Les élèves sortent de ma classe, le pas lourd pour certains, je reste assise à demie dos à eux, pianotant de ma main gauche sur le rebord de mon bureau, l'autre main tenant une plume, je suis songeuse, encore une classe. De faite. C'est la fin de la journée. Je me lève avec élégance, quand j'entends le dernier élève quitter ma salle de classe, perchée sur mes très hauts talons, je regarde un peu dans le vide, comme à mon habitude, comme absente spirituellement du lieu où se trouve mon corps élancé et mince. Je passe le bout de la plume sur mes lèvres, pensive, avant de réaliser qu'il serait temps pour moi de fermer la classe. Je ramasse mes affaires, les rentre dans mon cartable en cuir vernis noir, je vais pour sortir de la salle, d'un pas lent mais néanmoins appuyé, lorsqu'un projectile traverse une des vitres, pour aller s'écraser au sol. Une pierre... Je la regarde et regarde au dehors, mais évidemment plus personne n'est derrière. "Diable!" Lançais-je à haute voix. Je regardais les dégâts, je n'avais aucune envie de me charger de cela ce soir, il me faudrait en avertir le concierge. Je fermais la porte derrière moi, avant de traverser le menu couloir qui me sépare du bureau du concierge. Sur mon passage, les élèves s'écartent, il semblerait que j'impressionne trop certains d'entre eux. Je n'en ai que faire des jugements de mes élèves, tant qu'ils ne dépassent pas les limites. Cette pierre... j'y songe, sera l'entrée en matière de mon prochain cours, et j'entends que le coupable se dénonce de lui même. Je veillerais à ce que ça ne se reproduise plus, personnellement, nul besoin d'en avertir la directrice, ni encore moins ces hommes qui se croient en plein bal masqué. Je préfère opérer seule, nul besoin de renforts de quelques sortes. Je toquais doucement à la porte du bureau du concierge, attendant, debout, droite comme "i". La porte s'ouvrit sur ce jeune concierge dont je n'arrive pas à me souvenir du nom. "Je vous prierais de bien vouloir vous rendre dans la salle de médecine magique, un petit incident s'y est produit." Dis-je sans préambule mais avec beaucoup de soin et de rigueur, j'aime à choisir pointilleusement mes mots, tous mes mots. Rien ne doit jamais être dit au hasard, c'est un choix de correction que j'aime à appliquer, et je demande à mes élèves d'en faire autant. Je le regardais sans vraiment le faire, pas qu'à mon sens il soit insignifiant, mais j'avoue accorder très peu d'attention au monde qui m'entoure.

Le travail que j’avais n’était pas de tout repos, en effet je devais faire souvent des réprimandes aux petits Français mais j’aimais mon travail à Beauxbâtons pour la plupart des gens de mon éthique, ils avaient eu même des concierges et ne faisaient rien. Moi j’avais pris mon courage à deux mains et puis de toute façon avec la magie cela devenait parfois plus rapide même si je vous l’avoue, je n’utilisais pas souvent la magie pour faire le ménage certes mais parfois quand j’avais vraiment la flemme, je pouvais en faire un petit peu. Même si certains élèves ne respectaient pas mon travail la plupart étaient gentils avec moi. En même temps j’étais quelqu’un de très sociable.

Je connaissais la plupart des gens que ce soit dans le cœur professoral ou dans les élèves car cela faisait des années que j’étais là. Mais je ne connaissais malheureusement pas tout le monde… en effet. Je ne pouvais pas connaître tout le monde voyons, sinon je n’aurai pas une tête mais carrément un disque dur de moldu. Enfin bref tout ça pour vous dire que je commençais à me soucier car je n’avais pas eu tellement de travail aujourd’hui. Je me demandais même si les élèves avaient décider de se calmer un peu pour me faire plaisir.

Mais malheureusement lorsque j’étais dans mon bureau, je sentais parfois les choses venir et je me disais qu’avant la fin de journée, j’allais bien avoir une salle à nettoyer ou autre chose. Lorsque j’entendis quelqu’un frappé à ma porte, je savais déjà que j’allais devoir faire quelque chose. J’ouvris la porte de mon bureau. Je n’avais même pas le temps de dire bonjour qu’une jeune femme m’agressa d’un ton assez hautain. Je n’appréciais pas ça du tout cela me rappelait un peu mon père… et même pas un bonjour désolé de vous dérangez non plus. Je n’allais pas être froid mais cela m’énervait au plus haut point.

