Spoiler:

Je ne crois en rien, je ne crois ni en moi ni au reste de l'univers je ne crois ni en l'amour, ni en la mort ... je crois en un seul motif, un seul but, et c'est la vengeance. Quel que soit le résultat obtenu, y compris ma propre destruction, je ne crois qu'en cette vertu, et nulle rédemption ne viendra saluer mon âme de son jour étincelant.

Soltan Amasyan (Basileus) ; 15 septembre 2056



L'avez vous déjà ressentit, au plus profond de vous même, ce feu sacré, vif et qui jamais ne s'endort ? Avez vous déjà eu l'impression d'avoir une mission, d'avoir cette minuscule étincelle de vie et de colère au plus profond de votre esprit rendu froid par la souffrance et la tristesse ? Si vous avez sentit cela, alors vous saurez de quoi je parle. Car cela transcende tout, vous rend insensible aux blessures du monde extérieur, vous obsède. Et cela obsédait Soltan Amasyan depuis quelques jours. Les combats pour la liberté avaient modifié le sens des choses, les avaient rendues sans saveur. Il devait survivre à présent. Et survivre signifiait obtenir des réponses à ses questions ... Dieu sait qu'elles étaient nombreuses. Prendre son épée et pourfendre les mensonges qu'on lui avait trop racontés. Tout était mort autour de lui, désolé comme une lande désertique. Il fallait y replanter la graine de l’espoir.

Assis sur son gradin préféré, Soltan méditait sur le déroulement des événements. Il devait agir, mais comment ? Que faire, surtout depuis la France ? Il avait déjà été absent de son poste pendant les deux premières semaines du mois, il fallait bien qu’il assume maintenant. Etre payé à ne rien faire n’était pas du tout dans son caractère, et il avait toujours détesté les tires au flanc. Un travail, on le fait bien ou on ne le fait pas, même si c’est un boulot à la noix. Et ce boulot là n’en était pas un, raison de plus pour y mettre du sien. On aurait pensé qu’il lisait un livre sur les potions, assit sur son gradin, mais il ne lisait pas les mots. Il regardait mais ne voyait pas. Il pensait à toutes ces choses qu’il avait en tête et qui ne partaient pas. L’impression de mensonges, de trahison, et l’envie de foncer vers le danger pour savoir exactement de quoi il retournait. Mais il ne pouvait pas ... pas maintenant ... pas encore. Les pions devaient encore un peu avancer sur l’échiquier.

Des bruits qui se voulaient discrets, des pas. La personne faisait attention à ne pas attirer l’attention. Mais malheureusement pour elle, le théâtre du jardin ensoleillé répercutait les sons et, si cela n’avait pas été suffisant, Soltan avait étudié à Durmstrang, et avait eu des cours d’ASP dont le but est justement de s’exercer à entendre les plus infimes sons. Il ne se retourna pourtant pas, continuant de fixer son livre comme si de rien était, et laissant ses pensées vagabonder encore un peu dans le vaste espace planté de tournesols, comme une brise légère.

- Bonjour Eden ...

Let there be light

Le froid inhabituel qui était descendu sur la Camargue au début du mois leur laissait une journée de répit bien agréable. Eden aurait été bien sotte de ne pas en profiter même si c’était difficile encore pour elle que de mettre un pied devant l’autre chaque matin et d’essayer de ne pas penser à son frère ou à l’élève qui était mort au cours du bal. L’animagus secoua la tête à ce triste souvenir, décidée à, pour une fois, aller de l’avant comme elle avait dit à ses élèves de le faire au cours de son premier cours de l’année. Honorer les morts en continuant de vivre était, malheureusement pour elle, plus facile à dire qu’à faire. Lëtalia serait contente, pourtant, si elle la voyait en cet instant, car la franco-américaine n’était pas toute de noir vêtue pour une fois, mais d’une longue jupe marron avec un pull en lainage écru. Cela pouvait, certes, paraître bien chaud pour la journée, mais la matinée avait été plutôt frisquette et malgré son apparence, ce pull était léger. Elle n’avait, de toute façon, de comptes à rendre à personne et n’avait guère envie de rejoindre le rang des élèves malades. Bientôt, il me faudra faire cours devant l’infirmerie… songea-elle en avançant dans les allées bordées de tournesols, de jonquilles, pâquerettes et autres fleurs de cette même couleur toutes ensorcelées pour être fleuries toute l’année. C’était à la fois beau et dommage, car la nature ne pouvait pas toujours s’exprimer, mais c’était néanmoins réconfortant.

