The world will never know you like I do.

On prétend connaître certaines personnes, mais au final, on ne les comprend jamais vraiment. Je veux dire, il y a des millions de pensées qui traverse un être humain tout au long de sa vie. Comment quelqu'un de totalement extérieur pourrait comprendre ? On ne peut pas deviner ce que pense quelqu'un au fond de lui. C'est déloyal d'essayer de le faire avec de la magie. Et même de cette façon, on n'aperçoit que quelques bribes, des petits indices qui nous indiqueraient comment est réellement la personne en face de nous. Parce que de toutes façons, personne ne sait qui il est, au fond. On se cache, et on prétend être des anges, des pauvres humains en détresse qui souffre de tout les malheurs du monde. Ou bien on s'invente un personnage plein de cruauté, dangereux et infréquentable. Sauf que tout n'est pas soit blanc soit noir. Les mauvaises personnes ne sont pas totalement mauvaise, et inversement, les bonnes personnes ne sont pas totalement bonne. On peut s'en convaincre, et croire en ce genre de mensonges, mais la vérité est tout autre.

J'ai toujours vu la vie comme un immense jeu. On gagne ou on perd. Et dans ce type de jeu là, il n'y a pas d'entre deux. On vit ou on meurt. On remonte à la surface, ou on disparaît. On lance les dés, et on a beau essayer de changer la donne, on n'a pas de seconde chance. On assume le résultat, et on continue de marcher. Je ne faisais pas parti de ceux qui désespéraient sur leurs regrets. Qui voudrait de ce genre de vie ?

Peut être que je me disais tout ça pour me justifier. J'attendais depuis dix bonnes minutes, cachée dans un recoin du château, non loin du bureau de la directrice. Zeppelin m'avait donné rendez vous ici. Et stupide comme je l'étais, je ne me suis pas posée de questions. Elle m'a proposé d'aller fouiller dans le bureau de Pénélope Courterois, pour obtenir les sujets d'exams. Ça promettait d'être assez drôle, alors j'ai accepté.

Il y avait des moments où je me demandais pourquoi je suivais Zeppelin de cette façon. Quand j'y repensais, elle était comme une araignée. Elle avait tissé sa toile, et m'avait emprisonnée dedans. J'étais incapable d'en sortir, et quand bien même je le pourrais, je ne le ferais pas. Si elle tombait, je tomberais avec elle. On se l'était juré. Pacte silencieux qui n'avait jamais été évoqué à haute voix, mais que j'avais signé, sans en connaître les conséquences. C'est l'amitié qui nous brise, et qui nous unit. J'avais préféré penser à la seconde option quand je me suis dit que je resterais toujours à ses côtés. C'est avec surprise que je la vis arriver à mes côtés. « C'est parti ? »

C'est fou à quel point la confiance et l'amitié peuvent nous faire faire des choses stupides. On se fiche des règles et des mises en garde. On fonce dans le tas, et on finit par oublier que le danger est omniprésent. Qu'il nous suit, comme une ombre, prêt à nous attaquer à tout moment. Je me suis dit qu'un jour, je dirais non, tout simplement. Mais je pense que mon subconscient a compris que cela n'arriverait jamais. Comme l'a dit James T. McKay, on se promet toujours que demain sera différent. Et pourtant, demain est trop souvent une répétition d'aujourd'hui.

L’adrénaline. C’est un sentiment humain, j’imagine. Une réaction chimique qui provoque bien des actes. Et j’en abusais certainement. Depuis que j’étais arrivée à Beauxbâtons, j’enchaînais conneries sur conneries. Mais bizarrement, ça n’inquiétait personne. Pas même moi. J’avais envie de tout vivre, de tout faire, de m’approcher des limites, de les dépasser, de les détruire sur mon passage et de le reconstruire, toujours plus loin. J’avais besoin de me sentir vivante, alors que j’étais à moitié morte. J’avais besoin de sentir que j’avais le contrôle alors que ma vie était régie par un astre. Jouer avec le feu. Tomber de haut. Se relever et recommencer. Se brûler, se consumer. Mourir à petit feu. Renaître de ses cendres. Et recommencer. La routine. Habitude morbide que j’avais prise et qui m’embrasait peu à peu.