« Bonsoir tout d’abord Madame… je vais de ce pas aller dans votre salle de classe puis-je juste savoir quel est le petit incident ? »

Je ne disais pas d’un ton froid mais je voulais juste reprendre un peu sa façon de faire autant dire bonsoir avant de déranger les personnes non ?

De personnalité, plutôt étrange aux yeux extérieurs, peu comprise, il semblerait. Mais simplement, je n'aime juste pas m'encombrer de détails, je ne suis pas rustre, ni brute, directe serait plus le terme approprié. L'académie de Beauxbâtons, m'a inculqué une politesse particulière, qui va de paire avec mon caractère quelque peu introverti par instant. C'est pourquoi, sur le coup, je fusille le concierge du regard. Serait il vraiment en train de me donner une leçon moralisatrice sur un quelconque manque de savoir vivre? Il ne me semble pas avoir été hautaine, froide et plus que ça, impolie et vulgaire. Mes yeux plissés, le regardant droit dans les yeux, j'accuse le coup de son besoin de me rappeler à l'ordre. Je balaye momentanément sa première phrase. "Une question de pierre, il me semble..."Lui dis-je alors "Mais je vous arrête de suite, si j'ai fait appel à vous ce soir, c'est que je n'ai nul temps à accorder à cet incident." Je vais pour tourner les talons et repartir direction la salle commune d'Hadès, puis me retournais un instant. "Rassurez moi, vous êtes aussi compétent pour lancer un simple sort de réparation sur une vitre, que de recadrer sans délicatesse ni discrétion, une de vos supérieures sur sa présumée absence de politesse?" Lui dis-je du tac o tac, avec un sourire fermé, qui en disait long. J'aurais pu m'arrêter là, mais ce soir tout particulièrement, je ressentais un besoin précis, celui d'argumenter, peut être cherchais-je une confrontation? Mais dans quel but? Je ne sus pour l'heure, je revins sur mes pas, pour me reposter en face de lui. " Je veux dire, si vous n'étiez pas capable, peut être pourrais-je vous apprendre à vous servir d'une baguette..." Il était évident qu'il s'agissait, non pas d'une proposition sérieuse, mais bien d'une targue plantée là. Je pris la sangle de ma mallette entre mes deux mains, postée devant lui, droite comme un "i", le sourire vissé sur les lèvres. Il me sembla évident que les récents évènements avaient plus ou moins perturbé mon équilibre émotionnel, pas que je perdais le contrôle de ce que j'étais, mais plutôt qu'il m'apparaissait nécessaire de tenter de réveiller ce je-ne-sais-quoi de hargne en moi. Chaque phrase passées, même piquantes ne m'atteignaient pas et depuis quelque temps, je provoquais l'envie de ressentir ne serait ce qu'une petite pointe d'amertume. Étrange, la vie est étrange. On pourrait prendre tout ceci pour de l'acharnement, mais il n'en était rien, en somme, je tentais juste de provoquer sur moi un électrochoc émotionnel pur. J'haussais les épaules, attitude enfantine au demeurant, esquissant un petit rictus de désolation, fausse. Je lui tendis les clés de ma salle. "Au cas où vous ne vous en sortiez pas..." Ajoutais-je pour finir. Une personne normale réagirait à cette mascarade, me rentrerait dedans...

Cette personne m’avait l’air vraiment prétentieuse, elle devait prendre souvent ses élèves de haut. Je comprenais pourquoi je ne l’avais pas connu avant mais de me dire que je devais converser avec cette personne me donnait presque envie de rager, je me demandais bien pour qui elle se prenait mais sûrement pour une faible femme, j’admirais bien souvent le fait que les femmes fortes remettaient en place des hommes mais je n’appréciais pas du tout le fait qu’elle me prenne aussi haut que ça juste pour lui avoir dit « bonjour d’abord » alors qu’elle ne l’avait pas fait. Je me demandais bien si elle avait eu la même éducation que moi mais je n’allais pas apprécié le fait qu’elle me parle comme ça.

Elle n’avait pas de temps pour cet incident d’accord mais elle n’avait pas non plus à parler à quelqu’un comme ça. Je n’avais jamais raconté mon rang de Noble à Beauxbâtons mais cela se voyait tout de même que je portais l’éducation dans mon cœur. Il était normal que tout le monde se vaut dans cet univers qu’est le monde magique et pourtant, elle se montrait bien plus supérieur que les autres, je la regardais de travers, j’étais presque choqué que ses mots sortaient d’un Professeur. Normalement il y avait du respect entre le corps professoral mais elle… elle était différente des autres.

