à mon emprise ? Je n’esquissai aucun geste pour le retenir, me mordant les lèvres. J’avais trop de fierté pour cela. Mais, au fin fond de mes prunelles sinueuses, une étincelle suppliante mettait le feu aux agates qui ornaient mon regard de chat. Je le désirais ardemment, une brûlure railleuse s’imprimant dans mon estomac, et le fait qu’il pouvait à tout moment partir me mettait sur mes gardes. J’avais peur. Pire que ça : j’étais terrifiée qu’il puisse un jour s’en aller, me laissant seule face à cette tentation typiquement humaine. Sa tête brune recula, ses lèvres roses se refermèrent sur le filtre de la cigarette. L’odeur du tabac se logea dans mes narines. Je plissai les paupières, mes doigts voletant autour de son visage. « Et pourquoi n’es-tu pas dans ton lit ? » Sa question me gifla avant même qu’il l’eut terminée. Elle était pleine de sous-entendus. En temps normal, je n’aurais même pas tiqué, statue de glace. Là, c’était différent. Je n’étais pas devant n’importe qui. J’eus l’impression qu’il venait de me planter un poignard en plein cœur à mesure que le silence s’étirait entre nous deux. Son rictus de dégoût finit par m’achever. Quelle image avait-il de moi ? Celle de l’immonde prostitué que l’on pouvait trouver dans n’importe quelle ruelle, sûrement. Comme la plupart des gens qui me côtoyaient. J’inspirai profondément, tentai de dessiner une grimace enjouée sur mes lèvres bafouées. Mais, au fond, tout était en ruines. Impétueuse, je plongeai mon regard fauve dans ses prunelles et, dans un claquement de langue, posai une main légère sur son épaule. Le simple fait de le toucher envoyait des picotements dans mon échine. « Trop de pensées se bousculent dans ma tête, en ce moment. » Pudique, je n’avais pas dévoilé quel genre de songes imbibait mon cerveau. L’écœurement qui s’était épinglé à sa bouche m’avait enfin convaincue que, à ses yeux, je n’étais qu’une vulgaire prostituée qu’il fallait abandonner sur le pavé. Puis je ne connaissais rien de lui. Dévoiler mes sentiments ne faisait pas partie de mon vocabulaire. On m’avait toujours appris qu’il fallait se protéger, et mon expérience personnelle m’avait prouvée que les hommes étaient particulièrement doués pour détruire le palpitant des femmes.
Lentement, j’ôtai mes doigts de son épaule, le cœur battant à tout rompre. Même si ses paroles m’avaient profondément blessée, j’avais encore l’espoir de m’être trompée sur le sens caché de ses mots. Mes prunelles d’agate s’adoucirent alors que je continuais de le fixer droit dans les yeux. « Et toi ? Pourquoi n’es-tu pas en train de dormir ? » Ma voix s’était faite murmure, enveloppant nos corps dans la douceur des espaces confinés. Mes entrailles se tordirent alors que le désir, plus puissant cette fois-ci, les imprégnèrent. Aussitôt, la jalousie le rejoignit. Et s’il était ici pour une raison bien particulière ? « Tu as un rendez-vous avec quelqu’un ? Si c’est le cas, je peux très bien partir – c’est ton château. » Aucune émotion ne perçait mon ton, ne se reflétait sur mon visage. Je ne voulais surtout pas qu’il voit à quel point il m’avait attirée. Je me contentai alors de lui sourire calmement, mes ongles s’enfonçant dans la chair tendre de mes paumes.
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QUATRE CONSONNES ET TROIS VOYELLES. [PM]

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