Elle se pencha pour humer l’odeur d’une fleur avant de se redresser et de reprendre sa marche. N’y avait-il pas une répétition de l’orchestre en plein air, ce soir ? Décidant d’aller voir, elle se dirigea vers les gradins, refoulant dans son esprit les souvenirs funestes qui voulaient s’imposer à elle alors qu’elle s’en approchait. Elle refusait de se souvenir de la grande bataille des gradins, des morts et des blessés. Pour le coup, elle devait bien admettre qu’elle était heureuse de ne pas être professeur d’histoire de la magie, la matière la plus triste au monde après cette guerre dont ils pansaient tous encore les blessures. Tous ? Plus ou moins. Les gobelins, s’ils avaient dû reconstruire Gringott’s avaient tout de même gagné le droit d’avoir une baguette dans l’histoire. Eden ne pouvait que reconnaître que leur aide s’était avérée très précieuse, mais de là à leur donner le droit d’avoir une baguette ? Leur magie était suffisamment puissante sans. Elle secoua la tête, dépitée à cette idée alors que son regard attrapait une silhouette assise dans des gradins déserts. Qui donc pouvait bien avoir eu l’idée de venir s’installer là alors qu’il n’y avait, force lui fut de le reconnaître, aucune répétition de l’orchestre ce soir-là, du moins à cette heure-ci.

La jeune femme décida de s’approcher de l’être solitaire qu’elle n’avait pas tardé à reconnaître. Un pale sourire effleura son visage à l’idée de passer un peu de temps avec la seule personne au monde qui pouvait parfaitement comprendre ce qu’elle vivait, puisqu’il était dans le même cas. Ils s’étaient bien trouvés, tous les deux l’année précédente, s’apportant mutuellement soutien et réconfort et c’était fort dommage qu’il enseigne à présent à l’université et non plus à l’académie. Mais au moins n’était-il pas très éloigné d’elle… - Bonjour Eden ... La jeune femme leva les yeux au ciel. Un jour, il faudrait qu’il lui apprenne comment il faisait pour reconnaître son pas alors même qu’il lui tournait le dos. Cessant d’avancer à pas de loup, elle reprit une allure normale avant de se laisser choir à son côté. « Bonjour toi… Tu sais que tu m’énerves, à toujours savoir quand je suis là ? » dit-elle d’un ton taquin. Etre avec lui la faisait toujours remonter à une époque où tout allait relativement bien, pour elle… Une époque qui lui manquait.

- Bonjour toi… Tu sais que tu m’énerves, à toujours savoir quand je suis là ?

Elle s’assit à côté de lui. Il eu un mince sourire, fugace. Oui, il le savait. Ca faisait cette impression à beaucoup de personnes. Pas que ça l'empêcherait de continuer néanmoins. Il ferma le livre glorieusement intitulé "mettre les sentiments en bouteille". Rêvez pas, Soltan ne projetait pas de composer un philtre d'amour ou Dieu sait quoi. Il les avait toujours trouvés inutiles au possible. Non, il se renseignait seulement. Après tout, il était guérisseur de formation ... ça le connaissait les potions, bien qu'il ait toujours préféré la botanique. Il se tourna complètement vers Eden.

- Je te donnerai des cours d'asp un jour. Tu pourras faire pareil.

Au cours de l'année qui venait de s'écouler, et au plus fort de l'occupation de l'organisation secrète, elle avait toujours été un soutien. Soltan n'avait pas beaucoup d'atomes crochus avec la plupart de ses collègues puisqu'il était trop solitaire pour être sociable, mais Eden était différente. Ils se comprenaient. Ils avaient le même but. Survivre pour trouver les enflures qui leur avaient pris leurs familles. Mine de rien, c'est le genre de sentiment qui rapproche les gens, comme les collections de timbres ou la pêche pour d’autres. Euuuh ... oui d’accord, ça n’tait pas exactement la même chose qu’une collection de timbre. Mais l’effet reste le même en revanche. Sentir que quelqu’un peut comprendre ce qui vous préoccupe, ressent la même sensation, et ne condamne pas ce que vous rêvez tant de faire... obtenir réparation de votre souffrance par la vengeance.

- Comment tu te sens ?

Question assez inutile quand on y songe. Bien sûr qu’elle ne se sentait pas bien, qu’elle n’était pas heureuse, et que le mal qui la rongeait, ce mélange de solitude et de détresse, ne s’en irait pas ... ni aujourd’hui, ni demain, ni dans trente ans. En temps normal, il n’aurait même pas posée la question. Inutile puisqu’il connaissait la réponse. Mais il avait deviné à force de l’expérimenter chez les autres que ce type de question n’est pas fait pour obtenir la réponse, mais pour montrer à l’autre qu’on s’intéresse à lui ou à elle. Ni les mots de la question, ni la réponse ne sont utiles. Ce qui importe est ce que cela implique. Et Soltan voulait vraiment montrer à Eden qu’il s’intéressait à comment elle allait. Parce que si personne ne se demande plus comment vous allez, alors pourquoi ne pas tout simplement disparaitre ?

- Tu peux me le dire ... pas besoin de prétendre.