L’adrénaline, c’est une sensation étrange. On sait qu’on va faire quelque chose de mal, ou de profondément risqué. Mais l’adrénaline nous pousse à le faire quand même. Et à aller plus loin encore. Ce que j’avais prévu était non seulement risqué mais aussi totalement idiot. Voler les sujets des examens, sûrement se faire virer de l’académie si jamais on nous attraper. Surtout que l’organisation avait investie l’école. Mais j’en avais plus qu’assez. L’ordre m’ennuyait profondément. Je préférais le chaos. Et puisque c’était tout ce qu’ils souhaitaient, alors chaos ils auraient.

J’avais donné rendez-vous à Alice dans le couloir qui longeait le bureau de la directrice. Mathieu m’avait confié que c’était là qu’étaient cachés les sujets d’examens. Depuis que tout avait commencé, je ne le voyais plus beaucoup, et c’était certainement mieux comme ça. De toute façon, personne ne voyait plus personne. L’organisation nous avait cloisonné les uns des autres. Diviser pour mieux régner, ils appliquaient cette maxime avec excellence. Et le pire dans tout ça, c’était que ça fonctionnait. On aurait pu croire que la solidarité l’aurait emporté. Mais la peur, la peur était plus forte que tout. Elle peut vous faire faire des choses inimaginables. Vous pousser à bout. Elle peut transformer un homme en monstre. Tout comme l’adrénaline. Il fallait que je sois prudente. Les gardes patrouillaient dans le château. Mais j’étais agile, et cette école, je la connaissais comme ma poche. Être de la nuit, j’aimais m’y promener le soir, alors même que les couloirs étaient vides. Le silence était réconfortant. La solitude aussi.

« C'est parti ? »

Elle était cachée, c’était à peine si je décelais son ombre. Un sourire en coin. Alice, ma plus fidèle complice. Elle m’accompagnait depuis toujours dans mes méfaits sans jamais s’en plaindre. Au fond, je me sentais un peu coupable de lui infliger ça. Mais il ne faut pas se leurrer : on ne change pas. On a beau tout essayer, quelque chose est gravé en nous, à tout jamais. Une constante dans l’humanité mouvante. J’allais rétorquer, mais un bruit de pas me fit sursauter. Je poussais Alice dans le couloir et me pressait, dos au mur.

L’adrénaline. Le sentiment que tout peut arriver. Qu’on peut tout surmonter. Une excitation, qui monte et qui explose. A moins que ce ne soit la peur. Le cœur qui bat à cent à l’heure. Les frissons. L’inquiétude. La douleur de ne pas savoir ce qu’il va se passer. L'angoisse face à l'imprévisible. Un regard dans le couloir. Un soupir de soulagement.

« Bordel, qu’est-ce que tu fous là ? »

But I would walk five hundred miles and I would walk five hundred more

Le monde ne tourne pas rond, et les lumières, qui sont pourtant là pour nous éclairer, ne font que nous guider dans un autre labyrinthe. Épreuves cruelles qui ne permettaient aucune autre chance. C'était une façon de tester les êtres humains, leur montrer que quoi qu'il arrive, rien n'est acquis, même la plus insignifiante des chose. Et ils montent sur leurs grands chevaux, misérables qui n'ont plus qu'une idée en tête, montrer qu'ils gagneront d'une façon ou d'une autre. Aucune hésitation. Ne pas trembler face à l'ennemi, se montrer le plus fort et le plus rapide possible afin d'atteindre et d'attraper définitivement la proie avant l'autre. Il ne s'agissait que d'une grande chasse sans fin, qui se poursuivrait jusqu'à la fin des temps. Ce n'est pas une question de jeunesse ou d'honneur. C'est juste de l'audace. Prouver encore et encore que l'être humain n'est pas un animal.