« Madame, cela ne me gêne vraiment pas de faire ce que vous me demandez mais puis-je me permettre juste de vous dire que ce n’est pas parce que vous êtes prof et que vous avez fait des études que je ne suis rien. Vous savez je ne suis pas un simple concierge qui doit nettoyer, je dois aussi protéger les élèves comme vous. Ne prenez pas de haut les gens comme ça je vous en conjure. Moi aussi j’ai fais des études de magies, je sais me servir de ma baguette comme vous et je pense être quand même un bon concierge, personne ne sait encore plaint de mon travail alors allez dans vos appartements madame »

Ma tête était grave, j’allais dire autre chose. J’allais lui dire, j’allais pouvoir enfin jeter un petit pic comme je les aimais mais je savais que j’allais encore avoir des soucis avec cette personne. Je le ressentais au plus profond de mon être

»Vos élèves doivent vraiment vous détestez si vous êtes comme ça avec eux »

J’avais ma baguette à la main près à aller dans la salle de cette madame.

J’étais presque contente de cette tirade que j’avais lancée. Etrange, vraiment très étrange, moi qui ne prend du plaisir que dans la musique et l’application méticuleuse aux sorts de médicomagie. Je commençais à ressentir un certain amusement de la situation, s’en était presque drôle à mon sens, mais je ne cherchais pas à être vache gratuitement, au contraire, je tentais maintes fois à faire ressortir ne serait ce qu’un peu de tristesse ! Nom de Dieu, serait il trop demandé de me blesser ? Je fermais la bouche, pincée mais pas touchée. Je poussais un vague soupir de lassitude, le laissant répondre à tout ceci de sa voix monocorde et animée par aucune espèce de sentiment. C’était navrant ! A quoi pouvais-je bien m’attendre, attaquer Soltan serait tellement plus divertissant, lui au moins m’envoi vacheries pour vacheries, enfin m’envoyait, puisque maintenant qu’il dégouline d’amour pour une élève, il me fait penser à une chaise, ou à un simple tapis. J’écoutais sans vraiment le faire, perdue dans mes pensées, mais je tiquais sur le mot « prof ». Je lui coupais alors la parole. « Professeur je vous prie, vous n’êtes pas un adolescent de 17 ans, il me semble… » Il reprit alors, me parlant de protection. « Une élève comme moi ? Que vous êtes chou, un peu… brave… Je ne doute pas de votre soit disant éthique, mais ne pensez vous pas que vous avez les manières et le langage d’un adolescent à peine sortit de la puberté ? Je veux dire, pensez vous vraiment que je ne sache pas me protéger toute seule ? » Je fis un geste de main qui balai les mots. « Vous êtes un concierge et malgré vos études de magie, vous avez finit gardien… Peut être un choix avisé, vu votre personnalité. Manque d’ambition évidente, Monsieur. » J’appuyais alors sur le « monsieur » pour ajouter de cette prétendue politesse qu’il pouvait manquer. Il termina par un pseudo ordre, qui me fit sourire. C’est toujours plus facile pour les faibles de se permettre de donner des ordres, que d’affronter la réalité. Il partit en direction de la salle, avant d’ajouter une certaine phrase qui me fit pencher la tête sur le côté. Aurais-je pressentie, les prémisses d’une rébellion ? Attirée comme un papillon par la flamme, je le suivis alors. « Qui vous dit que cela puisse m’être important ? Des professeurs qui m’ont éduqué dans cette même académie, peu d’entre eux étaient doux comme des agneaux, ils ont fait de moi, la femme que je suis aujourd’hui. Mais si j’ai bien saisit les effluves de votre personnalité, vous préférez donc être l’ami de tous… le gentil chien-chien. » Je restais un instant derrière lui, avant de passer devant lui, me retournant avec grâce vers ce nouvel et passionnant passe temps. « Si je dois déduire quoique se soit de vous, vous êtes habillé élégamment, rasé de près, je dirais que vous venez d’une bonne famille, mais que par provocation, ou déférence envers vos pairs, vous avez préféré être l’esclave, le peu valeureux sorcier, qui nettoie derrière les autres… Triste Destin Monsieur. » J’haussais une nouvelle fois les épaules avant de repartir dans l’autre sens. « Avant de donner des leçons, je vous demanderais à l’avenir de vous regarder en face, une fois seulement suffira. » Dis-je en levant l'index avec un petit sourire sur les lèvres. "Ceci est un conseil, nullement un ordre..."