Il eu un sourire franc. Cela illumina un peu ses deux yeux noirs qui étaient si vides d’habitude... et qui l‘étaient encore plus depuis quelques mois même si ça paraissait difficile de faire plus vide qu‘avant. Il s‘était toujours demandé s‘il y avait eu de la vie dans ses yeux, un jour. Peut être avant la mort de ses parents... peut être. Mais enfin, là n’était pas la question pour le moment. Non, elle n’avait pas besoin de prétendre être bien et cool, car il savait ce que c’était, il comprenait ce qu’elle pouvait ressentir. Il ne la jugeait pas, tout comme elle ne le jugeait pas lui. C’était suffisamment dur de cacher son malaise et ses intentions à la face du monde, pas la peine d’en rajouter en essayant de faire semblant devant les personnes qui peuvent et veulent bien vous aider. Difficile à admettre pour quelqu’un comme Soltan qui n’avait jamais vraiment put confier ça à quelqu’un, même à Gaïa, mas il devait bien reconnaitre que c’était vrai. Il sourit encore à Eden pour lui montrer qu’elle pouvait avoir confiance.

Let there be light

- Je te donnerai des cours d'asp un jour. Tu pourras faire pareil. « Mmmmh… Tu crois que ça marche aussi, sous forme féline ? » C’était sorti avant même qu’elle ne puisse le retenir et elle se mordit la lèvre juste après cet aveu non prémédité. Même son frère n’avait jamais su qu’elle était animagus et elle regrettait de ne lui en avoir jamais parlé. C’était à présent trop tard, mais elle pouvait, au moins, montrer à Soltan qu’elle avait confiance en lui. « Je suis animagus. Je n’en ai jamais parlé à Jeff, et je ne pourrai jamais le faire… » Malgré la peine dans sa voix, ses yeux restèrent secs lorsqu’elle les tourna vers Soltan. « Le plus exact serait de dire que je n’en ai jamais parlé à personne. Hormis mon mentor, seul toi le sais. Je ne sais même pas si je suis inscrite sur les registres du ministère… » dit-elle avec un petit rire. Maintenant que c’était sorti, elle avait besoin d’en parler, comme si cela contribuait à combler un vide dans son âme.

- Comment tu te sens ? Tu peux me le dire ... pas besoin de prétendre. A son avis, le simple fait qu’elle vienne de s’épancher sur l’épaule de Soltan concernant le fait qu’elle était animagus prouvait à quel point elle allait mal. Pendant dix ans, elle avait gardé le secret sur son apprentissage de la magie et voilà qu’elle en parlait aujourd’hui. Et ce n’était certes pas à cause du fait qu’elle avait décidé de prendre un de ses élèves sous son aile. Eden secoua la tête avant de répondre : « J’essaye d’avancer, tout comme toi… Tu sais… Depuis sa mort, c’est la première fois que je porte une couleur claire… » dit-elle en désignant son pull, sous-entendant ainsi qu’elle ne portait pas une tenue de deuil. Mais le deuil restait sans ses yeux, présent en permanence. Non, elle n’oubliait pas, ne pardonnait pas. « Je suis allée à Londres, au début du mois. En tant que juré… » expliqua-t-elle. « J’ai été désignée pour le cas d’une sorcière qui éprouvait des remords. » De nouveau, Eden secoua la tête. Elle aurait tellement préféré être assignée à un jugement de quelqu’un qui n’éprouvait aucun remords, afin de pouvoir réellement accomplir une vengeance. Le mieux aurait été quelqu’un ayant participé à l’attentat de Sainte Mangouste. Mais alors, aurait-elle pu se retenir de lancer un impardonnable sur lui en plein milieu du procès ? Non, sans doute pas… « J’ai beau dire à mes élèves qu’il faut laisser faire le temps, que les blessures cesseront de saigner un jour…, je ne crois pas moi-même à ces belles paroles. »

Eden marqua un temps de silence qui fut simplement interrompu par le souffle du vent et posa la tête sur l’épaule de Soltan avant de reprendre la parole : « Et toi, comment vas-tu ? » Elle n’attendait, pour elle-même, aucun geste de la part du russe. Sa simple présence à ses côtés en cet instant était, en soi, bien suffisante pour lui apporter un peu de la paix dont elle avait si désespérément besoin, un peu de ce réconfort qu’elle ne trouvait jamais, ou à très faibles doses lorsqu’elle était sous sa forme d’animagus – autant dire que ce n’était guère suffisant pour qu’elle retrouve sa sérénité. « Ca me manque, que tu n’enseignes plus à l’Académie… Tu as beau ne pas être très loin, je préférais quand tu étais là. »

- Le plus exact serait de dire que je n’en ai jamais parlé à personne. Hormis mon mentor, seul toi le sais.