Mais dans la moindre de ses réactions, c'est la seul chose que l'on peut voir. La bestialité qu'il y a en chacun de nous. Le tueur qui se cache, prêt à attaquer à l'aide de ses crocs. Persuadés que l'autre sera toujours plus sadique et plus cruel que nous, on s'enferme dans des idées illogiques et irréelles. On écoute les conseils de nos aînés, pour mieux cracher sur leur tombe une fois qu'ils ont disparus. Irrespect que chacun a commis au fil du temps. Comme si tout était normal, parfait, un équilibre fragile et douteux qui était pourtant le bon. Mensonges honteux que personne n'ose dire à haute voix, de peur de subir le terrible châtiment. Le train qui était censé nous ramener chez nous, ne fait que nous embrouiller, nous conduisant dans des lieux et des contrées inconnues, vastes et trop dangereuse pour être habitables. Le monde d'aujourd'hui était façonné dans les mêmes briques que celle dont l'être humain était fait. Ils en étaient la cause, et les survivants, les pauvres inconscients qui n'avaient pas encore acceptés la mort, préférant la subir à petit feu, ils se prétendaient victimes dans cette mascarade dont ils étaient les seuls auteurs. Moi aussi j'étais rentrée dans la danse. J'avais un peu abandonné mon âme, le jour où j'ai décidé que tuer n'était plus qu'un acte commun. Une chose qui faisait partie de la nature. Et chaque jour, je perdais un peu plus cette humanité. Mais incapable de la laisser filer, je m'y raccrochais comme une folle, paradoxalement. Comme si je perdrais une partie de moi même si elle disparaissait dans les abysses.

« Bordel, qu’est-ce que tu fous là ? ». Brusquement réveillée, auparavant perdue dans mes pensées, je revenais doucement à moi, tandis que j'observais le visage de Lykaïa qui venait d'apparaître dans la pénombre. « C'est à vous que j'devrais demander ça j'crois. » La jeune femme croisa les bras. « Heureusement que c'était qu'moi hein ! ». « J'avoue que ça aurait pu être pire. On aurait pu tomber sur ton cousin le gobelin moche. » « Y a quoi de si important ici pour que vous preniez autant de risques ? ». Le problème, c'est que ce n'était pas vraiment aussi important que ça. Je regardai Zeppelin, avec un regard bourré de sous-entendus. C'était pour le risque. C'était pour se sentir vivantes, dans un monde qui nous répétait constamment que nous étions condamnés. Un bref moment de répit qui nous donnait cette impression d'être les maîtres du monde. Nourrir l'égo que nous cachions au fond de nous. « On vient voler les sujets des exams dans le bureau de Courterois. C'est du pur génie ! ». Je murmurais, mais j'essayais de mettre toute mon excitation dans mes paroles. « C'est pas comme si on allait se faire prendre tu sais. »

What'll you do when you get lonely, and nobody's waiting by your side ?

Les choses tournent souvent mal. C'est une chose que j'ai pu apprendre au fil du temps. J'ai vu les couples se déchirer, et j'ai vu des amitiés solides se briser. Et à chaque fois, ce sont les mêmes questions, les mêmes problèmes qui se posent. Un éternel ballet d'incertitude et d'incompréhension. Chacun tente d'expliquer ce qui s'est passé, et on essaye éventuellement de recoller les morceaux. La seule chose qui diffèrent selon les gens, c'est la manière dont ils décident de réagir. Je croyais réellement que chacun avait une réaction propre à sa personne. On réagit tous différemment. Deux personnes qui réagiront mal, ne le montreront pas de la même manière. J'aimais croire que nous étions tous radicalement distincts. Ça me permettait d'appréhender le monde d'une nouvelle façon. Je l'ai toujours imaginé sage et bien construit. Et même si j'avais pu en observer les failles, je ne pouvais m'empêcher de penser que nous avions de la chance d'être là. Et que dans les moments les plus difficiles, tout ceux qui peuple cette Terre nous accompagnerons. Prêts à se battre avec nous. Comme ça se passait en ce moment là.

