Find light in the beautiful sea. I choose to be happy
You and I, you and I - We’re like diamonds in the sky

La vie reprenait son cours. Beauxbâtons tentait par tous les moyens de se relever, de faire oublier les temps sombres. Notre directrice avait fui, et avait été vite remplacé. Les préfets avaient rapidement été mis au courant, sans trop avoir de détails. Nous devions montrer l’exemple, faire respecter l’autorité. On peut dire que je n’étais pas réellement un modèle d’autorité ou de respect, mais lorsque le directeur en personne vous offre la possibilité de passer outre un de ces nombreux décrets, vous ne pouvez qu’approuver cet homme. J’avais donc, avec la bénédiction de ce cher Virgile, le droit de passer outre le couvre-feu. Les Hadès étaient favorisés de l’autorité et je n’allais pas manquer ces privilèges. Par chance, les Hébé aussi l’étaient et de ce fait ma princesse avait également le droit de passer outre un décret.
Sélène, ou la seule fille qui avait su me transformer. Cette année était la dernière pour nous, et donc je n’avais plus qu’un an à profiter d’elle et de notre petit monde. J’avais pour projet de partir pour la capitale magique, sans ambition d’études pour l’instant et mon rêve le plus fou serait qu’elle m’accompagne. Pour l’instant je gardais cela pour moi, afin de profiter de notre neuvième année. J’étais actuellement assis par terre dans la salle de sport. Elle n’allait pas tarder pour son entrainement quotidien. Même si au début elle n’aimait pas trop que je la regarde, j’avais réussi à lui faire changer d’avis. Je me faisais aussi discret que possible, et j’appréciais la vue.

Je ne me reconnaissais plus. Je n’étais plus volage, pas autant qu’avant du moins. J’étais moins égoïste, mais seulement avec elle. Elle était l’élément fondamental de ma vie, comme personne avant elle. Mes amis me charriaient, me traitant de mauviette mais qu’importe. Je n’étais pas complétement assagis loin de là. Par moment, l’Hugo cruel et moqueur refaisait surface. Je m’amusais à embêter les plus jeunes, à les bousculer. J’étais préfet, j’en avais le droit, non ? Et il y avait autre chose de nouveau dans ma vie. Depuis mon été à Londres, j’avais entrepris un petit commerce. Bien entendu illégale. Des drogues magiques. Tout ce qu’il fallait pour s’amuser, s’envoyer en l’air littéralement. J’avais été approché par la Mafia, pas par un des dirigeants, mais c’était déjà ça. Jésus. Tel était mon surnom. Ca me faisait toujours rire quand je le prononçais. C’était tellement à l’opposé de moi, je n’étais pas croyant et surtout de religion moldue et lorsque j’avais lu la signification de ce surnom j’avais ris. C’était l’opposé de mon deuxième prénom, Judas. Je me créeais un autre moi, capable de vous offrir le paradis à portée de main. J’étais devenu le Dieu de certains élèves, et ça m’allait très bien.

La porte d’entrée s’ouvrit, des pas résonnèrent dans le couloir. Elle allait arriver. Je me relevais, tirais un peu sur mon t-shirt à manche longue noir, et tapotais mes mains sur mes cuisses vêtues de jean. Un sourire en coin naquit sur mes lèvres, tandis que je m’adossais au miroir de la salle. C’était ici qu’on s’était rencontré pour la première fois, enfin qu’on avait eu un vrai échange. On avait dansé ensemble, et c’était quelque chose que je referais bien. La porte du studio s’ouvrit, et en un instant, mes yeux s’accrochèrent aux siens. « Toujours à l’heure, ma belle. »

Un mois que la vie a repris son cours à Beauxbatons. Un mois que j'ai quitté l'Amérique - à nouveau - pour revenir en France. Difficile de revenir dans ces lieux remplis de souvenirs douloureux, mais depuis, j'ai réussi à me réhabituer à l'endroit, surtout grâce à un certain Hadès. Hugo a réussi à chasser mes mauvais souvenirs pour que je n'en garde que les bons. Sa présence me rappelle tous les bons moments que j'ai vécu entre ces quatre murs. Et puis, je sais que je peux au moins compter sur lui et son soutien si jamais mon morale flanche. Il est celui qui me permet de tenir. Je n'ai pourtant perdu personne de proche dans la bataille, mais comme tout le monde, j'ai été blessée et traumatisée par les violences qui ont eu lieu sous mes yeux. D'ailleurs, mon dos sera marqué à vie par cet évènement. J'ai été gravement brûlée à l'échine et aujourd'hui j'en garde la cicatrice.

En attendant, je dois tout de même continuer à garder la tête haute, ma carrière en dépend. Je poursuis donc mes entraînements quotidiens pour rester au niveau. Ainsi, je me rend, comme tous les après-midi, dans la salle de sport, où, je sais, m'attendra le français qui a su atteindre mon coeur.

« Toujours à l’heure, ma belle. »

Je lui répond par un sourire. Je suis contente de le voir. Bien qu'au début sa présence m'ennuyait, aujourd'hui je trouverais la salle bien vide sans lui. Je dépose mon sac de sport à côté de lui, puis je l'embrasse tendrement en guise de salutation. Je m'installe ensuite face au miroir pour commencer mes échauffements, tout en donnant un coup de baguette pour faire démarrer la musique. Mais, même pas une minute après, trois premières années font leur entrer dans la salle, hésitantes, et pourtant je remarque que leurs yeux pétillent comme jamais. Qu'est-ce qu'elles ont?