Il était sensible au fait qu'elle lui ai avoué son secret. Ca n'avait pas du être toujours facile de le cacher aux yeux du monde, et surtout à ses proches. Il comprenait ça, même si lui même n’avait jamais eu de « don » au sens magique. Devoir cacher quelque chose.

- J’ai beau dire à mes élèves qu’il faut laisser faire le temps, que les blessures cesseront de saigner un jour…, je ne crois pas moi-même à ces belles paroles.

C’était l’une des choses les plus philosophiques et les plus vraies qu’il avait entendue ces derniers temps. On dit que le temps « efface » les blessures, mais ce n’est pas vrai. Le temps ne supprime pas la peine, la solitude, les souvenirs. Il ne fait qu’atténuer un tout petit peu pour qu’on puisse bouger encore, et il se contente de modifier parfois la tristesse en colère, pour nous donner envie d’être vivant. C’est tout ce que le temps fait.

- On essaye tous de survivre je suppose ... plus ou moins bien.

Elle lui retourna la question. Il garda son sourire, mais il se fit plus pensif et moins franc. Il cherchait, comme toujours, une réponse pour lui même avant de la donner, car il n'était jamais trop sûr de savoir ce que lui même ressentait. Il était comme ça ... rarement du style à s’apitoyer sur son propre sort. D’où le fait que son passage à vide du début du mois était un mystère, et le serait sans doute pour ceux qui le sauraient un jour. Mais peu de personnes seraient au courant, même dans plusieurs années quand tout ce serait tassé.

- Je ne prétendrai pas que ça va bien ... au contraire.

Il se posa la question de savoir ce qu’il pouvait lui dire, mais il n’eu pas besoin d’attendre longtemps avant que la réponse ne percute son esprit. Elle se confiait, alors il pouvait le faire aussi. C’était évident. Il prit une inspiration lente et profonde avant de commencer.

- Au début du mois, j’ai été à Ste Mangouste. Ils ont dit que j’avais eu une sorte de virus mais c’est faux. J’ai voulu me tuer. J’en avais marre de vivre dans le mensonge alors je pensais que mourir était une bonne façon d’y mettre un terme. Mais c’est une fuite, et j’aime pas fuir. Alors maintenant je tente de me battre.

Il s’arrêta et resta silencieux. Eden posa sa tête sur son épaule pour avoir un peu de réconfort. Il passa son bras autour des siennes pour lui donner. Il avait été tellement seul, croyant que c’était ça qui le sauverait. Mais c’était au contraire ce qui l’avait fait souffrir d’avantage. Alors il était temps de changer de tactique.

- Ca me manque, que tu n’enseignes plus à l’Académie… Tu as beau ne pas être très loin, je préférais quand tu étais là.

Il hocha la tête, lentement. Oui, lui aussi avait un peu de nostalgie en pensant à l’année qui venait de s’écouler. Peut être pas beaucoup, car il y avait eu beaucoup de moments difficiles, ce qui l’avait conduit à partir. Mais il y avait aussi eu de bons moments. Il avait fallu faire la part des choses entre les deux et il avait décidé que partir serait un peu moins douloureux que de rester.

- Je ne pouvais pas rester. Trop de souvenirs. Des gens qui sont partis et que je ne peux pas supporter d’avoir perdus. Je ne pouvais pas revenir et faire cours à ses gamins comme si de rien était.

Il pensait bien sûr à Gaïa. Il y pensait toujours. Il y avait tellement cru. Mais ça passait un peu. Après la descente, il avait pensé froidement, et tout s’apaisait. Juste un peu ... bien assez.

Let there be light

- On essaye tous de survivre je suppose ... plus ou moins bien. Plus ou moins bien, oui, c’était tout à fait ça. Si quelqu’un les apercevait de loin, la réponse serait sans doute qu’ils s’en sortaient bien, mais cette personne n’était pas dans leur tête ne pourrait voir que la réponse était au contraire plutôt mal. Bien qu’elle soit posée sur l’épaule de Soltan, Eden inclina la tête pour pouvoir observer l’expression de son ami. - Je ne prétendrai pas que ça va bien ... au contraire. Elle garda le silence, passant son bras autour de la taille du jeune homme, soutien silencieux et attentif. S’il voulait parler, il parlerait, elle le connaissait suffisamment bien pour savoir qu’il ne dirait rien s’il n’en avait pas envie. Comme elle, il était du genre secret. Etait-ce un trait de caractère des orphelins ? Difficile à dire, en l’occurrence, mais ils étaient ainsi l’un comme l’autre et c’était, d’ailleurs, ce qui les avait rapprochés au départ. - Au début du mois, j’ai été à Ste Mangouste. Ils ont dit que j’avais eu une sorte de virus mais c’est faux. J’ai voulu me tuer. J’en avais marre de vivre dans le mensonge alors je pensais que mourir était une bonne façon d’y mettre un terme. Mais c’est une fuite, et j’aime pas fuir. Alors maintenant je tente de me battre. Oh ! Soltan ! pensa-t-elle. Elle ne dit rien, pourtant, respectant les paroles du jeune homme, mais une larme perla au coin de sa paupière alors qu’elle resserrait son bras autour de la taille du botaniste. S’il était mort, si elle l’avait perdue, alors… Elle ne l’aurait pas supporté, c’était sûr et certain. Sa main se crispa sur le tee-shirt de Soltan alors qu’elle enfouissait son visage dans le cou de son ami. « Ne m’abandonne pas… Pas comme ça » lâcha-t-elle simplement.