L'organisation était au pouvoir, et je ne me suis jamais sentie aussi impuissante de toute ma vie. Je ne pouvais pas faire quoi que ce soit, j'étais piégée comme tout les autres. L'image de l'académie noircie par ces personnes qui étaient venus faire de notre école leur repaire. Je me fichais bien de l'image que pouvait avoir l'école. Mais maintenant, je me rendis compte que ça allait bien plus loin que ça. C'était nos vies, notre quotidien qui étaient condamnés. Je n'imaginais pas le pire. Parce que je le voyais déjà devant mes yeux. La seule chose qui pourrait être plus grave.. Non. Non. Je n'y penserais pas. « C'est pas comme si on allait se faire prendre tu sais. » « Oui. Et puis, je sais de source sûre que Courterois dort profondément. ». Je souris à sa remarque. Zeppelin était capable de tout obtenir. Je le savais. Au fond, elle avait réussi à posséder tout ceux qu'elle rencontrait. Pour ma part c'était vrai, en tout cas. Je ferais tout pour elle. Je serais capable d'entrer ce bureau seule et de me jeter face à un des membres de l'organisation qui marcherait par là. Et elle le savait très bien. C'était la même chose pour Lykaïa. Ça me détruirait intérieurement si elle disparaissait. Du moins, je ressentirais toujours ce vide, comme si quelque chose manquait.

Sans perdre plus de temps, Zeppelin ouvrit la porte, et nous étions à l'intérieur. Je m'avançais rapidement vers le tiroir, mais celui-ci était fermé à clé. « Qu'est-c'que vous foutez ? Dépê... ». Je sorti ma baguette, un alohomora plus tard, le tour était joué. « Les filles ! Les filles ! ». Lykaïa apparût, pressente, à la porte. « Quelqu'un arrive. Dépéchez-vous ! ». Je fermai immédiatement le tiroir, en poussant Zeppelin vers la sortie avant que Lykaïa ne m'attrape par le bras. On s'est mis à courir comme si le diable nous poursuivais. Sauf que d'autres bruits de pas se firent entendre de ce côté là. Elle lâcha mon bras, et elle fini par trouver une porte. On s'y engouffra une par une, avant de nous enfermer dans notre cachette.

« Mais vous êtes complètement inconsciente c'est pas possible ? ». Je me pinçais les lèvres, dissimulant un sourire. « "C'est pas comme si on allait se faire prendre tu sais." » dit-elle sur un ton moqueur. « Et ton cul il s'est fait prendre ? » « Pas autant de fois que le tien. ». Je n'arrivais pas à comprendre comment elle arrivait à atteindre ce seuil de colère aussi rapidement. Ça n'a jamais été mon fort, les émotions. « Vous êtes vraiment connes c'est pas possible ! J'en reviens même pas. C'est pas ton putain de prof qui va te sortir de là si tu te fais chopper par l'OS Zepp ! L'oublie pas ça. Il peut te donner toutes les potions du monde pour endormir la Courterois ou te donner la place de tous les sujets du monde, si tu te fais chopper par eux, c'est pas lui qui va faire quoi que ce soit, et tu serais retrouver bien conne. Tu serais p't'être morte tiens. Ca aurait été drôle ça ! Alice, tu trouves pas ? Pff ». D'un côté elle avait peut être raison. D'un autre... « Tu dis que j'ai un humour de merde, mais j'crois que j'ai jamais vu aussi mauvais que le tien ! Allez, franchement, c'était drôle, avoue. ». Du moins, je pensais que ça l'était. Jusqu'à ce que la porte commence lentement à s'ouvrir.

I've got stars in my great big sky.

