Y a trop de gens dans mon entourage ces derniers temps, c’est affolant. Plus on a besoin d’être seul moins c’est possible. À croire que les gens sentent ça et qu’ils se font un malin plaisir à contrecarrer vos plans. Non, vraiment, mon entourage n’avait jamais été aussi fourni, c’en était effrayant. Non pas que je faisais confiance à la totalité du dit entourage, loin de là, mais on me parlait, pour avoir une vraie conversation, et ça, c’était bizarre et très inhabituel. Mais là, dans l’immédiat, j’attendais le gars de Poudlard, celui avec lequel je m’étais pris le chou et puis avec lequel je m’étais mis à rire comme un parfait con. Je lui servais de guide. Je l’avais prévenu que c’était pas vraiment la meilleure des solutions mais il n’avait pas eu l’air d’être ennuyé par mon humeur maussade ni par ce qu’on lui avait dit à mon sujet.
J’étais donc à l’entrée de la Primevère, à attendre Declan. J’avais au moins la décence d’être à l’heure, pour une fois. Présentable, il ne fallait pas rêver. Même le directeur et son règlement ne m’empêcherait pas de me saper comme j’avais envie les week-ends, il y avait des limites à la tyrannie de Virgile. Sauf que j’avais un problème… Qu’est-ce que j’allais lui montrer ? Les jardins se mourraient, je doutais qu’il partageait ma passion pour la botanique, … Dans le fond, il valait peut-être mieux que je lui demande ce qu’il avait envie de faire parce que moi, ces temps-ci, j’étais loin d’être un bout en train. Quoi que… tout dépendait de ce qu’il fallait faire. À force de mentir, je donnais le change si je m’en donnais la peine. Je finissais par devenir convaincant. Pas de quoi se venter. Comme seconde nature, on avait vu plus sympathique.

Assis contre le mur, j’attendais en pensant au repas, en pensant à ces conneries de JO. C’était tellement… Je n’étais pas sportif du tout, ça n’était pas une première, à part la natation, moi… Aucune chance donc que je n’y participe même comme remplaçant malgré les nombreuses injonctions de mon père par courrier. Courriers auxquels je n’avais pas répondu ce qui l’avait mis en rogne au point d’en écrire à ma mère qui au final, elle ne s’en était pas formalisée. Je retournais en cours et j’avais promis de songer à mon avenir ce qui avait suffit à la tranquilliser. Sauf que mon avenir… je ne savais pas du tout quoi en faire.

Finalement, je vis la silhouette de mon touriste anglais se profiler. Je ne savais même pas s’il était anglais en y réfléchissant bien. Je savais juste qu’il s’appelait Declan. Pour le reste, ça serait la grande découverte, est-ce qu’on se prendrait encore la tête ? Est-ce que ça nous ferait encore rire ? Aucune idée.
Je me levais donc, mains dans les poches.

« Salut. Pas eu trop de mal à trouver ? » Non pas que l’école était immense… Enfin, si. Un peu. Mais pas de quoi se perdre pendant des heures. Quoi que… En fait, ça pouvait arriver.

Maintenant qu'il était là, je me sentais déjà nettement moins con. Je n'avais pas attendu pour rien. Je ne savais toujours pas quoi lui faire faire. « Salut. Oui, bon, autant te l’avouer tout de suite ça fait 25 minutes que je tourne en rond. Je crois même que je vais avoir une sacrée tendinite au bras gauche ! Ouai, j’en suis encore à tirer ma valise dans tous les couloirs… » Ah... ouais... ça faisait un moment qu'il tournait. Il fallait que je lui montre les petits coins pratiques. « On va commencer par poser ta valise peut-être, ça t'évitera la tendinite. L'ennui, c'est que je ne sais pas où vous logez. Donc, première étape. File-moi ton plan que je sache où on va. » Et ben, je n'avais pas fait de phrase aussi longue depuis un sacré bout de temps.

En fait, en y réfléchissant, j'étais un boulet. Je crois savoir où logeait les anglais, enfin, Poudlard. Ils n'étaient pas tous anglais, je suppose. « Ah nan, pas besoin en fait. J'crois savoir où vous êtes. T'es pas le premier à te paumer dans le coin. Même nous, on avait parfois du mal à s'y retrouver. J'te garantis pas qu'on trouvera du premier coup mais j'pense que ce sera pas trop dur si les bannières de Poudlard sont dressées. » Pourdlard, j'y mettrais les pieds bientôt. Le mariage d'Helios. J'avais du mal à me faire à l'idée que j'allais assisté à un mariage, que j'étais censé m'y amuser et souhaiter à Helios tout le bonheur qu'il méritait. Je soupirais en passant ma main dans mes cheveux, les rendant plus brouillon encore. D'ailleurs, il était peut-être là... Mouais, non, il devait sans doute s'occuper de son mariage. Si je pouvais, j'éviterais les JO aussi sauf que ça se passait sous mon nez. « Allons-y avant que l'envie me prenne de me jeter dans la rivière tout habiller. J'ai besoin de rester en mouvement et de ne surtout pas penser. »

Je me mis en route tranquillement, regardant parfois aux alentours, juste comme ça. « Je t'aurais bien montré les jardins mais ces derniers temps, ils ne sont pas des plus beaux. Nous avons eu... en fait je n'en sais rien. Comment ça va à Poudlard ? J'ai quelques connaissances là-bas et j'ai pas vraiment eu le temps de prendre de leur nouvelle. Alors en avoir de Poudlard, ce serait pas mal. » M'occuper l'esprit, voilà qui était une bonne chose. Parler de tout et de rien. Moi qui n'était pas bavards, pour m'occuper, je n'avais pas tellement le choix. Il faudrait que je trouve un autre moyen pour me vider la tête. Celui-là n'était clairement pas le bon. Je n'étais pas dans un très bon état d'esprit, pas du tout même. D'ailleurs, la tête ailleurs, je m'emmêlais les pieds et choppais dans un banc, me ramassant de tout mon long. Je jurais copieusement, j'avais l'air d'un con. Hypnos le retour. Jusqu'à présent, je ressemblais étonnement à un Hadés. Je me relevais avec l'aide de mon binôme qui se retenait de rire avec difficulté, c'était plutôt raté. « Allez, marre-toi va, t'as pas fini avec moi, j'suis tête en l'air. »