Cela ne lui ressemblait pas de se laisser aller ainsi aussi bien aux confidences qu’à des expressions de tendresse et pourtant, une fois n’était pas coutume, elle se laissait aller à la démonstration. La réserve n’était pas de mise en cet instant. Pour Eden, ils auraient pu être seuls au monde que son comportement n’aurait pas été différent. Elle finit, cependant, par se redresser et, de sa main libre, essuya les larmes qui lui étaient montées aux yeux aux confidences de Soltan. « Désolée, ça ne m’arrive jamais d’habitude… » Pas en public, en tout cas car en temps normal, elle pleurait souvent mais lorsqu’elle était seule. Elle fut, pour autant, incapable de libérer Soltan de son étreinte et encore moins de lâcher son tee-shirt, comme si elle cherchait par là à se rassurer sur la réalité de sa présence ici et aujourd’hui. Et, d’une certaine façon, c’était tout à fait ça. « Je suis heureuse que tu sois là aujourd’hui. » dit-elle, mesurant parfaitement à quel point elle était passée près de le perdre lui aussi.

- Je ne pouvais pas rester. Trop de souvenirs. Des gens qui sont partis et que je ne peux pas supporter d’avoir perdus. Je ne pouvais pas revenir et faire cours à ses gamins comme si de rien était. « Je comprends. » répondit la jeune femme même si elle ne savait pas ce qu’il sous-entendait par certains de ses propos. L’aurait-elle su aurait-elle condamné le russe ? Non, cela n’aurait rien changé pour elle. Après tout, Gaïa était une vélane… Mais elle ignorait tout de la relation qu’ils avaient entretenu et c’était malgré tout sans doute bien mieux comme cela. « Parfois, je me dis que je devrais partir, moi aussi mais, en même temps, je n’arrive pas à supporter l’idée d’abandonner mes élèves. » expliqua-t-elle avant de poser une question qui la tourmentait depuis qu’il avait parlé de l’hôpital sorcier : « Comment est le nouveau Sainte Mangouste ? Je n’y ai pas remis les pieds depuis… Je ne suis même pas allée à son inauguration. Je ne pouvais pas. »

- Ne m’abandonne pas… Pas comme ça.

L'abandonner ? Il n'avait jamais eu conscience que à ce fut ce point là. Elle était son amie, et un soutien indéniable ... mais se voir comme une sorte de "pilier" la soutenant et dont la disparition ferait s'écrouler son monde, ça c'était nouveau. Remarquez, il avait toujours eu du mal à comprendre quand les gens s'intéressaient à lui et donc, par extension, qu’ils puissent avoir besoin de lui. D’ailleurs, avec le cynisme qui le caractérisait, il avait toujours pensé que personne n’est irremplaçable. Les personnes vont et viennent dans nos vies, laissent parfois des empruntes, mais finalement peuvent laisser leur place aux autres qui viendront après plutôt facilement. De fait, il ne sut comment réagir au débordement d’affection d’Eden. Pétrifié, il resta muet, la laissant agripper son tee shirt. Que dire à face ça ? Y avait il seulement quelque chose à dire d’ailleurs ? S’il y en avait une, il n’était pas conçu pour la trouver ... manifestement. Alors il allait rester là sans rien dire, ça valait mieux au fond. Il n’était pas doué pour savoir quoi dire. Heureusement, elle sembla se ressaisir.

- Désolée, ça ne m’arrive jamais d’habitude…

C’est le moins que l’on puisse dire. Il n’avait pas l’habitude qu’elle se mouche dans son tee shirt. En fait, il n’avait pas non plus l’habitude de laisser les autres lui pleurnicher dessus, ni de pleurnicher sur l’épaule des autres.

- Je suis heureuse que tu sois là aujourd’hui.
- Moi aussi. Je ne compte pas part...

Il s’interrompit. Il voulait dire « partir », mais il se rendit compte qu’il avait déjà dit ça avant, à quelqu’un d’autre, et il était partit quand même, malgré sa promesse. Sa gorge se serra, et il ne termina pas sa phrase. Qui sait de quoi demain sera fait ? Qui peut oser promettre une telle chose tout en sachant qu’il est humain, et donc incapable de la tenir ? Il baissa le regard et marmonna.