« Lu... Luna? »

QUOI? Je me tourne aussitôt vers le groupe. Comment elles connaissent mon nom de scène? Ne me dîtes pas qu'elles sont au courant pour mon "autre vie"? En tout cas, celle qui a osé me parler, s'avance timidement jusqu'à moi en me tendant un papier.

« On... On est super contente d'étudier dans la même école que toi! On est des grandes fans! Ce serait possible d'avoir un autographe?
- Oui! »

Quelque peu décontenancée, je lui réponds tout de même gentiment et avec le sourire. Je ne suis pas du genre à envoyer balader mes "fans", au contraire j'aime leur faire plaisir. C'est juste que c'est une partie de ma vie que je n'ai encore jamais dévoilé à Hugo, alors je ne pense pas qu'il soit au courant. Il doit donc être encore plus décontenancé que moi... Il va falloir que je lui explique enfin... J'avoue que si je ne lui en ai jamais parlé, c'est parce que je ne voulais pas qu'il me juge comme quelqu'un de célèbre. J'avais la particularité d'avoir cet anonymat jusqu'à maintenant, et j'en étais contente. Je n'ai pas envie qu'à présent, les gens m'apprécient ou viennent vers moi uniquement pour ma célébrité. Je n'ai pas envie que la vision d'Hugo change à mon égard...

Toute excitées de leur autographe, les trois jeunes filles paraissent émerveillée de me voir en chair et en os. Cela ne m'étonnerait pas que l'une d'entre elle soit venue étudier exprès à Beauxbatons pour se retrouver dans la même école que leur idole, car il me semble avoir entendu une pointe d'accent américain chez l'une d'elle. Un peu flippant dans ce cas là...

« Tu allais t'entraîner? On peut rester??!!! »

Avec une telle envie de rester, impossible de leur dire non... Alors je finis par leur dire oui et elles partent s’asseoir dans un coin de la salle. Je me tourne alors vers Hugo pour enfin lui expliquer.

« Je pense que je te dois des explications... En fait, quelques mois avant que je n'arrive à Beauxbatons l'année dernière, une maison de disque new yorkaise m'a fait signé et j'ai alors sorti un single. Ça a tout de suite marché, les ventes ont grimpé très rapidement et maintenant que mon album est sorti, ma célébrité n'en est qu'accrue... Ce qui explique mes entraînements quotidien, mes retours réguliers en Amérique, et les fans qui viennent chercher un autographe... Je m'arrête quelques temps, pour lui faire avaler la pilule, puis reprend. Je voulais pas te le cacher... Je voulais juste qu'on me juge moi et non ma célébrité. Mon anonymat me permettait de vivre comme je le voulais, c'est pour ça que je ne l'ai jamais crié sur les toits, je voulais profiter de recommencer ma vie là où personne ne me connaissait en tant que Luna. Je suis désolée... »

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Un baiser. Doux. Léger. Je lui souriais et m’adossais de nouveau au miroir. Sélène avait ce besoin de s’exercer, de s’entrainer chaque jour. Je n’étais pas un fana de sport, je me maintenais juste en forme grâce à un footing chaque weekend et surtout mes cours de transports magiques. A peine avait-elle fait un pas, que la porte du studio s’ouvrit. Je me redressais, prêt à mettre à la porte les inconnus qui osaient la déranger. Mes sourcils se froncèrent. Luna. Luna ? Sélène se retourna vivement vers les trois demoiselles. De quoi parlaient-elles ? Fan ? Autographe ?
Je m’approchais doucement, sans faire de bruit et essayais de comprendre ce qui se passait. Elle leur signa une feuille de papier, comme l’aurait fait un sorcier célèbre. Sur ce coup j’étais un peu perdu. Puis les filles demandèrent de rester afin de voir son entrainement. Qu’est-ce que pouvait avoir son entrainement de si spécial ? Elles allèrent s’assoir dans un coin, aussi discrètes que possible. L’Hébé se tourna vers moi, le visage un peu tendu. Elle semblait avoir quelque chose sur la conscience. Je me contentais de la fixer, un petit sourire encourageant sur les lèvres. Et elle se lança.


Sélène, ma douce Sélène. Elle n’était pas une simple étudiante. Loin de là. Une artiste, une chanteuse. Je ne disais rien, me contenant d’écouter. Pour une surprise, c’en était une. Jamais je ne m’étais douté de sa double identité. Est-ce que le fait de ne pas trouver son adresse dans son pays natal aurait-dû être un indice ? Je lâchais un soupir. Je n’étais pas en colère. Sa célébrité n’était pas un problème en soi. J’étais même assez fier en réalité, de pouvoir la côtoyer, d’être son petit-ami. Le seul truc qui me chiffonnait était qu’elle n’ait pas osé me le dire. J’attendis quelques secondes avant de parler. « Eh bien… » murmurais-je.
Je lui fis dos, joignant mes mains sur ma tête. « Jamais je ne me serais douté de quoique ce soit. Tu as bien su gardé ton secret. Je ne réalise pas.. » Je me tournais de nouveau vers elle, croisant mes bras sur mon torse. Mes prunelles azur accrochèrent les siennes. «Tu n’as pas être désolé d’être ce que tu es, de faire ce que tu aimes. Je ne te le reprocherais pas.»Je m’approchais d’elle, déposais mes mains sur son visage. « Jamais. » Un baiser sur son front et je me reculais de nouveau en lui tournant le dos. Ma tête se releva légèrement, et je m’exclamais d’une voix enfantine « Je te boude quand même pour ne pas m’avoir fais confiance. T’as été nulle sur le coup là.» Bien sur je plaisantais, mais j’exécutais une petite vengeance. Juste comme ça.