À un moment ou à un autre dans nos vies, on décide de faire des choix stupides. On décide de prendre le large, et d'oublier les conséquences. On se dit que rien ne pourra nous arriver. Et on y croit, comme de bons jeunes naïfs. On pense que l'on est éternel, et que la mort est si loin qu'elle n'a pas encore réussi à nous apercevoir. On se berce de ses douces illusions, en restant persuadé que l'on a raison. Parce qu'on est incapables d'admettre que l'on a tort. On aimerait tous se lancer à l'aventure. Disparaître pendant des mois pour ne plus revenir. S'éloigner de tout ce que l'on a pu connaître afin de changer notre vision du monde. Mais rares sont ceux qui le font. Car rares sont ceux qui ont le courage de quitter tout le confort qu'ils ont déjà. Ils gardent ce confort dans l'espoir qu'il leur apportera une quelconque satisfaction. Mais celui-ci n'est que superficiel. Éphémère. On le regrette lorsqu'il n'est plus là, et on le trouve de trop lorsqu'il est avec nous. Nous créons toute sorte de paradoxe, que nous résolvons nous même pas des calculs habiles. Mais des questions simples restent parfois bien longtemps en suspens. La nature humaine me décevait bien souvent. Et j'avais cette impression que certains de ses actes n'étaient pas vraiment justifiés ou explicables. Je ressentais le besoin de comprendre, et ma propre espèce me rejetait. C'était cette sensation d'abandon que je ne voulais pas comprendre ou vivre. Parce que j'avais peur d'elle.

On aimerait tous être courageux. Forts. Et affronter les choses dès qu'elles nous tombent dessus. Mais nous ne sommes pas tous aussi impétueux que les dieux. Alors on laisse les autres faire le sale boulot à notre place. C'est plus facile ainsi. On se décharge de nos responsabilités, et on fini même par les oublier. On fait confiance aux gens qui nous approche, car on reste intimement persuadé que les autres peuvent nous sauver. Malheureusement, on ne pense pas au contraire, le fait que les individus qui nous entourent sont violents, incapables de protéger qui que ce soit à part eux même. Ils ne comprennent que les choses futiles comme l'argent. Pourtant, j'avais besoin de croire que je pouvais avoir tort. Que mon âme n'était pas infectée comme celles des autres.

Je peux comprendre ceux qui ont peur de mourir, de disparaître. Les seuls que je ne comprends pas, sont ceux qui ont peur de vivre. Qui ne désirent pas autre chose. Une autre vie. Ceux qui ne se donnent pas des buts à atteindre. Qui reste à imaginer une vie futile, inintéressante, commune. Je refusais d'appartenir à la majorité. J'avais ce besoin d'être différente, autant par mes actions que par ma personnalité. Même si cela m'isolait du reste du monde. Cependant, je restais persuadée qu'il y avait une part de bon et une part de mauvais en nous. Ce besoin d'originalité chez moi en était la preuve vivante. J'aimais penser que peut être, on pouvait choisir entre le bon et le mauvais. Que tout cela n'était qu'un choix. Une décision qui nous appartiendrait. Ceux de l'organisation ont fait le mauvais choix. Ils ont décidés de faire ce qui n'était pas juste, ni moral. J'espérais avoir fait des choix qui me ressemblaient, qui m'appartenaient. J'avais parfois l'impression de vivre dans un monde qui n'était pas pour moi. Qui avançait trop lentement. Comme si j'allais toujours plus vite et que je devais me retourner pour voir si il suivait.

Nous nous étions précipité vers une salle d'examen après l'intervention de Lyka. En espérant que tout irait bien. Que nous aurions de la chance. « T’as réussi à prendre les sujets, au moins ? ». « Évidemment. Tu me prend pour un pigeon ? ». Lykaïa était assise en tailleur sur une des tables. « Et maint'nant ? » Pause. « On rest' là jusqu'à c'qu'ils viennent et nous trouvent ? ». « Moi j'propose qu'on fasse un yoga. Ça pourrait nous être bénéfique. On pourrait aussi prier. Vous êtes prêtes à vous rapprocher du seigneur ? » Un sourire rieur sur mes lèvres. Je ne prenais pas vraiment ça au sérieux. Au final, je ne prenais pas grand chose au sérieux de toutes façons.