- Je suis ici, maintenant.

Car après, qui sait où il serait ? Certainement pas lui. Il l’écouta parler, observant un silence un peu embarrassé. Elle parla de ses élèves, de Sainte Mangouste, de s’en aller loin d’ici. ? Mais pour faire quoi, et pour aller où ? C’était sa question à lui. Que faire quand on a pas de repos et où aller quand on est un étranger partout ? Fuir en avant n’était que se voiler la face, et non mettre fin au problème. Il fallait pas baisser les bras si vite. Il inspira, avant de répondre à sa dernière question.

- Franchement, j’en ai pas vu beaucoup. Juste ma chambre et le couloir du service où on m’avait mis. J’peux pas dire ce qu’ils en ont fait. Et d’ailleurs je voulais pas trop savoir.

Pas qu’il devenait sentimental, mais imaginer que des gens s’étaient retrouvés en dessous, étaient morts, tout ça parce qu’une bande d’idiots trouvaient que le tournoi des trois sorciers étaient un scandale car il avait aggravée la crise économique qui se déroulait depuis dix ans sans que lesdites personnes ne lèvent le petit doigt pour protester, et ce malgré que le Ministre ait entre temps démissionné et soit remplacé par un autre qui avait très bien expliqué que ne pas poursuivre le tournoi déclencherait un cataclysme magique de niveau 12 sur l’échelle de Merlin. Les mêmes terroristes s’étaient rendus compte après avoir envahies les écoles que « aah ben oui, vous aviez raison, on peut pas interrompre le tournoi. C’est pas grave, on a qu’à organiser nous même la dernière épreuve en ajoutant la règle débile selon laquelle il n’y aura qu’un survivant sur les trois champions ». Tu parles de défenseurs des droits des sorciers ... ils les avaient sortis de l’asile ? N’importe qui de moyennement malin se serait rendu compte que leur plan était pas logique. Non, c’était pas le sentimentalisme qui avait retenu Soltan, mais l’ironie bête de la situation. Comme l’a dit le plus illustre poète britannique ... beaucoup de bruits pour rien.

Let there be light

Jamais ça ne lui arrivait ce genre de chose, en général... A voir d'ailleurs la tête qu'elle faisait après s'être redressée, il était clair qu'elle était mal à l'aise de s'être ainsi laissée aller devant quelqu'un. Quelle mouche l'avait donc piquée? Tenait-elle tant que cela à Soltan? Il fallait le croire, puisque hormis la tête qu'elle avait redressé, elle ne l'avait pas lâché. Elle finit par se forcer à le faire, se sentant aussi embarrassée que son ami ne savait comment réagir. "Pardon." lui demanda-t-elle encore avant de lui dire à quel point elle était heureuse qu'il soit là aujourd'hui. Cela allait bien au-delà de sa présence physique à côté d'elle. C'était le fait qu'il soit toujours vivant, qu'il ne soit pas parti à l'autre bout du monde, c'était... Il était dans sa vie, il était l'un de ses amis les plus précieux. Voilà pourquoi elle était heureuse qu'il soit toujours là. - Moi aussi. Je ne compte pas part... Il ne comptait pas quoi, partir? Eden aurait presque pu rire, pour le coup. Tout le monde finissait par partir un jour ou l'autre, c'était dans l'ordre des choses. On naissait, grandissait, vieillissait - quand on avait de la chance - et mourrait. Personne ne vivait pour toujours et, si cela avait été le cas, Eden aurait sincèrement plaint cette personne. "On part tous, un jour. Le plus tard possible c'est le mieux, simplement. Le plus dur, de toute façon, ce sera toujours pour ceux qui resteront..." Elle en savait quelque chose, tout comme Soltan, d'ailleurs. - Je suis ici, maintenant. "Je sais..." répondit-elle avec un sourire avant de préférer changer de sujet.

A dire vrai, ce nouveau sujet ne valait guère mieux que le précédent tant il remuait de choses dans les profondeurs de son être. L'hôpital... Le lieu où avait travaillé son frère, le lieu où il était mort, le lieu où elle aurait pu mourir elle aussi. Un instant, elle songea à Edecius qui avait survécu à cet attentat et ne put, une nouvelle fois, s'empêcher d'être partagée sur les sentiments que lui inspiraient sa survie. Un jour, il faudrait qu'elle en parle avec lui, qu'elle mette les choses au clair. Mais elle n'y était pas prête encore, et ne savait pas ce qu'il en était pour lui. - Franchement, j’en ai pas vu beaucoup. Juste ma chambre et le couloir du service où on m’avait mis. J’peux pas dire ce qu’ils en ont fait. Et d’ailleurs je voulais pas trop savoir. "Je crois que je n'aurais même pas supporté d'y être transportée. Même si ma vie en dépendait..." dit-elle en secouant la tête avant d'enchainer: "Je n'arrive pas à supporter le fait que ces enflures de l'Organisation Secrète soient toujours en vie, au mieux pour nous emprisonnés. Des innocents sont morts de leurs actions, et aucun ne pourra jamais en revenir..."

Eden émit un petit rire avant de poser une question dont elle pensait connaitre la réponse: "Si tu possédais la pierre de résurrection, qui ramènerais-tu à la vie?" Et elle, qui ramènerait-elle? Parmi tous les innocents tués, pourrait-elle ne ramener que son frère? Ou chercherait-elle à en ramener bien plus? Difficile à dire. Une chose était sûre en tout cas pour elle: "Je voudrais pouvoir remonter le temps. Revenir avant l'année passée. Avant que le tournoi ne commence pour l'empêcher. Avant qu'il n'y ait tous ces morts." Le ton d'Eden était froid, détaché et pourtant... Elle les vivait tellement, ces paroles. Seul quelqu'un qui la connaissait bien pouvait savoir à quel point c'était dur pour elle de parler de ce genre de choses, d'évoquer son frère et sa mort. "Enfin... Comment ça se passe, tes cours à l'université pour l'instant? Dis-moi tout. Les élèves sont bons? Ils viennent d'où pour la plupart? Poudlard? Durmstrang? Ici? As-tu revu d'anciens élèves?"

- Je n'arrive pas à supporter le fait que ces enflures de l'Organisation Secrète soient toujours en vie...

Il hocha gravement la tête

- Moi non plus.

La prison ... simplement la prison pour tout ce qu'ils avaient fait. C'était vraiment pas cher payé. Mais bon ... il y avait tellement de sang versé lors de ce pathétique épisode. Fallait il vraiment en verser encore plus ? Pas vraiment. Ce qui mettait le plus Soltan en rage, c'était de voir que certains membres de l'OS avaient bénéficié d'amnisties car ils avaient coopérés. Coopéré quand ils avaient senti leur fin surtout ... c'était détestable. Est ce cela la Justice ? Bien sur, il y avait certainement de bonnes raisons, et sa chère grand mère lui en aurait surement exposé plusieurs, mais pour lui, c’était de bonnes paroles pour se redonner bonne conscience, pour se dire qu’on a fait ce qu’il y avait a faire ... « for the greater good ». Ca le faisait bien marrer ça. Mais, son sourire ironique s'effaça avec les paroles suivantes prononcées par Eden.

- Si tu possédais la pierre de résurrection, qui ramènerais-tu à la vie?

Waw ... ben ça, c'était une sacrée question. Il n'y avait jamais vraiment pensé. Trop cartésien, il savait que les morts étaient morts, et que même les meilleures formules ne les ramènent pas. L'idée était tentante, il devait l'admettre, pour les pauvres mortels qui restaient derrière, laissés sur le carreau par ceux qui s'en vont. Mais non, rien a faire, Soltan reste Soltan, et il ne peut se départir de sa rationalité, même pour poursuivre un doux rêve. Nerveux, il fouilla dans sa poche pour en sortir son paquet de cigarettes, en regardant Eden.

- Ca te dérange si je fume ?

Il en avait assez besoin, il fallait bien le dire. Il jeta un coup d’œil au ciel. Comment répondre a cela, puisque réponse il fallait fournir. Ce type de question ... on ne peut pas se contenter de la laisser flotter dans l'air en espérant que le moment d'après, l'idée qui l'avait créée se soit envolée. Non, il fallait toujours fournir un petit élément de réponse, aussi infime soit il. Autre regard a Eden.

- Personne. La pierre ne ramène pas vraiment les gens a la vie. Ca en fait des pâles copies de vie.

Il se tut. Il savait que cette réponse n’était pas satisfaisante du fait de son manque d’optimisme évident. Mais il mentirait en inventant une réponse qui la satisferait. Et il détestait les mensonges, même ceux faits par ceux qui pensent les utiliser pour vous rendre service. Surtout ces mensonges en particulier d’ailleurs. Sa vie avait été bâtie sur un mensonge de sa grand mère quant a la mort de ses parents, et il en avait détricotés les fils au prix d’une intense souffrance morale. Il détestait les mensonges. Mais pour compenser cette réponse peu satisfaisante, il eut un petit sourire tranquille. Il ne commenta pas les paroles qui suivirent, bien qu’il eut envie de préciser que, même en remontant le temps, ils n’auraient probablement pas le pouvoir d’empêcher le tournoi de voir de nouveau le jour. Il ne dit rien, la laissant espérer un peu ... si cela lui faisait du bien ... quoique, était ce si bénéfique. Elle lui posa une autre question, et il tenta de gagner du temps pour y penser car il y avait beaucoup de questions en une seule tirade.

- Tu veux bien qu’on marche un peu ?

Il se leva et étira un peu son grand corps athlétique.