Soudain, des pas se rapprochèrent, et Lykaïa fit signe à Zeppelin et à moi de nous cacher. Je l’entraînais avec moi sur le côté d'une lourde armoire contre le mur, on ne pouvait pas nous voir. « Et c'est là qu'on est supposée faire un truc stupide, hein Zepp ? ». « Elles sont pas là. ». Je réfléchis rapidement à ce que j'allais faire avant de me décider, et de murmurer à nouveau une phrase à Zeppelin. « Chacun son tour, comme à la confesse. ». Je sortis alors de la pénombre, ma baguette dissimulée derrière mon dos. « Silencio ! ». D'accord, c'était un sort totalement inutile. Et ça allait énerver ce sorcier encore plus. Qu'importe. J'étais persuadée qu'on allait réussir, mais je pouvais très bien me tromper. Je n'ai jamais aimé me fier à la raison pour certaine chose.

Parce que la réalité sur laquelle je marche est trop dure à croire certaines fois.

« I'll be there for you, like I've been there before »

Assises, dans la nouvelle cachette trouvée par Zeppelin, en train de rire parce que l'on venait de se moquer ouvertement d'un membre de l'organisation. C'était ce genre de moments uniques qu'on espère vivre tout au long de nos vies. De rares moments de bonheur qui nous touchaient au plus profond de nous et qui étaient capables de nous changer, de nous transformer en personnes meilleures. Je savais où était ma place, et je n'avais plus besoin de chercher autre part. Quoi qu'il arrive, elles étaient celles qui comptaient pour moi. Les personnes de la meute avec qui je m'étais rapprochée tellement rapidement que je ne voyais même plus ma vie sans elles. J'avais peur de les perdre, mais d'un autre côté, je savais que notre amitié était plus forte que tout. Plus forte que les mensonges, que les non dits, que tout ce qui pouvait nous influencer vers la perdition. On possédait cette chose unique que tout le monde convoitait et que nous étions rares à posséder. Et je savais, maintenant plus que jamais que ce n'était pas la mort qui nous séparerait. Je savais que ce genre d'amitié sera toujours là. Peut être qu'elle ne sera plus que dans la brise, ou dans les vagues, mais une part de son esprit sera toujours là. Et ça me rassurait de savoir que je faisais parti de ce petit groupe unique.

« Un silencio, vraiment ? » « D'accord, c'était pas le meilleur sort. MAIS c'est le seul que j'avais en tête. Et il l'a fermé, au moins. » Je lui souriais innocemment. « Je sais pas comment on va se sortir de là, mais je voulais vous dire merci. ». « On fera ce qu'on fait toujours, une courbette et on disparaît. ». On avait l'habitude de ce genre de situation. On les contrôlait. Puis on était des loups-garous. On avait vécu pire. « J'en ai marre de courir. Et j'en suis même incapable là. ». Super. J'étais prête à répliquer qu'il était hors de question que je la porte, mais je me rappelais que de toutes façons, on ne savait même pas où est-ce qu'on irait. « Je crois qu'il vaut mieux tenter de retourner aux dortoirs et rapidement. ». On dirait qu'elle avait lu dans mes pensées. Je pouvais comprendre qu'elle était fatiguée. Je pouvais aussi comprendre que rester là toute la nuit ne nous aiderait pas. Quelqu'un finirait par venir aider le type, et cette fois-ci, on pourrait bien être beaucoup moins chanceuses qu'auparavant. « Soit. Mais c'est dommage, c'était drôle, surtout quand il était quasiment sûr de nous attraper et qu'en fait... Non. ». Je repensais aux sujets d'exams, ils étaient dans mon sac, normalement. « J'ai pris trois exemplaires. Je pense qu'on devrait s'en sortir. » Et une fois de plus, on avait réussis à s'en sortir sans presque aucune égratignure. Une bonne fatiguée, et un mal de tête tout au plus. Après une bonne nuit de sommeil, on serait à nouveau prêtes pour ce genre d'expéditions.