- Ils ont plutôt un bon niveau. Mais bon, je suis prof de botanique et ils en ont déjà fait avant. J’ai pas put donner trop de cours ce mois ci, a cause de ma petite absence ... juste un. Ils viennent d’un peu partout, c’est diversifié au moins. Ca m’amuse d’avoir des russes ... ça me rappelle ma scolarité.

Cette pensée le fit sourire, puis il se tourna vers Eden.

- Et toi, ils sont comment ?

Let there be light

- Moi non plus. La prison, c’était vraiment trop doux pour ces types-là. Certes, il y avait des femmes parmi eux, mais, pour Eden, c’était pire encore. Comment des femmes avaient-elles pu infliger ce genre de choses à des jeunes gens ? A des parents ? Plus encore que les hommes, les femmes avaient un instinct protecteur envers les plus jeunes. Pour les hommes, cela relevait souvent plus de l’aspect machiste qu’autre chose. On le voyait, d’ailleurs, avec les animaux : c’était la femelle qui protégeait les petits, le mâle n’ayant souvent aucun rôle à jouer, ou alors simplement celui de rapporter la nourriture. Chez les humains, c’était souvent la même chose. Peut-être était-ce la partie animagus de la jeune femme qui lui faisait penser ainsi, même si elle n’avait jamais été sous l’influence de sa chatte intérieure. Elle n’était pas comme les loups-garous… Ce n’était pas faute, pourtant, de vouloir oublier son humanité parfois. La jeune femme secoua la tête. Dire qu’elle avait relâché une membre de l’OS au début du mois… Le fait était qu’elle lui avait trouvé des circonstances atténuantes, mais si ça n’avait tenu qu’à elle, Sora Ravensdale aurait tout de même été jugée coupable. Mais non. La majorité en avait décidé autrement.

Eden laissa le silence s’installer un instant, jusqu’à ce qu’elle demande à son ami ce qu’il ferait s’il possédait la pierre de résurrection. C’était une question compliquée, elle était bien placée pour le savoir, puisqu’en même temps qu’elle la lui avait posée, elle se l’était posée à elle aussi. Aussi, quand Soltan lui demanda si cela ne la dérangeait pas s’il fumait, accepta-t-elle sans problème qu’il sorte ce bâtonnet de nicotine particulièrement dangereux pour la santé. Elle songeait même, pour le coup, à le lui emprunter pour tirer une latte ou deux, voire même à lui en prendre une toute entière, mais elle se contint. Finalement, il lui apporta la seule réponse digne de sens qu’on pouvait faire. - Personne. La pierre ne ramène pas vraiment les gens a la vie. Ca en fait des pâles copies de vie. Il avait raison, bien sûr… Il avait souvent raison… Cette idée lui arracha un sourire emplis de chagrin, alors que le restant de son visage semblait s’être renfermé. « Je n’aurais pas autant de bon sens que toi, à ta place, je crois… » Il fallait avouer que sa solitude lui pesait horriblement ces derniers temps. Eden ne la supportait plus.

- Tu veux bien qu’on marche un peu ? La demande de Soltan la surprit grandement, pourtant, elle se leva à son tour alors qu’il s’étirait. Elle-même le fit à son tour, regrettant de ne pas pouvoir s’étirer du bout des moustaches au bout de la queue comme elle le faisait à chaque fois qu’elle se transformait en un félin. Finalement, alors qu’ils avaient commencé à marcher et à s’éloigner des gradins du théâtre de pierre. - Ils ont plutôt un bon niveau. Mais bon, je suis prof de botanique et ils en ont déjà fait avant. J’ai pas pu donner trop de cours ce mois ci, a cause de ma petite absence ... juste un. Ils viennent d’un peu partout, c’est diversifié au moins. Ca m’amuse d’avoir des russes ... ça me rappelle ma scolarité. Eden hocha la tête. La diversification… C’était une bonne chose. Les jeunes avaient plus que jamais besoin de se mêler les uns aux autres, d’oublier ce qu’ils avaient vécu l’année précédente, à n’en point douter. - Et toi, ils sont comment ? La jeune femme poussa un soupir à la question de Soltan. « Perturbés. Ils ont souffert de ce qu’il s’est passé l’année dernière. Sans doute plus que nous, d’une certaine façon. Beaucoup ont l’impression d’avoir été trahi par ceux qui devaient incarner leurs modèles. Ils sont trop jeunes pour avoir vécu ce genre de choses et bien s’en sortir. Je ne sais pas ce que cela donnera par la suite, mais j’aimerais pouvoir les soulager de ce fardeau… » Voilà, c’était dit… Soltan était sans doute, par bien des côtés, plus efficace que Lëtalia en tant que thérapeute. « Tu devrais songer à te recycler psy, Sol… » lâcha Eden sur le ton de la taquinerie.